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Un dimanche à l’OS Tricot…

Par Maxime Brigand et Florian Lefèvre
6 minutes
Un dimanche à l’OS Tricot…

Aujourd'hui, c'est la journée mondiale du tricot. Alors, dimanche dernier, on est allé dans un petit village picard, entre Compiègne et Amiens. Pourquoi ? Pour voir du foot champêtre, à la rencontre de l'OS Tricot.

L’usine à l’entrée du village apparaît désaffectée. Le bar-tabac a fermé ses volets. Personne à signaler dans la rue principale. Tricot offre l’image parfaite du dimanche paisible. Pourtant, à force de suivre les panneaux « Stade municipal » , des bruits de moteurs se font entendre, des gamins aussi et l’on aperçoit, peu à peu, des types remonter la pente menant à la grille d’entrée. Flanquée derrière le comptoir du club-house, Aline a la banane. Aujourd’hui, le Tricot Omni-Sport, club établi au cœur de l’Oise, en Picardie et dont le meilleur résultat national s’apparente à une finale de Coupe Chivot en 2010, joue sa montée en deuxième division départementale. « Le foot à Tricot, c’est le rendez-vous du village le dimanche. C’est l’endroit où on retrouve les copains, notre seconde famille. Regardez, moi, je suis là depuis que j’ai cinq ans » affiche avec le sourire Ludovic, aux côtés de sa femme. L’homme a tout connu : gardien de l’équipe première, trésorier, vice-président et aujourd’hui président-entraîneur adjoint. Une double casquette au-dessus d’un physique de déménageur qui lui a permis de remporter un jour, un autre honneur : celui du vainqueur – à quatre reprises – de la « choule » , une tradition ancestrale qui a tout du pujilat, digne mère du rugby actuel. Ludovic expose : « C’est LE rendez-vous de l’année. Chaque lundi de Pâques, mariés et célibataires du village s’affrontent dans un match où le principe est de faire passer une poire en cuir, semblable au ballon ovale, entre deux cheminées du village » . Une autre culture.

Jacquot et silos à grains

Accoudés au comptoir d’Aline, les bénévoles dissertent autour d’un match qui sent la poudre : l’OS Tricot reçoit aujourd’hui l’AFC Crisolles. Une victoire et les Tricotois obtiendront leur deuxième montée en deux ans. « Ça serait le paradis, ch’ti gars. » Le sage qui parle, c’est Jacques Honoré, 82 printemps, présent au club depuis sa création ou presque, en 1946. Ici, l’ancien libéro est devenu « Jacquot » . « Un joueur viril, mais correct » , selon les dires de ses compères. Il se rappelle qu’à l’époque, c’était autre chose, « on rentrait à 7h du matin après certains matchs et on allait directement au travail. Maintenant, je me tasse, mais je reste ici. » Son œil rieur évoque pour tous une figure paternelle. Jacques veille, s’assure que tout est en ordre. Il est resté le soigneur de l’équipe. « À l’extérieur ou à domicile, je suis toujours présent. C’est comme ça, le foot, c’est plus important que tout pour moi. Aujourd’hui, j’étais de noces, je suis parti parce qu’il y avait match. Dans ma famille, ils le savent et ne font plus attention » , raconte-t-il, une tape sur l’épaule. Avant le coup d’envoi, l’OS Tricot, deuxième de sa poule, possède un point d’avance sur son poursuivant, le FC Muirancourt. Les joueurs s’échauffent. Geoffroy et ses potes ont troqué le bleu de travail qu’ils enfilent à l’usine – « une entreprise où l’on fabrique des silos à grains » . Derrière l’équipe première, il y a un cercle de bénévoles, où les gars paient l’essence de leur poche, avec la buvette comme seule rentrée d’argent.

