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Un OM à la mer
Alors que la reprise du championnat approche à grands pas, l'Olympique de Marseille avance doucement, beaucoup trop, sur ses différents dossiers estivaux. Entre un processus de vente qui s'enlise et un entraîneur - officiellement adjoint - qui cherche encore la bonne formule, l'OM n'est pas prêt. De quoi anticiper un naufrage pour le seul club français à avoir un jour gagné une Ligue des champions ?
À sa belle époque, l’Olympique de Marseille animait les pages sportives estivales des plus belles rumeurs de transferts. En 2016, c’est son processus de vente qui fait parler. Et qui brasse beaucoup de vent pour pas grand chose. Dans les tuyaux depuis de longs mois, la passation de pouvoir par Margarita Louis-Dreyfus est au point mort. Les candidats seraient pourtant nombreux, mais aucun n’a jusqu’ici offert ce que la propriétaire actuelle espère. Le pourrissement de la situation serait essentiellement lié à un désaccord sur la « garantie de passif » que MLD rechigne à consentir. Or, entre les possibles indemnités à verser à Michel et d’autres surcoûts et dettes aujourd’hui impossibles à évaluer, les acquéreurs ne veulent pas foncer tête baissée tant la valeur marchande de l’OM est aléatoire. Une situation qui impacte dramatiquement la politique sportive phocéenne, condamnée à l’immobilisme, ou presque. Mort-né le « projet Dortmund » , la direction actuelle doit parer au plus pressé alors qu’elle ne sait pas pour combien de temps elle est aux affaires. Et pour l’éventuel repreneur, le calendrier du rachat devient chaque jour un peu plus pénalisant : en 2011, QSI avait acquis le PSG suffisamment tôt pour profiter à plein du mercato d’été. Pour le futur propriétaire de l’OM, il faudra se contenter au mieux du mercato d’hiver pour sauver ce qui peut l’être. A moins que cela ne soit pour l’été 2017…
Crash test contre Toulouse
À deux semaines de la reprise de la Ligue 1 contre Toulouse, ce sont néanmoins les hommes de Margarita Louis-Dreyfus qui sont sur le pont, avec un nouveau président du directoire, Giovanni Ciccolunghi, et un directeur sportif tout neuf, Gunter Jacobs. Alors que c’est Vincent Labrune qui a géré la première partie du mercato avec un mantra similaire à la jeune Enid dans The Walking Dead : « JSS » . « Just Survive Somehow » étant remplacé par « Just Sell Somehow » . Pas besoin de trop cogiter pour comprendre que l’OM navigue à vue avec un nouveau patron qui fait partie des proches de MLD et un manager sportif qui a fait ses preuves à Genk de 2011 à 2015. Son registre ? Faire « surperformer » un club avec des moyens limités, mais sans pour autant transformer un candidat à la relégation en futur champion d’Europe. En clair, Margarita Louis-Dreyfus veut désormais limiter les coûts tout en ne dévaluant pas trop la valeur de son « bien » . Et tant pis si l’on ne comprend pas trop les périmètres de responsabilité des uns et des autres, entre un trio Jacobs/Jean-Philippe Durand/Franck Passi qui doit gérer le sportif quand bien même Basile Boli est toujours là comme « coordinateur » .
Sakai, Machach, Khaoui, l’OM multiplie les paris
Avec un entraîneur officiellement « adjoint » et donc intérimaire dans l’esprit de sa direction, et un recrutement au moindre coût, l’OM s’avance pour la saison 2016-2017 sans projet de jeu. Ce qui est peut-être le plus inquiétant pour ses supporters. Passi a reconnu après la défaite contre Bielefield (0-1) être toujours à la recherche d’une bonne formule. Des douze départs invoqués par le technicien comme explication du manque de cohésion collective, on dénombre des éléments qui ont porté l’OM à bout de bras ces dernières saisons : Steve Mandanda (Crystal Palace), Michy Batshuayi (Chelsea) voire Nicolas Nkoulou (Lyon). L’OM s’avance ainsi avec une défense décimée (le gardien, un central et trois latéraux partis) et les pertes de Mauricio Isla, Florian Thauvin (fins de prêt). Sans compter le départ quasi bouclé de Georges-Kévin N’Koudou (Tottenham) et l’énigme du cas Lassana Diarra. Dans le sens des arrivées, l’arrivée récente de Bafé Gomis, prêté par Swansea, peut augurer de bonnes choses, mais l’OM a surtout multiplié les paris sur des joueurs en fin de contrat – le Japonais Sakai, le Camerounais Bedimo – ou à relancer en prêt comme Zinédine Machach ou Clinton N’Jié, qui devrait signer rapidement. Dans le lot, peu de possibilités de grandes plus-value financières, à moins que Machach ou Khaoui, recruté à Tours, ne se révèlent transcendés par l’atmosphère du Vieux Port. Ou qu’Abou Diaby se soit racheté une solidité physique.
La Bonne Mère pour compenser le départ de Mandanda ?
À l’heure actuelle, l’OM de Franck Passi ne convainc pas. Après une fin de saison poussive, le groupe phocéen a enchaîné des performances ternes en préparation, le pic de la déprime étant atteint lors du stage en Allemagne. Avec 12 joueurs en moins, les Marseillais manquent clairement de liant offensivement, mais c’est peut être encore derrière que les signes de mauvais augure sont les plus pressants : Passi n’a toujours pas de charnière établie, et contre Bielefield samedi (0-1), il a aligné un duo Hubocan-Rekik puis la paire Doria-Rolando, le Brésilien préféré de Marcelo Bielsa étant coupable sur le but allemand. Or, la solidité d’un bloc équipe se construit autour d’une paire rodée et complémentaire. Chose d’autant plus vitale quand l’ange gardien qu’était Steve Mandanda n’est plus là et n’a pas été remplacé. Après que Vincent Labrune se soit employé avec succès à liquider une partie des stocks, les supporters marseillais ont désormais tout intérêt à aller brûler quelques cierges à la Basilique Notre-Dame-de-la-Garde. Car le soutien de la Bonne Mère ne sera pas de trop cette saison plus que toute autre.
Par Nicolas Jucha