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Un podium diabolique

Par Théo Denmat
3 minutes
Un podium diabolique

Depuis 1978, aucun match pour la troisième place n'avait été la scène de moins de trois buts. Qu'importe, les Diables rouges s'imposent 2-0 face à l'Angleterre au terme d'un match séduisant, et signent là la meilleure performance de leur histoire en Coupe du monde.

Belgique 2-0 Angleterre

Buts : Meunier (4e) et Hazard (82e) pour la Belgique

De ses deux matchs contre la Belgique, l’Angleterre n’en aura donc joué aucun à fond. Attention, il y a du mieux : le premier était une comédie avec dix changements au coup d’envoi, Southgate avait cette fois-ci choisi de ne renouveler que cinq de ses titulaires. De ce match pour la troisième place dont on ne sait s’il faut le prendre au mot ou comme une blague, on retiendra donc cela : la Belgique s’offre le meilleur classement de son histoire dans une Coupe du monde. Au terme d’un match séduisant en première mi-temps et ennuyant en seconde, certes, mais qu’importe. L’important était de bien terminer, c’est réussi.

Pastiche ou postiche ?

On évoquait un match des coiffeurs, c’est donc Meunier qui allume la mèche : les Three Lions viennent seulement de s’asseoir pour le shampooing que les voilà déjà avec du savon dans les yeux (1-0, 4e). Il fallait s’y attendre, ne serait-ce qu’à la gueule de la vitrine. Parce que oui, dans ce salon plutôt classe d’extérieur, cinq nouveaux employés nécessitent un petit temps d’adaptation. Comme prévu, l’Angleterre semble prendre l’événement comme un moyen de faire jouer les frustrés (Delph, Dier, Loftus-Cheek, Rose et Jones), alors que les Diables rouges alignent le XI habituel, à l’exception de Tielemans qui remplace Fellaini.

Deux-trois coups de ciseaux, et voilà déjà la Belgique devant, donc, les cheveux coupés ras, dégradé minime. « Je viens juste pour les pointes » , d’un côté, « six mois qu’ils poussent » , de l’autre. Sur le terrain, c’est concret, tant les offensives belges trouvent conclusion (12e, 17e, 34e, 35e), alors que les Anglais misent sur leurs crânes (15e, 20e) et que Kane loupe une occasion grosse comme un sabot 35mm (24e). Pour le centième match de son histoire en tournoi majeur, l’Angleterre souffre sur ses ailes. Car tandis qu’Hazard décroche le rasoir pour tondre à blanc en plein milieu de la chevelure, Meunier et De Bruyne raccourcissent les pattes jusqu’à toucher les oreilles. Attention aux lobes.

Meunier, tudor

De retour des vestiaires pour la seconde période, Southgate tente un changement d’effectif, qui ne pourra de toute manière pas faire plus insipide que son premier acte. Lingard et Rashford entrent en jeu pour foutre un peu de vitesse dans ce jeu ralenti, et, couplé à l’entrée de Mertens à la place de Lukaku (qui avait loupé une occasion folle…), voilà qui va tout de suite beaucoup mieux pour les Three Lions. Le jeu bascule, aussi lentement et sûrement qu’un coiffeur en méforme verrait une permanente se casser progressivement la gueule sur la tête de sa cliente. Le gel, on l’espère, est fixation béton. Les têtes se succèdent sur coups de pied arrêtés (73e, 74e), Alderweireld effectue un sauvetage incroyable sur un piqué de Dier… et les Diables contre-attaquent. Oui oui, contre-attaquent.

Ce principe défensif qui consiste à bloquer les offensives adverses pour mieux piquer en contre, pas plus mauvais qu’un autre, juste différent. Et applicable périodiquement lorsque la situation le demande. Par exemple, lorsqu’on mène 1-0 dans un match important de Coupe du monde. Le dispositif permet à Thomas Meunier, excellent, de claquer une belle volée (80e), puis à Hazard de plier le match (82e), histoire de souligner définitivement son fantastique Mondial, qu’il pourrait terminer avec un petit trophée. Une belle conclusion, pour un bien ironique constat : la meilleure équipe du Mondial en termine donc troisième.


Belgique (3-4-3) : Courtois – Alderweireld, Kompany, Vertonghen – Meunier, Tielemans (Dembélé, 78e), Witsel, Chadli (Vermaelen, 39e) – De Bruyne, R. Lukaku (Mertens, 60e), E. Hazard. Sélectionneur : Roberto Martínez

Angleterre (3-5-2) : Pickford – Jones, Stones, Maguire – Trippier, Loftus-Cheek (Alli, 84e), Dier, Delph, Rose (Lingard, 45e) – Sterling (Rashford, 45e), Kane. Sélectionneur : Gareth Southgate

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