ACTU MERCATO
Un Grenier à dépoussiérer
Prêté à la Roma lors des six derniers mois alors qu’il n’arrivait pas à retrouver son meilleur niveau à Lyon, Clément Grenier avait peu de chances de récupérer du temps de jeu en Italie. Pourquoi donc avoir opté pour ce choix étrange ? Et a-t-il encore un avenir dans le Rhône ?
150 petites minutes de jeu en Serie A et puis s’en va. Au regard de ce bilan, soit une titularisation et cinq petites entrées en jeu, inutile de préciser que Clément Grenier s’est totalement planté à la Roma. Prêté par l’Olympique lyonnais en février, le Français n’a sûrement même pas pris la peine de demander aux dirigeants italiens s’ils souhaitaient lever une option d’achat fixée à 3,5 millions d’euros. Malgré un premier match réussi sur la pelouse de Palerme en mars (3-0), l’international français savait depuis plusieurs semaines que son avenir ne s’écrirait pas dans la capitale. Mais, en même temps, qui aujourd’hui peut se déclarer surpris de ce passage raté dans la Botte ? Qui pouvait donc penser réellement que le gamin d’Annonay avait une chance d’y réussir, lui qui ne jouait déjà plus à Lyon depuis plusieurs mois ? Sur le papier, l’affaire paraissait plus qu’absurde. « Quand on part sur l’idée d’un prêt, l’objectif est d’avoir de meilleures considérations sportives, je dis bien sportives, par rapport à celles qu’on avait initialement. Le but, c’est donc d’être prêté pour récupérer du temps de jeu, rappelle Stéphane Trévisan, ancien gardien de l’Olympique de Marseille, aujourd’hui reconverti agent de joueur. Vu sa forme à Lyon, le prêter dans un club encore plus prestigieux doté d’un gros effectif, ça interroge. » Daniele De Rossi, Radja Nainggolan, Kevin Strootman, Leandro Paredes… les concurrents directs de Clément à la Roma envoyaient en effet du lourd. D’autant que le milieu de terrain ne pouvait pas disputer la Ligue Europa – en raison de sa participation à un match de Ligue des champions avec Lyon –, ce qui diminuait encore ses chances de fouler une pelouse.
Un petit voyage pour déconnecter
Alors quoi ? Le bonhomme aurait été prêté pour acquérir de l’expérience au sein d’un club étranger où Francesco Totti lui aurait appris quelques trucs et astuces ? Non, puisque l’espoir revendiqué était de « rester longtemps » à Rome. Et, également, parce qu’il a passé l’âge, selon Sandy Paillot, ancien de la maison OL qui a croisé Grenier au centre de formation du club : « Il jouait moins, il revenait d’une grosse blessure… Mais c’est vrai que c’est spécial. À l’époque où j’ai commencé avec les professionnels de Lyon, il y avait beaucoup de prêts. François Clerc, Anthony Mounier, Loïc Rémy… Ça concernait peut-être un joueur sur deux ou sur trois. Sauf qu’on était des jeunes pros, on était prêtés avant de s’imposer en équipe première. C’est la différence avec Grenier : nous, on était prêtés à vingt ans et on débutait juste. Lui a 26 ans, après avoir fait partie du onze titulaire. C’est donc un cas à part. » Pour Stéphane Trévisan, l’explication est plus simple : après une grosse blessure survenue à l’été 2015, puis quelques petites querelles avec son employeur qui le déclarait en méforme en septembre 2016, Grenier avait tout simplement envie, ou besoin, de découvrir un nouvel environnement. « Il s’est sûrement dit : « Si je joue à Rome, tant mieux. Sinon, tant pis. Mais au moins, je sors du contexte étouffant dans lequel je suis coincé », estime l’agent. On a beaucoup de demandes de la sorte. Ça arrive souvent. Certains joueurs souhaitent juste couper pour sortir d’une situation délicate, aller voir ailleurs pour se remettre en cause et repartir du bon pied. »
Remplaçant désigné de Tolisso
Est-ce que la méthode a fonctionné ? Peut-être. Peut-être pas. Toujours est-il qu’à Lyon, Bruno Génésio et Jean-Michel Aulas semblent compter sur lui. « Corentin Tolisso sera numériquement remplacé par l’international Clément Grenier pour lequel l’AS Roma n’a pas levé l’option d’achat et qui fera partie de l’effectif professionnel du club la saison prochaine » , était-il ainsi écrit sur le communiqué du club officialisant le départ du nouveau Munichois. Dans la foulée, l’entraîneur n’a pas attendu pour prendre le jeune homme de 26 ans entre quatre yeux et lui indiquer la marche à suivre pour qu’il puisse revenir à son meilleur niveau sous le maillot blanc. « Dès la fin du championnat italien, on a eu un échange assez long en tête à tête. Il était important de se voir, de se dire des choses, a indiqué Génésio durant la présentation de Bertrand Traoré. Clément est un joueur de talent, international, qui a besoin de confiance. Il est capable d’être un joueur de très, très haut niveau. Il y a certaines exigences dans le haut niveau, je pense qu’il l’a compris. J’espère qu’il va faire une très bonne préparation pour nous apporter. » De son côté, JMA a utilisé son arme favorite, le tweet, pour désamorcer toute rumeur de vente. De là à considérer son Grenier tout neuf et tout propre ?
@MaxOL69 pourquoi ?
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 18 juin 2017
Par Florian Cadu
Propos de Paillot et de Trévisan recueillis par FC.