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  • Épisode 31

Un jour, un transfert : Fabien Barthez au FC Nantes, Fabulous fable

Par Jérémie Baron
Un jour, un transfert : Fabien Barthez au FC Nantes, Fabulous fable

Une dernière saison à l'OM et une Coupe du monde 2006 de patron achevée en finale : voilà comment l'iconique Fabien Barthez aurait dû terminer sa brillante carrière, proprement. Mais alors qu'on le pensait définitivement rangé, le dernier rempart a accepté, en décembre 2006, de relever un périlleux défi au chevet du FC Nantes, en plein marasme. Et ce seront quatre mois de cauchemar pour tout le monde.

Un déboulé de David Ducourtioux dans son couloir, un centre dévissé du capitaine du CS Sedan Ardennes, un ballon qui rebondit dans les six mètres à destination de Fabien Barthez, planté sur sa ligne, puis le drame. Touché à la jambe droite en début de partie, le portier champion du monde est à côté de ses pompes, ce 1er avril 2007 à la Beaujoire dans un match décisif pour le maintien, et la séquence n’a rien d’un canular de circonstance : voulant renvoyer le cuir hors de sa zone, l’ancien Marseillais entre dans son but avec la sphère et provoque l’ouverture du score des Sangliers dans la stupéfaction générale, avant de céder sa place à Tony Heurtebis dix minutes plus tard, croulant sous la honte, et de rentrer chez lui sur le champ. « Il est sorti, mais il n’était pas blessé », balancera Michel Der Zakarian. La légende des gardiens français vient de toucher le fond devant 35 000 personnes et, heureusement, son aventure en Loire-Atlantique touche déjà à sa fin.

Ça n’est pas à ça que devait ressembler le baroud d’honneur nantais de Barthez, sorti de sa retraite moins de quatre mois plus tôt afin de jouer les pompiers de service au sein d’une maison jaune en perdition, Vladimir Stojković n’ayant pas satisfait en tant que successeur de Mickaël Landreau. Alors qu’on l’imaginait boucler la boucle à Toulouse, avec qui il ne trouve pas d’accord, le divin chauve se laisse tenter par le projet pourtant horrifiant proposé par Rudi Roussillon et Georges Eo : au moment où le gardien de 35 ans s’engage sur les bords de Loire, l’octuple champion de France est tout bonnement lanterne rouge de Ligue 1, avec deux succès en dix-huit sorties et seulement douze pions marqués. Alors le recrutement de l’icône tricolore est un sacré coup d’éclat, pour un club qui n’en réalise plus beaucoup à ce moment-là. « Il avait envie de remettre les gants, le club lui avait proposé un beau challenge avec la volonté de se maintenir, rembobine Vincent Briant, l’un des quatre gardiens alignés par le FCNA cette saison-là et qui a vu Barthez devenir son compère d’entraînement au beau milieu du mois de décembre. C’est cette envie-là qui l’a fait signer. Il est un peu venu dans ce rôle de sauveur. Il travaillait énormément, il revenait de six mois sans compétition, donc il avait mis tous les moyens de son côté pour se mettre au niveau. Tout le monde était content d’avoir un champion du monde dans l’équipe. Je ne jouais plus, mais se faire prendre sa place par Fabien Barthez, c’est logique. »

Humilié par Savidan et Pauleta

Dès le 3 janvier quelques jours après son arrivée, le gardien, visiblement mécontent de l’ambiance de groupe, jette un froid à la Jonelière en quittant ses partenaires en plein milieu d’un entraînement, pour un prétendu mal de dos, obligeant le président Roussillon à publier un communiqué pour étouffer le début d’incendie. « Ici, c’est le Club Med », décrit même Barthez en privé dans des propos rapportés par L’Équipe. Les débuts du portier en jaune et vert sont pourtant de bon augure, avec de bons résultats en Coupe de France et un succès contre Nice avec un but tardif de Luigi Pieroni parti d’une touche dans le camp nantais jouée rapidement par… Barthez lui-même. Mais ce dernier enchaîne ensuite les contre-performances, dont un terrible 5-2 à la Beaujoire durant lequel il mange, totalement impuissant, le quadruplé d’un Steve Savidan au sommet de son art. Barthez sauve la face en gagnant un point presque à lui tout seul, face à l’OM lors de son retour au Vélodrome (0-0).

Il y avait les anciens Da Roch’, Nico Sav’ qui étaient bien ancrés dans le vestiaire et appréciés. L’arrivée de Fabien les a un peu énervés, et ça ne s’est pas bien passé.

