- Liga
- 33e journée
- Atletico Madrid/Real Madrid
Un derby pour pourrir la vie du Real
C’est l’histoire d’un derby qui a toujours été déséquilibré. Le Real, saint-protecteur de la gloire de Madrid, face à l’Atletico, club de perdants par excellence. Sauf que ce mercredi, le "Derbi madrileño" a tout pour être l’un des plus sexy de ces dernières années.
« La Liga o la Vida » . La Une de Marca n’y va pas par quatre chemins. Et cette fois-ci, difficile de prêter au quotidien madrilène un soupçon de partisanisme ou de favoritisme entre ses deux chouchous. Car depuis février 1905, date du premier Derby de Madrid, rarement une confrontation entre les deux ennemis n’a revêtu une telle importance. Tout du moins sur le plan purement sportif. Pour faire simple, le Real joue quasiment son va-tout après avoir vu son avance de dix points sur le Barça fondre comme beurre au soleil lors de ses cinq dernières sorties (trois nuls pour deux petites victoires). Côté Colchoneros, cette partie se veut, comme chaque année, le match le plus important de la saison. Sentiment d’infériorité oblige face à l’immense voisin tout de blanc vêtu. Bref, il faut faire son choix, entre la Liga ou la Vie, la gloire ou l’honneur.
La Gloire Vs L’Honneur
Dans les rues adjacentes au Vicente Calderon, cela fait plus d’une semaine que l’on se prépare à la réception du pire ennemi – ou du meilleur, c’est selon – : une victoire dans le mini-derby face au voisin de Getafe, une qualification pour les demi-finales en Europa League, et une défaite particulièrement laide à Levante. Soit une préparation normale dans le quotidien fait de haut et de bas des matelassiers. « Historiquement, nous attachons beaucoup plus d’importance à ce match que tous les Madrilistas,explique Luis, membre des Ultras de la Frente Atlético, entre deux gorgées de cerveza.Ils nous regardent toujours du haut de leur trentaine de titres de champions. Mercredi, ils vont pleurer pour la défaite, et la perte de la Liga » . On n’est pas obligé de le croire, mais cette sortie n’est pas sans cacher sa part de vérité sur le supposé manque d’intérêt des aficionados du Real pour cette rencontre.
La preuve lors du dernier Derbi madrileño. Pas peu fiers de leur victoire 4-1, les Ultras Sur ont dévoilé une banderole des plus explicites: « Recherche rival digne pour derby décent. Contactez ici » . Evidemment, il n’en fallait pas plus pour réveiller un antagonisme qui ne demandait que ça. Pourtant, du côté de la Casa Blanca, la rivalité la plus exacerbée reste celle du Clasico. Le Barça, voilà l’ennemi juré des socios de Bernabeu. L’Atlético doit se contenter du deuxième rôle, celui du bouc-émissaire, du sparring-partner. En 74 duels au Vicente Calderon, les joueurs du Real se sont imposés à 30 reprises, contre 23 pour les Colchoneros. Pour José-Luis Calderon, jounaliste-communicant à Marca, ce derby ne pose plus la question de la suprématie dans la capitale: « L’objectif à quelques heures du derby au Calderon est de garder ces quatre points d’avance sur le Barça. Il faut regarder devant » .
« Le match le plus important »
L’enjeu sportif, voici ce qui manquait au dernier derby madrilène. Ce piment qui alimente un peu plus la pression populaire sera bien présent ce mercredi. Les joueurs rojiblancos l’ont apparemment bien compris. Comme le résume parfaitement Juan Fransico Torres, aka Juanfran, en quelques mots: « L’enjeu est grand, tout comme la pression sur le deux équipes. C’est le match le plus important de l’année » . Bizarrement, du côté de Mourinho, pas de punchline bien sentie à se mettre sous la dent. Pour autant, l’ambiance du vestiaire est loin d’être sereine. Les tensions entre l’enfant de Madrid Casillas et le Special One ne seraient pas encore éteintes. Bref, pas la meilleure des préparations avant un derby qui s’annonce bouillant. Surtout depuis que le Barça ne pointe plus qu’à une longueur du Real Madrid. Avec une victoire de l’Atletico, l’escouade de Messi et compagnie serait plus que jamais en course pour coiffer la Maison Blanche sur le gong. Il est là le danger pour le Real : que le vainqueur du Derbi madrileño s’appelle Barcelone.
Par Robin Delorme, à Madrid