- Ligue des champions
- 1/4 de finale aller
- Atlético Madrid/Real Madrid (0-0)
Un derby de Madrid sans spectacle, pas sans suspense
Dans un combat plus tactique que technique, l'Atlético, pas malheureux, et le Real, dominateur mais tombé face à un os nommé Oblak, se quittent dos à dos. Un score nul et vierge qui promet un match retour bouillant, à défaut d'avoir offert un spectacle brillant lors de cette première manche.
Atlético Madrid – Real Madrid (0–0)
Jan Oblak a tout de l’anti-star. Sa grande carcasse et ses épaules rentrées forment pourtant le grand bonhomme de ce derbi madrileño, remake de la dernière finale lisboète. Ironie de l’histoire, le premier déplacement européen de la saison lui avait été fatal. Sur le pré de l’Olympiakos, le portier slovène avait enchaîné bévues et hésitations. Sans pitié, Diego Simeone l’avait placé à ses côtés, sous la guérite. Jusqu’à la blessure de Moyá, sorti prématurément face au Bayer Leverkusen, seul son statut de gardien le plus onéreux du football espagnol le qualifiait. Sauveur lors de la séance de penaltys face aux Teutons, il a récidivé ce mardi dans un Vicente-Calderón rendu muet par le premier acte des Merengues. Plus que ses parades décisives, face à Gareth Bale ou James Rodríguez, Oblak a dégagé une sérénité tout en contraste par rapport à ses coéquipiers, méconnaissables dans leur manque d’engagement. Terminé sur un score nul et vierge, ce premier opus entre les frères ennemis de la capitale offre autant de regrets aux Madridistas, dominateurs contrariés, que d’espoirs aux Colchoneros, en souffrance, mais au coude à coude pour la qualification. Une qualification qui se décidera dans une semaine avec le Santiago-Bernabéu en guise de théâtre.
Un Calderón muet, un public apeuré
« Deux nuls peuvent faire l’affaire. » Carlo Ancelotti est maître dans l’art de communiquer sourire en coin. Suite à cette affirmation, chaque badaud présent au Vicente-Calderón s’attend à un match fermé, aux nerfs. Raté. Premier à frapper dès la seconde minute, son Real Madrid rend inoffensif le voisin du Sud de la capitale. Symbole de cette frilosité, Godín foire son dégagement. Gareth Bale active le mode buffle, s’avance devant Oblak qui offre son épaule pour remporter ce face-à-face. Le début du show slovène, également celui des ennuis pour les Colchoneros. Avec un James et un Modrić à hauteur de Kroos, les milieux de Simeone sont perdus, car sans marquage. La possession, loin d’être stérile, permet aux Blanc meringue d’enchaîner les combinaisons. De par ses décrochages, Benzema multiplie les solutions et les possibilités de frappes pour ses comparses. Sur chaque tentative, qu’elle soit du Gallois ou du Colombien, les gants du portier slovène s’interposent. Et offrent un grand bol d’oxygène au Calderón, plus apeuré que stressé. Une audience qui, sur les quelques prises de balle de Griezmann, auteur de la seule frappe cadrée des siens, se prend à espérer des minutes heureuses. Après la pause, donc.
Mandžukić, des coups et du sang
Frigorifiés par un vent tourbillonnant, déçus par des bières sans alcool, les aficionados locaux s’en remettent à l’esprit de guerriers de la bande à Simeone. Un iota moins fébrile, l’Atlético délaisse toujours le cuir à son ennemi. Avec une physionomie inchangée, la rencontre gagne en température suite au(x) coup(s) de sang de Mandžukić. L’arcade ouverte, victime d’une agression de Carvajal, le Croate passe le plus clair de son temps à houspiller Sergio Ramos et consorts. Le rythme s’en ressent, la qualité technique aussi. Benzema, si juste durant le premier acte, multiplie les mauvais choix. Comme lors de ce 69e tour de cadran, lorsque servi par Marcelo dans la surface, il tente une remise du talon bien plus complexe que la frappe qui s’imposait. Touché au genou, il est d’ailleurs le premier à être remplacé. Les quelques sifflets qui lui sont adressés se répètent, une petite minute plus tard, lorsque le Cholo décide de sortir son Français, Griezmann. Ses changements – entrées de Raúl García, puis de Fernando Torres – permettent pourtant à l’Atlético d’occuper la moitié de terrain adverse. En panique malgré toute logique, l’arrière-garde merengue concède des occasions que Torres et Mandžukić sont à deux doigts de convertir. Sur un dernier centre de Gabi, Raphaël Varane, impérial, s’interpose et laisse place à un suspense. La semaine va être longue.
À lire : les notes du match
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Par Robin Delorme, au Vicente-Calderón