De l’autre côté du pré, Régis, lunettes bretelles, drapeau en main, prend place le long de la touche. L’homme au bon emboinpoint prévient avec le sourire : « Le dernier qui s’est approché, il s’est pris un coup de boule ! » À vrai dire, personne n’ira lui chercher des noises. Mais à la première accélération, ça couine. « La cuisse a encore lâché, débriefe Régis à la mi-temps. En fait, j’ai repris il y a seulement quinze jours. » Une clope pour lui, pendant que l’arbitre principal se cherche un autre assistant. Le long de la main courante, un maillot du PSG, deux pour l’OM. Il y a « Nono » et Ludovic – un autre -, le bob vissé sur la tête. Et « 24-21-17-14 à la pêche » , ce matin. À l’image de ses coéquipiers, celui qui joue en équipe réserve vient voir ses potes. « Et eux aussi, ils viennent nous voir ! » , prévient le fabricant de portes sectionnelles dans le civil. Sur les pâquerettes, les Bleus de Tricot bouffent la feuille : ils touchent trois fois le poteau, rien qu’en première période. Mais, « ça va rentrer ! » , assure Christine. En vrai, le match se joue au milieu de terrain. Entre numéros huit, entre mecs qui pèsent – au sens propre. Autant dire que les coups d’épaule du premier, Andy, celui de la maison, sont appréciés par l’assistance. Sur le côté droit, Geoffroy enclenche la deuxième en embrassant la ligne. On crie : « Bouffe-le ! » , mais le blond s’emmêle les pinceaux. « Faites simple ! » , répète inlassablement Thierry, sur le banc, la même gueule que Gérard Gili, moustache comprise. 0-0 à la pause, la montée en deuxième division départementale s’éloigne…

« Ce match, je l’ai fait dans ma tête chaque soir de la semaine »

Entre les murs du vestiaire, l’explication entre Tricotois est salée. Les bouteilles claquent les murs. Ça gueule parce qu’il y a clairement la place de mater, à nouveau, un adversaire largement dominé à l’aller (1-4) – en ouverture de la saison. Jacquot, l’ancien toujours optimiste, revient sur le banc avec de l’eau sous le coude. Mais les bouteilles fraîches font rapidement place à la douche froide. Mohamed, le huit, l’autre, celui qui s’était fait bouger par Andy, trouve les ficelles d’une tête puissante. Crisolles AFC mène 1-0. Les visages se ferment, les têtes se baissent. « À chaque fois, on se fait baiser (sic). » L’arbitre devient à chaque coup de sifflet « un vendu » , et ce n’est pas un penalty oublié qui va arranger ses affaires – même si Tricot a déjà égalisé. Pas le temps toutefois pour la centaine de spectateurs de péter un câble : à la réception d’un corner, Geoffroy envoie une volée folle. Lucarne ! La main courante exulte. « Il la retente 500 fois, il la met même pas » , croit savoir un quadra’. Il reste une demi-heure à jouer : « Faut siffler Monsieur l’arbitre » , blague un autre. Tout le monde se marre. Patrice, l’entraîneur de la réserve, buraliste du coin, s’énerve contre un Crisollois à terre. Pourtant, ce dernier ne se relèvera pas. Un sévère coup de genou dans le dos le fixe au sol, la tête dans le gazon. Le jeune homme sera évacué par les pompiers (il s’en tirera finalement avec une contusion du bassin et une semaine d’arrêt de travail, ndlr).

Le jeu reprend, une question revient : « Il reste combien de temps ? » Encore 19, 25 ou 40 minutes, selon les réponses de l’arbitre. À vrai dire, lui-même ne le sait pas. Qu’importe, Tricot enfonce le clou. Deux buts supplémentaires, la corne de brume qui va avec et un tarif qui s’alourdit. Victoire 4-1 des locaux ! L’OST tient sa montée. Derrière les buts, Alan, Cédric, Tim, Alexis et Mathéo exultent. Dans dix ans, ils veulent à leur tour « représenter Tricot » . Au milieu du terrain, Thierry, l’entraîneur, Ludovic, l’entraîneur assistant et président, et Christine, la secrétaire, ont la larme à l’œil. Cette dernière laisse même naître un mouchoir entre ses doigts. L’équipe prend la pose ; les bénévoles sabrent le mousseux. Au milieu du groupe, Andy élève la voix : « AUJOURD’HUI… ON A JOUÉ… ON A GAGNÉ… » Le leader du groupe a un plan : envoyer les coachs sous la douche. Thierry revient trempé, toujours ému : « La saison a été difficile, mais on a réussi l’objectif tous ensemble. » Geoffroy ne dit pas autre chose : « C’était notre finale de Ligue des champions à nous. Ce match, je l’ai fait dans ma tête chaque soir de la semaine. » Jacquot a le sourire, évidemment, au-dessus de sa pression bien méritée. Place au barbecue devant France-Belgique. Et les bévues de Laurent Koscielny ne gâcheront pas la fête. Le président du club a le mot de la fin : « mission accomplie » . À travers les mailles.

Dans cet article :
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