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- Croatie-Brésil
Un Brésil avant tout défensif
Si l’on parle beaucoup des artistes offensifs de la Seleção, les hommes de Tite s’appuient surtout un socle défensif imperméable depuis plusieurs mois, et encore plus depuis le début du Mondial.
On leur promettait une entrée en matière délicate. Contre la Serbie, puis la Suisse, le favori brésilien allait pouvoir vite se jauger dans ce Mondial, avant de défier le Cameroun. Résultat des courses : face aux deux principaux outsiders de sa poule, la Seleção n’a concédé aucun tir cadré. Zéro. Niet. Une statistique qui en dit long sur la solidité défensive retrouvée par le Brésil de Tite, face à des équipes qui ont ensuite marqué 4 et 5 buts en deux matchs. « Nous avons une équipe très équilibrée », prévenait Tite avant le Mondial. « Nous avons concédé peu de buts pendant les qualifications, et je ne prévois pas de remplir le terrain de défenseurs. Le secret, c’est de trouver l’équilibre. » Mission accomplie par le sélectionneur auriverde.
Des gardiens au chômage
Avant de défier la Croatie, autre référence défensive du tournoi avec 9 tirs cadrés concédés, le Brésil pointe lui aussi à 9. Un total probant, mais presque trompeur. En effet, sur ces 9 tirs cadrés concédés, 6 l’ont été lors de la deuxième période tout en relâchement des Brésiliens face à la Corée du Sud, puisqu’ils menaient 4-0 à la pause. Les trois autres l’ont été lors du dernier match de poule face au Cameroun, pour lequel Tite avait envoyé ses coiffeurs. Avec deux buts encaissés, le Brésil est d’ailleurs la deuxième meilleure défense du tournoi derrière la surprise marocaine – dont le seul but subi est un contre-son-camp de Nayef Aguerd face au Canada.
« Notre équipe défend très bien », s’est réjoui de son côté la légende Claudio Taffarel, désormais entraîneur des gardiens de la Seleção. « Ce n’est pas seulement le fait de nos défenseurs, de nos latéraux, de nos milieux, les attaquants aussi y contribuent. C’est très positif. Quand on ne concède pas d’occasions, on montre sa force. » De telle sorte qu’Alisson a dû trouver le temps long dans ses cages lors des deux premières rencontres. « Je sais que parfois, un gardien s’ennuie, veut participer, mais il est prêt », a rebondi Taffarel. « Je l’ai vu très concentré, très attentif au jeu. C’est une autre manière de participer au jeu, en communiquant, en accompagnant une action à 100%. Pour nous qui sommes sur la touche, c’est mieux qu’il ne soit pas trop sollicité. »
Des latéraux 2.0
D’autant que la situation n’est pas nouvelle pour Alisson Becker, puisque le Brésil était déjà la meilleure défense des qualifications sud-américaines (5 buts encaissés en 17 matchs). De quoi poser les bases et libérer les artistes offensifs (40 buts inscrits en éliminatoires, 7 dans ce Mondial). Jouer le Brésil de 2022 est ainsi devenu un casse-tête. Car en plus de gérer les attaques incessantes de Neymar, Antony, Raphinha, Vinícius ou Richarlison, il faut aussi perforer le bloc Casemiro, Fred, Marquinhos, Thiago Silva, Danilo et Militão, avant de se retrouver face à Alisson, meilleur gardien du monde en 2019. Et ce, alors que la Seleçãoest en fait en pleine pénurie de latéraux, puisque Alex Telles et Alex Sandro sont blessés, tandis que l’ancien Lillois Gabriel a dû déclarer forfait.
Autrefois réputé pour ses flèches venues de l’arrière, avec des latéraux ultraoffensifs qu’étaient Cafu, Roberto Carlos, Marcelo, voire Carlos Alberto, le Brésil de Tite affiche aujourd’hui un quatuor prudent, avec des défenseurs plus tempérés, même si les montées de Militão ou Thiago Silva se font sentir. L’ancien Parisien s’est d’ailleurs offert un record face à la Corée du Sud, en délivrant la passe décisive sur le quatrième pion de Richarlison. À 38 ans et 74 jours, Thiago Silva est ainsi devenu le passeur le plus âgé de l’histoire de la Coupe du monde depuis 1966, dépassant au passage Roger Milla (38 ans et 42 jours). Preuve que si ce Brésil se révèle imperméable, il n’en reste pas moins avant tout dangereux offensivement. Même avec ses défenseurs.
Par Adrien Hélard-Dohain