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  • Un jour, un transfert
  • Épisode 38

Un jour, un transfert : Luis Suárez à Groningen : l’hymne à l’amour

Par Steven Oliveira
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Un jour, un transfert : Luis Suárez à Groningen : l’hymne à l’amour

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce 38e épisode, retour en 2006, année où Luis Suárez a quitté son Nacional et son Uruguay natal pour tenter sa chance au FC Groningen, un club dont il n'avait jamais entendu parler. Un choix porté uniquement par l'envie de retrouver son âme-sœur, parti vivre à Barcelone quelques mois plus tôt.

Luis Suárez ne connaît probablement pas Damien Sargue, ni Cécilia Cara. Pourtant, il ne peut qu’être d’accord avec les paroles chantées par les deux interprètes de Roméo et Juliette dans la comédie musicale du même nom :« Aimer, c’est plus fort que tout. Donner, le meilleur de nous. Aimer, et sentir son cœur. Aimer, pour avoir moins peur ». S’il n’a certainement jamais eu la chance de danser sur Les Rois du Monde, l’attaquant uruguayen a peut-être lu la version écrite de William Shakespeare ou vu le film West Side Story de Jerome Robbins et Robert Wise. Autant d’histoires dans lesquelles les deux protagonistes font tout leur possible pour vivre leur amour alors que leurs familles se détestent. A priori, la famille de Luis Suárez ne s’est jamais battue avec celle de son amoureuse Sofía Balbi. Pour autant, comme Roméo et Juliette ou comme Maria et Tony, Luis et Sofía vont tout faire pour que leur histoire d’amour continue malgré le déménagement de la famille Balbi de Montevideo à Barcelone. Tout faire, comme partir garnir les rangs du FC Groningen.

Tu as voulu voir Elias, tu as vu Luis

Quand Hans Nijland, directeur général de Groningen, et Henk Veldmate, directeur technique du club néerlandais, débarquent en Uruguay à l’été 2006, ils ont déjà entendu parler de ce jeune attaquant du Nacional qui répond au doux nom de Luis Suárez. Pour autant, ce n’est pas pour lui que les deux hommes ont atterri dans la capitale uruguayenne, mais pour un certain Elias Figueroa, qui évolue au Liverpool Montevideo et qui cartonne chez les équipes de jeunes de la Celeste. Mais quitte à être à Montevideo, Hans et Henk se disent que ça ne coûte pas grand-chose d’aller voir ce que donne Luis Suárez sur un terrain de football. Ils n’ont pas regretté leur choix puisqu’ils ont vu le futur attaquant du Barça effacer deux défenseurs sur une feinte avant d’enrouler une frappe du gauche dans la lucarne et d’aller célébrer avec un bisou sur l’insigne en direction du public. Il n’en faudra pas plus aux deux hommes pour être conquis, comme l’a raconté plus tard Veldmate à Bleacher Report : « Parfois, il avait un peu de chance, ou plutôt il semblait avoir un peu de chance, sauf qu’on s’est vite rendu compte que ce n’était pas de la chance, mais de la qualité. Il savait exactement quoi faire quand il était dans la surface de réparation. Il crée toujours quelque chose sur son chemin vers le but. Nous étions certains qu’il avait quelque chose de spécial ».

L’Europe dans le viseur

Problème : l’agent de l’attaquant uruguayen ne va pas faciliter la tâche des Néerlandais. Déjà parce qu’à ce moment-là il se trouve à Milan, donc de l’autre côté de l’océan Atlantique, et surtout parce qu’il demande 4,2 millions d’euros en échange de son joyau. De quoi enlever le sourire sur le visage des deux hommes venus le rencontrer à Milan et qui disposaient d’une enveloppe d’un million d’euros pour recruter Figueroa. Résultat, c’est bredouille que Nijland et Veldmate rentrent à Groningen. Jusqu’à ce qu’un coup de téléphone ne vienne leur redonner le sourire une semaine plus tard : « M. Nijland, pouvons-nous venir à Groningen lundi pour reparler de Luis Suárez ? » Pour comprendre ce revirement de situation, il faut revenir en 2002 lorsque l’attaquant uruguayen tombe amoureux de Sofía Balbi, rencontrée en discothèque alors qu’elle a douze ans et lui quinze. Les deux tourtereaux vivent alors le parfait amour, Luis Suárez se réfugie même souvent chez sa belle-famille pour fuir un environnement familial compliqué, jusqu’à ce la famille Balbi ne soit obligée de fuir à Barcelone en raison de la crise économique qui sévit en Uruguay.

