- Ligue 1
- J11
- OM-PSG (0-0)
Un modèle nommé Dimitri Payet
En surplus d'un OM-PSG décevant sur le terrain, des débordements (jets de projectiles, personne sur le terrain...) ont émaillé ce rendez-vous tant attendu. Après le match, le capitaine marseillais Dimitri Payet a trouvé les mots justes pour les dénoncer, avec une sérénité et une objectivité qu'on ne lui connaissait pas.
Généralement, les propos d’après-match, en zone mixte ou en conférence de presse, relèvent de l’exercice convenu. Il y a fort heureusement des exceptions, comme est venu le rappeler Dimitri Payet, dimanche soir, lorsqu’il a décidé d’ouvrir autre chose que le robinet d’eau tiède. Calme, le ton posé et solennel, le capitaine marseillais a témoigné de son incompréhension quant aux jets de projectiles auxquels les tireurs de corner parisiens ont été confrontés. Sa déclaration s’avère un modèle de communication, un mélange de maîtrise et de sincérité. Des mots justes et des arguments, sans amalgames qui interpellent. Le tout récité sans énervement ni leçon de morale. Payet a naturellement remercié le public admirable du Vélodrome, ceux et celles « qui ont joué le jeu et qui ont été exemplaires » avant de cibler « certains qui peuvent déraper ». Il s’est évidemment demandé si ces derniers aiment vraiment un OM sur lequel planent des sanctions sportives et administratives.
Briquets et chargeurs
Surtout, partant de son cas personnel, le souvenir de ce qu’il a vécu à Nice notamment, il a refusé de l’accepter cette fois encore, même si les joueurs sont des adversaires, y compris du PSG : « J’ai vu des chargeurs, des briquets, des choses que j’ai déjà vues contre moi, donc je sais ce que c’est. » Il n’a pas non plus nuancé sa critique sous prétexte qu’il s’agissait hier soir des « siens » , des supporters phocéens et des virages du Vélodrome, lui qui a parfois manipulé les étincelles avec ses déclarations ou ses vidéos.
Dimitri Payet a finalement tourné son regard vers la LFP et les autorités, réclamant de « vraies sanctions ». Quelque part, il transmet le boulet, avec la conviction que l’OM et lui-même ont tout tenté. Pour sa part sur les réseaux sociaux en s’adressant directement aux fans phocéens ou ses interventions sur le terrain pour calmer les fans. De son côté, son président Pablo Longoria aussi bien par ses prises de parole qu’en rencontrant les groupes, qui semblent eux aussi, et pas qu’à Marseille, dépassés par ce climat qui se durcit sans cesse. L’ancien de West Ham a en outre laissé planer une ultime menace : doit-on attendre qu’un drame survienne ? Rappelons qu’une personne a pu pénétrer sur la pelouse, parcourir 70 mètres et aller s’adresser à Lionel Messi, annihilant une occasion de but de l’Argentin, avant d’être enfin neutralisé et évacué par un service de sécurité apparemment défaillant. Une situation qui laisse songeur si d’autres intentions avaient animé le jeune homme en question. Et que se serait-il produit si hypothétiquement le score avait été nettement plus négatif pour l’OM (la tension en dehors du stade et les interpellations témoignent de cette tension).
Ces ridicules filets de protection
Est-il possible ou souhaitable de continuer ainsi ? Doit-on se résigner à contempler le spectacle ubuesque de ces filets de protection aussi ridiculement inefficace que pathétiques en matière d’images, déployés maladroitement et systématiquement dès qu’un Parisien s’approchait du poteau de corner ? Et comment apprécier ces stadiers dotés de bouclier faisant barrage de leur corps et de leur champ de force en plastique pour protéger Neymar ou Di María ? Si Dimitri Payet a pu agacer par le passé, sa prise de parole était à la hauteur et au diapason de ce qui s’était passé, au-delà du score. Si le foot ne peut pas être populaire sans ses tribunes, quelque chose de grave va se décider cette saison. Sachant que par ailleurs, une fois encore, les supporters « visiteurs » n’avaient pas pu faire le déplacement.
Voila pour le diagnostic. Et la suite ? Nous avons vu à Saint-Étienne ou encore lors des affrontements entre Nantais et Bordelais que l’enjeu ne constitue pas le seul facteur d’explication, principalement dans une conjoncture sociale électrisée et une société post-Covid au bord de la crise de nerf. La concertation qui existe aujourd’hui doit continuer entre les représentants du mouvement ultra, les directions des clubs et les pouvoirs publics. Tous les acteurs doivent toutefois prendre leurs responsabilités, comme l’a fait dimanche Dimitri Payet à son niveau.
Par Nicolas Kssis-Martov