- Euro 2016
- Gr. E
- Belgique-Irlande (3-0)
Un Lukaku de tonnerre rassure la Belgique
Malgré un premier acte emprunté, la Belgique a assuré plus que l’essentiel en se défaisant de l’Irlande, 3-0. La suite du tournoi s’éclaircit pour les Diables.
Belgique 3-0 Irlande
Buts : Lukaku (48e et 70e), Witsel (61e) pour les Diables
Il n’y a qu’à voir l’étreinte prolongée entre Romelu Lukaku et Marc Wilmots pour comprendre le soulagement. Au milieu d’une nuée de partenaires, l’attaquant belge ne pense qu’à compresser son coach. Comme une récompense virile de cette confiance accordée malgré les critiques, comme une façon de dire que la Belgique est enfin dans son Euro. Puis Lukaku étend son bonheur. Dans les bras de son frère cette fois-ci, dreads dessus, bras dessous. Oui, ce but inscrit du pied gauche à la sortie de la mi-temps est un véritable bol d’air. Pour un homme d’abord, mais aussi pour une équipe, qui n’avait jusqu’alors pas encore justifié le CV de ses hommes. Face à une vaillante Irlande, accrocheuse, mais loin du niveau technique adverse, la Belgique a ensuite pu dérouler et s’assurer le large succès tant attendu. Et si l’on est encore loin du ciel bleu au-dessus de Bordeaux, la Belgique vient d’écarter quelques nuages.
Tournez manège
« Il y aura entre deux et dix changements. » Avant le match, Marc Wilmots se plaisait à faire le cake en conférence de presse. Il a finalement tranché entre les deux. Courroucé par les problèmes offensifs entrevus face à l’Italie, le coach belge taille dans le gras : exit Ciman, Fellaini et Naingollan, bonjour Meunier, Dembélé et Carrasco. Changement de cartouches, changement de système, pour un match qui s’annonce décisif dans la course à la qualification. Pourtant, comme constaté face à l’Italie, cette Belgique n’avance pas. Ou plutôt, ne détonne pas. Bien installée dans le camp vert, sous l’impressionnant kop irish, l’équipe d’Eden Hazard peine à trouver la bonne combinaison, alternant centres médiocres et percées sans lendemain.
Reste que le talent fait parfois son œuvre. De Bruyne se débat pour trouver la bonne passe, à l’image de celle pour Carrasco (hors jeu de justesse), qui termine sur le poteau de Randolph. Mais comme un symbole, c’est Eden Hazard qui faillit à son statut de superstar. Idéalement placé au second poteau, Eden enlève sa demi-volée et manque de faire du Matmut son jardin. Une situation d’autant plus frustrante pour les diables qui s’amoncellent en tribunes, que la Belgique affiche une certaine fébrilité en défense, à l’image d’un Alderweireld parfois nerveux. Pas suffisant pour que Long inquiète Courtois, mais suffisant pour instaurer le doute.
Le feu de Lukaku
Cette fois-ci pourtant, la Belgique ne compte pas passer à côté des débats. 135 minutes d’abstinence, c’est déjà beaucoup trop pour tout homme qui se respecte. Profitant d’une équipe irlandaise remontée d’un cran, les partenaires de Lukaku vont se faire assassins. À la 47e minute donc, quand, trouvé dans l’axe, ce bon gros Romelu enroule des 20 mètres pour trouver les filets de Randolph. Plus rien ne sera jamais pareil. Car malgré les poussées vaines des Verts, premiers au chant, mais écologistes en actions, la Belgique tient enfin son scénario idéal. Les sorties de balle font de plus en plus mal, et Witsel, à la réception d’un bon centre de Meunier place un coup de chou-fleur dans le cadre. Le trou est fait, et n’attend que de se creuser.
Dès lors, quel autre homme pour le faire que Lukaku, profitant d’un rush solitaire de Hazard, pour fusiller Randolph ? Main derrière l’oreille devant la tribune belge, le maladroit/mal-aimé savoure sa revanche autant qu’il excite les siens. Dans les travées du Matmut, des « On est chez nous » résonnent à l’unisson. Un excès d’emballement qui se comprend à la vue du score, mais qui ne saurait se justifier avec cette seule performance. Car face à la Suède, il conviendra alors de prouver que cette équipe est mentalement prête. Et capable d’aller étreindre le trophée final à Saint-Denis.
Par Raphael Gaftarnik, à Bordeaux