À écouter le frangin, Maxi, dans le numéro 113 de SoFoot, c’est ce jour-là que Luis a fait du football sa priorité : « Il est revenu de l’aéroport avec un énorme tigre en peluche. Il s’est jeté sur le lit, la tête dans le matelas. Il est resté comme ça pendant six heures. Quand il s’est relevé, il avait les yeux tout rouges et tout gonflés. Quand Sofia était en Espagne, il était détruit et pleurait tout le temps. Je crois qu’il a pensé qu’il ne la reverrait jamais. C’est à cause d’elle qu’il s’est bougé le cul. » Avec un seul objectif : intégrer l’équipe professionnelle du Nacional pour attirer les recruteurs européens. Alors, lorsque sa mission a été réussie et que ceux de Groningen se sont manifestés auprès de son agent, il a vite demandé à ce dernier de faire en sorte que ce transfert ne capote pas, et tant pis s’il ne connaissait absolument rien au club qui a vu éclore Arjen Robben comme il l’a confié à Marca des années plus tard : « Quand on m’a dit que j’avais la possibilité d’aller à Groningen, la première chose que j’ai faite a été de regarder sur la Playstation où le club jouait et quel maillot les joueurs portaient. C’était un grand pas pour me rapprocher de Sofia car elle vivait à Barcelone ». Mais, là encore, tout ne va pas être évident, même si après trois jours de négociations – pendant lesquels Luisito attendait dans une chambre d’hôtel d’Amsterdam – et quelques verres jetés au sol sous la tension, le transfert de Suárez au FC Groningen est acté pour 1,585 million d’euros. Soit une somme colossale à l’époque pour le club néerlandais.

Le poids de la discorde

Le FC Groningen a beau avoir investi un joli pactole sur Luis Suárez, le club néerlandais ne compte pas pour autant brûler les étapes avec l’attaquant de 19 ans. D’autant plus que le principal intéressé a quelques kilos en trop. L’entraîneur de l’époque, Ron Jans, refuse de l’intégrer à l’équipe tant qu’il n’atteint pas les 82 kilos comme le confiait Luisito au magazine Helden : « Ron contrôlait mon poids tous les jours ». En attendant que la balance indique le bon chiffre, Suárez – qui pouvait compter sur le soutien de son compatriote Bruno Silva, de sept ans son aîné, pour s’intégrer plus facilement aux nouvelles us et coutumes – fait ses débuts avec les U23, où il fait plus parler de lui pour ses fautes que pour ses buts. Alors que les dirigeants de Groningen commencent à douter d’un joueur jugé trop individualiste, Luis Suárez va finalement mettre tout le monde d’accord. D’abord, le 14 septembre 2006, où lors d’un match de Coupe de l’UEFA sur la pelouse du Partizan, le futur chouchou d’Anfield réduit la marque d’un joli coup de tête dix-neuf minutes après son entrée en jeu.

Un but qui ne donnera pas la qualification à Groningen, mais qui permettra à Suárez d’être titulaire face au Sparta Rotterdam trois jours plus tard – passeur décisif sur le seul but de la rencontre – et de ne plus jamais quitter ce rôle. Arrive son chef-d’œuvre face au Vitesse le 1er octobre 2006. Mené 3-1 à domicile à dix minutes de la fin, Groningen comprend alors que Suárez ne va pas rester longtemps chez eux. Un penalty provoqué puis un doublé en deux minutes, Groningen s’impose 4-3 et Luisito se fait un nom dans toute l’Europe. Surtout aux Pays-Bas, où l’Ajax l’arrache un an plus tard contre 7,5 millions d’euros. La suite, tout le monde la connaît avec cette saison 2009-2010 à 35 buts et 16 passes décisives en 33 rencontres d’Eredivisie, cette main contre le Ghana au Mondial 2010, ce transfert à Liverpool, ce Soulier d’or en 2014 grâce à ses 31 buts en Premier League, ce Mondial 2014 terminée avec une morsure sur Giorgio Chiellini, ce transfert au Barça, la Ligue des champions soulevée en 2015, cette saison à 40 buts en 2015-2016, la MSN avec Messi et Neymar, cette Liga obtenue avec l’Atlético de Madrid et enfin son retour cet été au Nacional, là où tout a commencé. Sauf que cette fois-ci, c’est avec sa femme Sofía Balbi et ses trois enfants qu’il est retourné en Uruguay. Finalement, cette histoire d’amour se termine bien mieux que celle de Roméo et Juliette.

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