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Un Barça lunatique
Contre Eibar ce soir, le FC Barcelone va devoir s’imposer et espérer une utopique défaite du Real Madrid à Málaga. Une situation complexe dans laquelle le Barça s’est empêtré à force d’être toujours branché sur courant alternatif.
L’occasion est belle, très belle. Pour cette dernière rencontre de la 31e journée de Liga, le FC Barcelone se déplace à Málaga avec la possibilité de recoller aux basques du Real Madrid. Un peu plus tôt dans l’après-midi, les Merengues viennent en effet de perdre deux précieux points sur leur pelouse face au voisin de l’Atlético, grâce à un but tardif d’Antoine Griezmann (1-1). Pour le Barça, ce match à La Rosaleda pourrait donc permettre aux Catalans de revenir à égalité de points avec le Real, qui compte toutefois un match en retard à Vigo. Le Real possède toujours un léger avantage, mais le Clásico retour reste encore à jouer au Santiago-Bernabéu. En cas de victoire du Barça à Málaga, le grand rendez-vous fixé au 23 avril serait déterminant dans l’attribution du titre de champion d’Espagne. Encore faut-il gagner ce match… Une simple formalité pour les Culés ? Que nenni. Sans jamais inquiéter leur bête noire, Carlos Kameni, les Barcelonais repartent d’Andalousie avec une défaite aussi inquiétante que logique (2-0). Le symbole de cette saison à deux visages du Barça.
Les derniers seront les premiers
Bien entendu, le premier exemple qui vient en tête pour illustrer cette schizophrénie blaugrana, c’est la double confrontation face au Paris Saint-Germain. Passif à l’aller puis délirant au match retour, le Barça est sorti vainqueur grâce à la folie d’un match unique en son genre. Mais si l’on se penche un peu plus sur son parcours en championnat, il est également possible de constater des cas de figure similaires. Outre Málaga, le FC Barcelone s’est incliné cette saison sur sa pelouse contre Alavés (2-1) ou sur le terrain du Deportivo La Corogne, modeste seizième de Liga (2-1). Des défaites inacceptables pour un club qui envisage de conserver son titre de champion national. Des déroutes d’autant plus rageantes que dans les matchs du haut de tableau, le Barça excelle : lors de leurs trois déplacements contre ses trois adversaires les plus coriaces (Real Madrid, Atlético de Madrid, Séville), les hommes de Luis Enrique ont pris neuf points sur neuf possibles.
Comment expliquer ce paradoxe ? Le Barça, au contraire du Real Madrid, manque clairement d’alternatives pour faire tourner son effectif sans voir son onze baisser en qualité. Contre Alavés, les remplaçants en défense ont rapidement montré leurs lacunes : Lucas Digne et Jérémy Mathieu manquaient d’assurance sur le côté gauche de la défense, tout comme le portier Jasper Cillessen, plus jamais titularisé en Liga depuis ce jour. Contre La Corogne, la vacuité technique d’André Gomes et un Sergi Roberto en totale perdition au poste de latéral droit ont mis à mal la construction collective du Barça, puni sur les phases arrêtées. Contre Málaga, c’est une nouvelle fois Mathieu qui mettait en retard la défense barcelonaise sur un alignement douteux, cause du premier but de Sandro. Sans oublier que le non-remplacement numérique de Dani Alves en début de saison s’est avéré fatal. Le froid initial entre Luis Enrique et Aleix Vidal, conclu par la grave blessure de ce dernier juste avant le match aller contre Paris, a obligé l’entraîneur à revoir son système de jeu. Un choix plus par défaut que par pure décision tactique.
Mauvais œil
La révélation de l’échec du 3-4-3, d’abord encensé à la suite de la remontada face au PSG, est apparue contre la Juventus au tour suivant. Une nouvelle fois, le calvaire de Jérémy Mathieu confronté à la vitesse de Juan Cuadrado s’est perçu au beau milieu d’une première période cauchemardesque. Sorti à la mi-temps par son coach, le rouquin s’est définitivement grillé au sein du club et peut déjà commencer à faire ses bagages. Remplacé par André Gomes (courtisé par le Real l’été dernier, d’ailleurs), le Barça se liquéfie et perd toute chance de remporter un titre majeur, la finale de Coupe du Roi constituant un maigre lot de consolation. Peut-on réellement croire à une défaite madrilène à Málaga ce soir, comme l’avait connue le Barça en avril dernier ? Non. Ancien du Real Madrid, Michel est passé du banc de l’OM à celui des Boquerones, mais se considère toujours comme madridista. Quant aux paroles de son président, le cheikh Al-Thani, à l’égard des Catalans qu’il traite de « raclures » sur son compte Twitter, difficile de penser que le club soit ultra motivé contre le Real. Un mauvais œil porté sur le Barça, qui ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il ne possède plus son destin entre ses mains.
Par Antoine Donnarieix