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- Marseille-Lyon (1-0)
Un Gigot à point nommé
Il n’est pas toujours très académique, ni le plus rassurant. Mais ce dimanche, contre Lyon, Samuel Gigot a eu le mérite d’offrir la paix sociale à tout un club. Le tout en finissant avec un bandeau de rugbyman sur le crâne, comme d’habitude.
En débarquant à l’OM cet été, presque incognito, Samuel Gigot a réalisé son rêve de gosse. Lui, le natif d’Avignon, qui a côtoyé des équipes du Sud durant sa jeunesse, allait enfin pouvoir enfiler la tunique du gros club de sa région. Si tout n’a pas été facile jusqu’à maintenant, tourmenté par des soucis de blessure et pas aidé par une concurrence accrue à son poste, le défenseur a sans doute vécu, ce dimanche soir, la plus belle page de son chapitre marseillais. À la 43e minute d’un duel des Olympiques jusque-là dominé par le sien, Gigot a profité de sa puissance naturelle et de son mètre 87 pour s’élever plus haut que tout le monde, subtilement croiser son coup de casque et s’offrir son deuxième but depuis son arrivée à Marseille. Et il suffisait de jeter un œil à sa célébration, les yeux écarquillés face au public, pour comprendre ce que ce pion représente pour lui d’un point de vue personnel, lui qui a soufflé le chaud et le froid ces derniers temps.
La rage de Samuel Gigot sur l’ouverture du score marseillaise !#OMOL #Ligue1UberEats #PrimeVideoLigue1 pic.twitter.com/92WsKCjlWt
— Prime Video Sport France (@PVSportFR) November 6, 2022
Une rédemption qui fait du bien à l’OM
Souvenons-nous : il y a trois semaines jour pour jour, Gigot dégoupillait en plein Classique, ne retenait pas son geste sur Neymar et se voyait recevoir son deuxième carton rouge de la saison. De quoi faire péter les plombs aux supporters marseillais et se poser des questions à Igor Tudor, qui voyait dans le même temps Leonardo Balerdi et Sead Kolašinac gagner des points petit à petit. Autrement dit : Gigot venait alors de se tirer lui-même une balle dans le pied, et inconsciemment d’être l’auteur d’un fait de jeu déclencheur d’une série terrible pour son club. Depuis ce tacle, l’OM n’avait plus réussi à s’imposer, s’était fait sortir de C1, et pouvait même entrevoir un début de crise. Comme un symbole, c’est donc lui qui a éteint l’incendie ce dimanche, et il devait forcément savoir dans un coin de sa tête qu’il venait de permettre à son club de passer une trêve un poil moins mouvementée que prévu. Au-delà du but, l’Avignonnais a aussi été décisif là où on l’attend le plus, à savoir derrière, où il a parfaitement muselé Alexandre Lacazette et Moussa Dembélé, qui n’ont pas pu profiter des espaces conséquents laissés par Nuno Tavares notamment. Et c’est déjà un point qui peut ravir les supporters marseillais.
Le bandeau porte-bonheur
Car s’il a toujours mis beaucoup de cœur à l’ouvrage, certaines de ses prestations pouvaient tout de même laisser à désirer. Capable de prendre des risques balle au pied quand il est aligné axe gauche, il n’était pas toujours très rassurant pour autant, et ses sorties parfois inconsidérées laissaient des trous à combler, exploitables en transition pour les adversaires. Ce dimanche, il a mieux mesuré les risques et s’est contenté de tenir avec brio ses duels, et de couper les lignes de passes. « Gigot a eu une baisse de régime, mais on a travaillé, et il a répondu de manière formidable. Avec les deux autres, c’était une très grosse prestation de la défense », a d’ailleurs salué Igor Tudor en après-match. Autre symbole de la soirée, il a à nouveau dû s’afficher avec le fameux bandeau maison concocté par le staff médical marseillais, à la suite d’un choc saignant avec Jordan Veretout. Sorti quelques minutes plus tard, vraisemblablement sonné par ce qu’il venait de subir, Gigot a pu recevoir une ovation méritée du Vélodrome, content de pouvoir acclamer le héros du soir. Toujours avec le bandeau sur la tête, évidemment, comme un clin d’œil envers Tony, son grand frère rugbyman, qui a de quoi être plus que jamais fier de son frangin.
Par Alexandre Lejeune