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  • Début de l'Euro 2012

Un Euro sur fond de crise

Par Dave Appadoo
Un Euro sur fond de crise

Coup d’envoi, ce soir, de la phase finale de l’Euro. Un tournoi séduisant où tous les favoris ont de bonnes raisons de perdre, entre fatigue des uns, lose culturelle des autres, sans oublier quelques soucis extra sportifs. Reste à savoir lequel démontrera une raison suffisamment bonne pour l’emporter…

Comme toujours, on joue les blasés. Et comme toujours, on va se prendre au jeu. C’est ainsi, chaque saison, les clubs les plus puissants nous régalent de matches d’une intensité inouïe, d’un niveau proprement ahurissant, tous les deux ans, on en pince pour le football de sélections. Oh, bien sûr, c’est souvent beaucoup moins spectaculaire. Mais il ne faut pas se tromper : c’est le niveau au-dessus de la Ligue des champions. Pourquoi ? Parce que les automatismes ne sont évidemment pas les mêmes et qu’il faut être un sacré grand joueur pour trouver des affinités techniques et tactiques avec aussi peu de préparation. Et évidemment, on n’occulte pas non plus la pression infiniment plus élevée quand on revêt la tunique nationale et qu’il faut être un sacré bonhomme pour ne succomber à ses émotions quand retentit l’hymne de son pays.

Oui, pour toutes ces raisons, une phase finale internationale reste un must qu’aucune compétition de club ne peut seulement égaler. Le signe, aussi, que le sentiment national reste bien vivace malgré l’internationalisation extrême de l’univers du ballon rond et les tendances individualistes qui ne plaident pas en faveur de l’amour de sa nation. Et, à bien y réfléchir, on ne sait pas s’il faut se féliciter de cette persistance surannée ou la regretter quand on songe à certaines orientations politiques qui ont même trouvé quelques prolongements dans le football (au hasard, les quotas).

L’Espagne garde la pole

Mais revenons à nos moutons et au postulat évoqué ci-dessus : l’Euro 2012 débute ce soir et on bande. Car, après tout, il ne manque personne à l’appel : tous les anciens vainqueurs sont là. Soit la Russie, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la République Tchèque, la France, les Pays-Bas, le Danemark et la Grèce. Une bonne nouvelle qui traduit aussi un certain affaissement du niveau des éliminatoires au gré de la naissance de nouvelles nations. Et partant, ne court-on pas vers une désillusion ? Car le mot qui revient le plus souvent dans toutes les bouches, comme une supplique, c’est « fraîcheur » . Une véritable obsession qui témoigne d’une limite de la compétition : la plupart des grandes équipes arrivent lessivées par une saison harassante. C’est particulièrement vrai pour l’Espagne.

Championne d’Europe et du monde, la Roja devrait se poser en archi-favorite du tournoi pour réaliser un triplé inédit que ni la RFA (championne d’Europe 1972 et du monde 1974) ni la France (Mondial 1998 et Euro 2000) n’ont réussi. Mais, au-delà de cet enseignement de l’Histoire qui pose le triptyque comme une sorte de Graal impossible à atteindre, c’est surtout la profonde usure supposée de Xavi et des siens qui incite le plus à la réserve sur leurs chances de rafler une nouvelle fois le bazar. La faute à la phénoménale domination de Barcelone, principal pourvoyeur de la sélection ibérique, qui n’a laissé que très peu de répit à ses internationaux. Pourtant, on peine à croire que cette lassitude soit déterminante car, jusqu’à preuve du contraire, le fond de jeu des Espagnols reste sans équivalent et, rincés ou pas, il a fallu une malchance hors-norme aux Blaugrana face à Chelsea pour ne pas accéder à une nouvelle finale de Ligue des champions. Qu’on se le dise : fatiguée ou pas, l’Espagne conserve la pole et il faudra aligner une combinaison létale de talent, de puissance et de chance pour la priver d’un nouveau sacre.

Ces losers magnifiques…

Fatalement, une fois que l’on a énoncé le portrait robot du possible tombeur des tenants du titre, on se demande : qui ? Il ne faut pas être original pour désigner l’Allemagne. Question talent et puissance, les atouts de la Nationalmannschaft ne sont plus à démonter, forte, comme toujours, d’un calendrier de la Bundesliga aux petits oignons qui permet souvent aux triples champions du monde et d’Europe d’arriver très frais en juin. Reste la chance. Et, voyez comme l’Histoire n’est pas figée, sur ce plan qui fut longtemps une des griffes majuscules du football d’outre-Rhin, avec une réussite qui a souvent frisé l’insolence, on aurait tendance à penser que désormais les Germains ne sont plus si veinards que ça.

Au vrai, les années 2000 ont plutôt transformé la plus belle machine à gagner du football mondial en loser de première. Un loser magnifique, mais un loser quand même. C’est entendu, Özil & co dispensent un jeu très léché, peut-être même plus bandant que l’Espagne, avec davantage de verticalité, de percussions, mais ils calent invariablement dans les derniers cols et on ne peut pas empêcher que tous ces échecs à la photo-finish laissent des traces, demandez encore aux joueurs du Bayern maudits de la dernière finale de Ligue des champions. Oui, un football talentueux, séduisant, mais perdant : c’est marrant, on aurait presque l’impression de parler des Pays-Bas, le troisième favori. Ou, à quelques dizaines d’années près, de l’équipe de France…
Qu’attendre des Bleus ?

Alors que, dans quelques semaines, on va célébrer les trente ans de Séville 1982, on ne sait plus ce que représentent nos Bleus. Des losers charmants comme dans les 80’s ? Pas vraiment. Des vainqueurs implacables comme lors de la parenthèse enchantée 1996-2006 ? Encore moins. Alors quoi ? Alors on cherche, on cherche, tout comme cette équipe, à vrai dire. On a bien vu quelques signes d’une montée en puissance, au moins dans le domaine offensif, mais ce n’est qu’en compétition que l’on verra la moelle véritable de cette escouade. Car c’est bien beau de séduire lors des matches amicaux (comme à la belle époque, tiens !), bien beau de clasher le Brésil et d’aller donner la leçon à l’Angleterre et l’Allemagne, c’est quand ça compte que l’on va mesurer la valeur de l’équipe de France.

Car, dans les matches à enjeu, les Bleus n’ont rien démontré. Mais alors vraiment rien, si ce n’est une chose, une manière de détail essentiel : une vraie culture du résultat. On joue mal, mais on ne perd pas. Ça n’a l’air de rien, mais c’est sur cette base-là qu’a prospéré Aimé Jacquet, il y un peu moins de quinze ans. Reste une différence majeure entre ces deux époques : la France ne présente plus vraiment les garanties défensives nécessaires pour faire perdurer cette culture de la gagne. En revanche, il y a, en ce moment, dans l’air une sorte de légèreté dans le jeu offensif dont on doute qu’elle suffise à faire voyager très loin, mais qui figure une sorte d’antidote à la pesanteur de certains souvenirs sud-africains jamais totalement enfouis. C’est bien peu, mais ça a le mérite d’être une idée distrayante. Au vu du passé de l’équipe de France depuis six ans, on ne boudera pas ce plaisir-là.

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