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Un nouveau shérif en ville
Jusqu'au déplacement à Barcelone, le PSG était l'équipe de Zlatan Ibrahimović. Maintenant, le monde entier s'est rendu compte que le club de la capitale était la propriété d'un petit Italien d'un mètre soixante-cinq touché par la grâce de Dieu, aux yeux clairs et à la frappe de balle dégueulasse. Le PSG est maintenant entré dans l'ère Marco Verratti. Et ça, c'est génial.
Quand Michael Jordan a compris que le base-ball n’était pas fait pour lui et qu’il a décidé de sortir de sa retraite en 1995, il disait à qui voulait l’entendre que les Chicago Bulls étaient devenus l’équipe de Scottie Pippen. Il y a un peu de ça dans la vie de Marco Verratti. Sauf que Zlatan Ibrahimović n’avouera jamais publiquement que le numéro 24 du PSG est le nouveau taulier parisien. Ça ne ressemble pas au personnage. Pas grave, le match au Nou Camp aura suffi pour comprendre dans quel sens l’histoire du PSG se déroulait dorénavant. Ce soir-là, Ibrahimović et son brassard de capitaine se sont perdus sur la pelouse catalane. Encore, serait-on tenté de dire. Au milieu d’une équipe qui ne voulait pas mourir les armes à la main, Marco Verratti s’est battu pour onze. Sa feuille de stats est là pour le prouver : 11 km, 80 passes sur 89 tentées (90% de réussite), 4 tacles et la meilleure occasion de but du PSG avec cette frappe à côté avant l’heure de jeu. Quand les autres regardaient leurs pompes, Verratti a regardé dans le blanc des yeux Neymar, Suárez et Messi et toute la Catalogne.
« Pour le PSG, il est invendable »
Marco a été grand. Mieux, Verratti a été au niveau. Tout simplement. Une partie qui fait écho aux propos de l’entraîneur du Barça, Luis Enrique, la veille du quart de finale retour : « Verratti me plaît et m’a toujours plu. Il a le profil pour jouer dans une équipe comme la mienne. » On va être franc, Verratti a le profil pour jouer partout. C’est le lot des grands joueurs. Sauf que Marco Verratti est né en 1992. Il a 22 piges. C’est un enfant, en fait. Un môme que le PSG de Leonardo a été arracher en seconde division, à Pescara, où le petit Marco s’amusait dans son bled d’enfance avec ses potes Ciro Immobile et Lorenzo Insigne. Sous les ordres du génial Zeman, Verratti confirme le potentiel que lui prête Football Manager depuis ses 16 ans. Pourtant, quand il arrive à Paris, personne ne le connaît. Aujourd’hui, le monde entier se l’arrache. Tout va très vite.
Au sein du PSG, on a conscience d’avoir un génie du ballon à la maison. Un type qui fait lever les foules sans marquer ni passer, chose rare. Marco excite en jouant au football. Tout simplement. Il est vicieux, teigneux, talentueux, orgueilleux et sûr de lui. Verratti joue un football de rue sur les plus belles pelouses d’Europe. Le voir enrhumer son monde, à dix mètres de son propre but, sur une feinte de frappe ou un crochet a quelque chose de savoureux. Surtout quand il s’agit de Luis Suárez ou Neymar. Marco Verratti est rare. Et ce qui est rare est cher. Ce n’est pas pour rien que le PSG a blindé son joueur jusqu’en 2019. « Pour le PSG, il est invendable » a déclaré son agent Donato Di Campli au site italien TuttoMercatoWeb.com.
L’ennui sans lui
Quel intérêt, aujourd’hui, de vendre le nouveau taulier du PSG ? Aucun. Clairement. Verratti n’a pas oublié que c’est le PSG qui lui a donné une telle résonnance médiatique. En trois saisons dans la capitale, le numéro 24 est passé du statut de grand espoir à titulaire indiscutable et successeur désigné d’Andrea Pirlo. On a souvent dit que le jeu du PSG n’était pas le même sans Thiago Motta. Vrai. Que dire du « jeu » sans le petit trapu ? On s’ennuie. Quand la lumière n’est pas là, le noir domine. Depuis le Nou Camp, il est clair qu’une passation de pouvoir technique s’est opérée. Le futur du Paris Saint-Germain va s’écrire via les râteaux de Verratti et non plus sous les buts d’Ibrahimović. Lorsqu’il est arrivé dans la capitale, l’Italien a été présenté le même jour que Zlatan Ibrahimović. Fair-play, le Suédois avait demandé au jeune joueur de passer en premier, pour qu’il puisse profiter des journalistes déjà présents pour lui. En 2015, la donne s’est sans doute inversée. Comme quoi, le talent…
Par Mathieu Faure