À partir du milieu du mois de mars, le groupe sombre pour de bon, aussi bien sur le rectangle vert – avec le cauchemar contre Sedan – que dans son intimité. Dans le vestiaire, le torchon brûle entre Fabulous Fab et les cadres jaune et vert, à commencer par les icônes Frédéric Da Rocha et Nicolas Savinaud : « Il y avait les anciens Da Roch’, Nico Sav’ qui étaient bien ancrés dans le vestiaire et appréciés. L’arrivée de Fabien les a un peu énervés, et ça ne s’est pas bien passé entre Fabien, Da Roch’ et tout ce groupe-là, continue Briant, aujourd’hui à la tête de sa boîte de rénovation de bâtiment et bientôt entraîneur des féminines de Quimper Kerfeunteun, dans le Finistère. C’était un peu tendu, mais les coachs avaient fait le nécessaire pour que ça reste dans le vestiaire. » Pas suffisant pour éviter les incidents, comme lorsque le gardien déserte sa cage, en pleine séance de tirs au but à la Jonelière, alors que c’était au tour de Savinaud de botter. Dans la foulée, en demi-finales de Coupe de France, l’OM ne se fait cette fois pas piéger et en colle trois à son ancien dernier rempart, avec un Franck Ribéry en transe.

L’incident Payet et le guet-apens du derby

Trois semaines plus tard a lieu une nouvelle humiliation au Parc des Princes face à un PSG qui lutte aussi pour sa survie : 4-0, dont un doublé de Pedro Miguel Pauleta et un golazo de Jérôme Rothen. La semaine qui suit, le centre sportif José-Arribas va encore trembler. Car au-delà de son différend avec les anciens, Barthez a un autre ennemi au sein de son vestiaire : le jeunot Dimitri Payet, pépite et homme à tout faire des Canaris – malgré ses vingt ans à peine atteints – avec son statut de meilleur buteur et meilleur passeur de l’équipe, mais dont Barthez pointe le manque d’investissement. « Payet s’est fait monter le bourrichon, il ne sait plus trop où il habite », a notamment pu lâcher l’ami d’Abdellah El Achiri. Le 24 avril lors d’une opposition durant laquelle Barthez se retrouve joueur de champ, il décide de venir caresser les chevilles du Réunionnais, déclenchant la colère de ce dernier, qui ira même bouder dans le vestiaire de la réserve ( « si j’avais été blessé, c’était pareil » ). Briant décrit entre les deux hommes « des réflexions qui n’avaient pas été bien appréciées. Ils se sont pris la tête sur le terrain. » Le Fab’, de son côté, lâchera un « on s’est bien amusés ! » taquin à la fin de la séance, alors que Michel Der Zakarian sera obligé de jouer les médiateurs.

Le clou du spectacle est proche : le 28 de ce même mois d’avril, c’est jour de derby à Louis-Fonteneau, qui accueille le Stade rennais dans le cadre de la 34e journée de Ligue 1. Un ultime camouflet pour Barthez (défaite 0-2), à l’image de sa glissade sur le but du break inscrit par un insolent Jimmy Briand âgé de 21 ans. Ce seront ses 26e et 27e buts encaissés (en seulement 19 matchs), et les derniers de son mandat : en sortant du stade au volant de sa Porsche en compagnie de son beau-père, il se retrouve – on ne sait trop comment – à la merci de supporters amers, dont cinq ou six le bloquent, s’en prennent à lui (il aurait mangé des coups, et en aurait aussi donné selon les versions) et secouent son véhicule. L’épisode, décrit comme un « guet-apens », mais dont on ne saura jamais vraiment la vérité, sera celui de trop pour l’icône gantée, qui prépare son baluchon le soir même et rompt son contrat, lequel prendra fin le 30 avril. « Je ne me sens plus en sécurité, je préfère partir », confiera-t-il à France Info avant de porter plainte contre X, récoltant une réponse pimentée de la Brigade Loire : « En plus d’être un imbécile doublé d’un prétentieux, Fabien Barthez est donc un lâche. Il utilise un prétexte pour fuir le navire comme un rat. » Le joueur ira même plus loin dans les colonnes de L’Équipe : « J’ai reçu un coup de fil d’Eric Cubilier dans l’après-midi du match me certifiant qu’il ne fallait pas que je vienne au stade, car il y avait des supporters qui voulaient me choper. » Deux journées plus tard à Bordeaux, avec Heurtebis dans les buts, le FC Nantes Atlantique – lanterne rouge depuis plus d’un mois – est officiellement relégué en deuxième division après 44 saisons consécutives dans l’élite. Barthez, lui, est déjà loin. Nantes a recruté une légende, et ce fut légendaire.

Dans cet article :
Le classement des effectifs de Ligue 1 les plus cotés
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Par Jérémie Baron

Propos de Vincent Briant recueillis par JB

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