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Un Barça à double face
Malgré ses premières places domestiques et européennes, Barcelone suscite quelques interrogations. Entre une défense préoccupante et une attaque flamboyante, ce Barça frôle la schizophrénie. État des lieux.
« Je retiens surtout l’effort de mes joueurs qui, après quatre ans passés à gagner, ont toujours la volonté de se battre alors que nous étions à dix pendant quarante minutes. » Tito Vilanova a manqué de s’étouffer. Après un match tout-feu tout-flamme dans un Riazor bouillant, le Barça a finalement décampé de La Corogne avec trois points dans la musette. Une septième victoire qui permet aux Catalans de caracoler au top des charts domestiques – en duo avec l’Atlético. Ce début de saison en boulet de canon offre donc toutes les certitudes du monde au niveau comptable. Mais dans ce monde si lisse des Blaugranas, le victoire seule ne suffit pas. Et Tito ne le sait que trop bien. Depuis sa prise de pouvoir, son Barça est loin du spectacle et des audaces tactiques du Pep. Les succès étriqués face à Osasuna, Valence, Grenade, Moscou, Séville et la Corogne sont là pour le rappeler. Entre pépins physiques et retour au classicisme de rigueur, le Barça s’est trouvé des problèmes de riche.
Bérézina dans l’arrière-garde
Un casse-tête qui part du bas de la pyramide. Car du haut de ses cinq trophées Zamora – portier ayant encaissé le moins de buts sur une saison – Victor Valdés traverse une période de doute. Ces dernières semaines, il alimente de nouveau les bêtisiers entre relances foireuses et ballons relâchés dans les pieds des attaquants. Lors du premier Clasico semestriel, Valdes se troue dans les grandes largeurs et en mondovision. Ce samedi en Galice, il a remis le couvert : une faute de main grossière, des placements aléatoires… Bref, tout sauf une assurance tout risque. Le garçon garde pourtant la confiance de ses coéquipiers – Iniesta : « Pour moi, Valdés est le meilleur gardien de but au monde » – comme celle du staff – Vilanova : « Je ne suis pas inquiet (…). Les titres et les matchs qu’il nous a fait gagner parlent pour lui » –, il n’en reste pas moins l’un des maillons faibles du système azulgrana.
Deuxième cas fâcheux, celui de la défense, dont tous les membres de la saison dernière pointent à l’infirmerie. Abidal s’adapte à son nouveau foie, Puyol peut lécher son coude, Pique squatte les Unes des magazines de mode, Dani Alves pense déjà à son cinquante et unième tatouage… Bref, un quatuor d’éclopés qui laisse le champ libre au tandem Song-Mascherano. Un binôme par défaut qui ouvre des espaces énormes dans son dos et qui accumule des petites erreurs qui coûtent si chers. Milieux de formation, les deux lascars sont bien loin du niveau de la doublette aux deux P (Pique-Puyol). Pas étonnant, donc, que les filets blaugranas aient déjà tremblés onze fois en Liga. Statistique toujours, ce total cantonne le FCB à une pauvre neuvième place au classement défensif. Face à La Corogne, les Blaugranas se sont cachés derrière les grossières erreurs du corps arbitral. Mais les bourdes de Mascherano ou de Jordi Alba ne doivent rien à personne.
Fabregas change la donne
Heureusement, l’attaque barcelonaise, elle, carbure toujours au super. Tout, ou presque, a déjà été dit sur Lionel Messi. La Pulga marche littéralement sur l’eau : onze buts en Liga, 71 toutes compétitions sur l’année civile… Dans le jeu, sa palette devient de plus en plus imposante. En témoignage sa propension à enquiller les coup-francs. Mais la méthode Tito est ailleurs. Depuis sa prise de pouvoir, le tacticien a remis à jour le 4-3-3 de rigueur. Alors que Guardiola utilisait Cesc Fabregas en faux numéro 10, vrai 9 et demi, Vilanova en a fait un vrai milieu relayeur à la sauce toque. Critiqué pour son manque d’impact dans le jeu blaugrana, l’ancien Gunner a depuis remis les coucous à l’heure. Avec son jeu plus direct vers l’avant, il permet d’alterner entre la maestria de Xavi et les coups de rein d’Iniesta. Au point aujourd’hui de devenir le milieu le plus utilisé dans cette saison 2012-2013 – derrière l’inamovible sentinelle Busquets, suspendu en ce mardi. Bref, la partition de Francesc Fabregas i Soler est à l’image de Barcelone : mi-figue, mi-raison. En soit, la rançon du succès pour une équipe qui a habitué le monde au sublime.
Par Robin Delorme, à Madrid