Un derby de Gênes à la croisée des chemins

Plus besoin de présenter Massimo Ferrero, même hors des frontières italiennes, ses sorties médiatiques font le tour du monde et affolent les réseaux sociaux. Mais le moment tant attendu est arrivé. Facile cependant de faire le mariole quand tout va bien, moins évident quand la crise couve. À un moment ou un autre, la Sampdoria allait forcément ralentir, et c’est ce qui arrive avec une série de quatre matchs sans victoires, c’est-à-dire deux nuls et deux revers, ce dernier sur le terrain du Chievo qui lutte pour ne pas descendre. Fin de la belle, mais courte embellie ?

Le Genoa l’espère, tapi dans l’ombre de son cousin. Le doyen d’Italie réalise aussi une très bonne saison, sauf qu’il n’a pas un personnage excentrique à sa tête pour faire parler de lui tous les jours. Les Rossoblù aussi ont connu leur coup de moins bien, sept matchs sans succès entre la 15e et la 21e journée, mais avec une grosse dose de malchance et une incroyable série d’erreurs arbitrales (cinq buts encaissés non valables, santé !). La scoumoune vaincue, voici deux victoires de rang pour revenir à hauteur des Blucerchiati. Les deux rivaux à égalité à la 6e place, probablement synonyme de Ligue Europa en mai prochain, le leitmotiv de ce 90e derby de la Lanterne.

Gabbiadini trop vite bazardé

Excentré à la gauche du rectangle de la surface, Manolo Gabbiadini tire un coup franc en apparence anodin, l’idée est clairement de la mettre dans le tas, sauf que personne ne la dévie, et le ballon finit dans les filets de Mattia Perin. Ce sera le seul but du match. Nous sommes en septembre, et la Samp remporte le derby aller. Le héros n’est plus là aujourd’hui, vendu au Napoli en décembre en échange de 7,5 millions, soit la moitié du prix total de son transfert, puisque l’attaquant italien était en copropriété avec la Juve. Tout de suite, la Samp donne l’impression de vendre son meilleur buteur sans trop réfléchir. Une opération clairement sous-estimée avec un tout petit peu de recul. D’une, parce que Mihajlović a longtemps travaillé sur le bonhomme pour en extraire ses meilleures qualités, de deux parce qu’il a déjà planté quatre buts avec le Napoli, démontrant qu’il est bien en train de devenir une valeur sûre de la Serie A.

Eto’o et le Gronaldo colombien

Le bifton encaissé, Ferrero s’est jeté sur une star quelque peu déchue. Samuel Eto’o fils, son palmarès, ses buts et son caractère épineux. Trois jours seulement après sa présentation, il s’embrouillait avec Mihajlović après avoir refusé un double entraînement quotidien. Une star aux caprices légendaires lâchée au beau milieu d’un groupe qui a fait de la cohésion et de la solidarité ses points forts. Vu comme ça, il y a une belle prise de risques. À bientôt 34 piges, le Lion est plus indomptable que jamais. Son contrat, lui, court jusqu’en 2018… Pas mieux concernant l’autre recrue offensive. Le Colombien Luis Muriel, espoir qui tarde à confirmer et qui doit surtout sa réputation d’ex-futur Ronaldo à son hygiène de vie désastreuse. 10 millions de lâchés pour un joueur qui a passé ses visites médicales en deux fois.

Pendant ce temps, M’Baye Niang explose. Oui, oui.

À ce même moment, Gian Piero Gasperini subissait la énième révolution sans broncher. Huit départs et huit arrivées. Adieu Matri (meilleur buteur), Pinilla, Antonelli (capitaine), Mussis, Fetfatzidis, Greco, Rosi et Sturaro. Débrouille-toi avec les inconnus Bergdich, També, l’énième retour de Borriello, Costa, Laxalt, Ariaudo, Pavoletti et l’énigme Niang. Mais l’entraîneur des Rossoblù est rodé et a une fois de plus réalisé des miracles en quelques semaines trouvant déjà le bon amalgame. L’attaquant français est même méconnaissable, aligné en pointe, il a obtenu le penalty décisif contre la Lazio et inscrit un doublé contre le Hellas. Les tifosi du Genoa en sont déjà raides dingues en à peine quatre matchs. Gasperini a plus d’un tour dans son sac. Peu de techniciens possèdent sa science tactique en Italie, son 3-4-3 facilement transformable en 4-3-3 avec des joueurs capables d’occuper trois, quatre postes différents. Un genre de football total sauce pesto.

Sinisa a-t-il encore la gnaque ?

Mihajlović, lui, semble un poil fataliste. Tout ce remue-ménage hivernal l’a d’abord contraint à revoir ses plans tactiques. Non pas qu’il se limitait à un seul et même schéma de jeu, mais le 4-2-3-1 de la première partie de saison avait trouvé son rythme de croisière. Là, il se replie pour le moment sur un 4-3-1-2 moins efficace et qui complique les choix devant (5 grands noms pour 2 places). Son président a beau en tresser les lauriers et le confirmer à chaque petite remise en question de la presse, quelque chose semble s’être cassé. L’équipe tourne au ralenti et depuis un petit moment, à cause notamment d’une vilaine « pareggite » . Ah ça, ça ne perd pas beaucoup la Samp (4 revers en tout, un seul durant les 16 premières journées), mais ça gagne pas des masses non plus (4 succès sur les 17 dernières rencontres). Annoncé dans un club plus huppé avec insistance, Sinisa semble avoir un peu la tête ailleurs. Pendant ce temps, son club lâche du lest, et le rival lui passe devant…