Un Kjaer qui bat

On joue la 27e minute de ce Bordeaux-Lille de début de dimanche après-midi lorsque le Girondin Landry N’Guemo, seul à 25 mètres du but de Vincent Enyeama, déclenche une frappe puissante du droit. Simon Kjær, sur la trajectoire, tend sa jambe gauche et dévie la trajectoire du ballon en direction de l’intérieur du poteau gauche de son propre but. Le portier nigérian est battu pour la première fois depuis 1061 minutes. Sur le bord de la touche, Gaëtan Huard, présent comme « homme de terrain » pour beIN Sport, peut taper dans les mains des joueurs au scapulaire. Son record de 1176 minutes est sauf. Sa frappe étant cadrée, c’est bien à Landry N’Guemo que le but est accordé. Comme il le fut à Aliocha Asanović, lorsque sa frappe déviée par Éric Guérit trompa « Guéguette » en 1993. Mais dans chacun des cas, c’est bien le malheureux défenseur que l’Histoire retiendra. Parce que toutes les belles aventures se terminent par une trahison. Même involontaire.

Un viking perdu à Rome

Découvert par le grand public lors de la saison 2011/2012 alors qu’il évolue à l’AS Rome, où Wolfsburg l’a envoyé en prêt, Simon Kjær n’est à l’époque pas un homme qui inspire le respect. Emprunté, le Danois formé au FC Midtjylland galère dans la capitale italienne. À seulement 22 ans, il semble perdu dans ce championnat qui voit les Giallorossi terminer à une triste septième place qui les prive de participation à une compétition européenne. La faute en grande partie à ces 54 buts encaissés, qui les placent 14es au classement des défenses. Titulaire à vingt reprises, Kjær n’est pas conservé par la Roma et retourne à Wolfsburg disputer là encore qu’une vingtaine de rencontre. Las, il sait que son avenir passe par un transfert. Son agent, l’ancien attaquant lillois Mikkel Beck, le propose naturellement au LOSC, qui vient de perdre Aurélien Chedjou. Deux millions d’euros plus tard, l’affaire est entendue. Cette saison, le camarade de jeu de Marko Baša sera blond et portera un catogan.

Bourreau malgré lui

Rapidement, Simon Kjær fait taire les sceptiques, ceux qui n’avaient de lui que des images de résumés de son naufrage romain. Si Vincent Enyeama parvient à garder ses cages inviolées pendant si longtemps, il le doit autant à son talent qu’aux performances du bloc défensif lillois. Et particulièrement de sa charnière centrale monténégro-danoise. Dur dans les impacts, sûr dans la relance, intelligent tactiquement, le Viking de 190 centimètres tient la Ligue 1 en respect. Au point de chiper la place de dauphin du PSG à Monaco. Logique pour une équipe qui n’a encaissé que 5 pions en 17 rencontres. Cinq buts encaissés lors des trois seules défaites qu’accusent les hommes de René Girard cette saison. Deux face à Reims, deux face à Nice et donc un cet après-midi à Bordeaux, la « faute » à l’un de ses principaux guerriers. Désormais, ce sont 1114 minutes qu’il manque à Vincent Enyeama pour aller chercher Gaëtan Huard. De son côté, Cédric Carrasso n’a pas vu trembler ses filets depuis 297 minutes. Et si le portier bordelais parvenait à inquiéter le record, pas sûr que ce serait pour déplaire à Gaëtan Huard.