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Un délicieux demi-choc
Déséquilibré sur le papier et au regard du classement de Ligue 1, ce choc au rabais entre l'OL et l'ASM n'en demeure pas moins digne d'intérêt. Pourquoi ?
Est-il plus simple de supporter l’OL ou l’ASM ? Cette saison, la question ne se pose décemment pas. Cette semaine, encore moins. Pétrifiés d’entrechoquer la réalité d’un relégable de Ligue 1 à celle d’un club du top 16 européen, les Monégasques n’en mènent pas large. Cela s’est vu sur la tête de Thierry Henry, vendredi, en conférence de presse. Cela s’est vu sur le fameux « point médical » hebdomadaire, qui s’est une nouvelle fois enrichi en surprises de dernière minute – Aït-Bennasser est malade et Pierre-Gabriel est victime d’une élongation, ce qui porte le total des blessés à seize joueurs. Cela s’est même vu sur le tarmac de l’aéroport de Nice, où l’avion des Monégasques a lui-même refusé de décoller ce samedi.
Pourtant, il réside un air de fatalité plénifiante dans la valse des tourments princiers. L’espoir d’une saison réussie ou même tout simplement rationnelle étant définitivement mort, il est désormais entendu que chaque petit point arraché contre le sort sera accueilli avec l’allégresse qu’il mérite. C’est un retour à la terre, au football des petites joies cueillies dans la mauvaise herbe, au plaisir de la survie quotidienne. L’ASM ne voit pas poindre la moindre solution à l’horizon, mais elle n’a plus à se chercher de problèmes. Et elle en est tellement gavée qu’ils finissent presque par s’annihiler. Tout le contraire de son hôte du soir, en somme.
Tenue correcte exigée
Car si l’ASM, libérée de toute ambition et d’envie de séduction, peut désormais enchaîner ses journées de Ligue 1 sans ressentir le besoin d’être présentable, l’OL a dorénavant le devoir de porter le costard. Même le week-end. Là est l’enjeu de l’hiver lyonnais. Prise dans ses perpétuels paradoxes, l’équipe de Bruno Génésio se place maintenant face à ses responsabilités. Elle peut rester elle-même – une équipe capable du meilleur comme du pire –, revenir à sa réalité à la fois frustrante et divertissante d’équipe caméléon dont le niveau fluctue souvent en fonction de celui de l’adversaire. Ou elle peut enfin renoncer à redevenir faible avec les faibles, assumer avec autorité sa condition de deuxième force du football français que l’ASM lui contestait jusqu’à cet été encore.
Historiquement, les confrontations entre les deux clubs ont souvent été intenses et porteuses de petites et grandes histoires. Elles ont notamment vu Sonny Anderson craquer devant la géniale insolence de Marcelo Gallardo, l’ASM dire au revoir à la Ligue 1 ou la bande de Génésio humilier celle de Jardim dans une soirée paradoxalement aussi salutaire pour l’une que pour l’autre. Raconter une histoire, maintenir la tension et l’attention : ce sont les missions lyonnaises du soir, celles de chaque semaine qui sépare désormais le club de Jean-Michel Aulas du grand frisson de février. La réception de l’ASM ne constitue qu’un demi-choc, alors Lyon devra être grand pour deux. L’OL va faire face ce dimanche soir à une équipe qui a autant la trouille d’elle-même que des autres, dont les meilleurs joueurs ne sont même pas majeurs, qui défendra le cul par terre, aura du mal à enchaîner trois passes… Le piège n’existe pas. C’est ce qui le rend aussi grand que bourré d’enseignements. Et si Monaco survit, c’est sûrement que Lyon aura fait un joli rêve étoilé. Mais la Principauté n’aura pas vraiment grandi.
Pr Chris Diamantaire