- Euro 2016
- Quarts
- France-Islande (5-2)
Umtiti, pas encore un gros minet
Pour sa première sélection, Samuel Umtiti aura vécu une soirée assez sereine au sein d'une équipe de France qui a fait exploser l'Islande. Mais le néo-Barcelonais n'a pas pour autant donné les garanties qui lui permettront de déloger Adil Rami en vue de la demi-finale contre l'Allemagne.
La dernière fois qu’un Français a honoré sa première cape en pleine phase finale, l’Angleterre était championne du monde quelques jours plus tard. Une autre époque qui souligne le côté exceptionnel de la trajectoire de Samuel Umtiti. Encore réserviste fin mai, hors course quelques jours avant la liste définitive, le défenseur formé à Lyon a validé son billet grâce à la blessure in extremis de Jérémy Mathieu. Début juillet, il vient de signer à Barcelone et de disputer un quart de finale de championnat d’Europe. Une illustration de la vitesse à laquelle les carrières peuvent évoluer dans le football. Jean-Michel Aulas avait annoncé un grand match de son protégé contre l’Islande. Si on considère le résultat final et la dimension collective, Umtiti sort grandi de son baptême du feu. Individuellement en revanche, il n’a pas forcément fait bouger la hiérarchie, alors qu’Adil Rami est passé à travers contre l’Irlande.
Devancé par Sightorsson sur le premier but islandais
Car dans un match somme toute facile pour l’équipe de France, la défense a de nouveau grincé avec deux buts largement évitables. Sur le premier de Kolbeinn Sightorsson, la responsabilité de l’ex-Lyonnais est clairement impliquée puisqu’il est devancé par l’attaquant du FC Nantes. À sa décharge, les Islandais étaient en surnombre – 3 contre 2 – devant le but d’Hugo Lloris. Sur celui de Birkir Bjarnason, la coordination avec Eliaquim Mangala et Patrice Évra est clairement défaillante. Sans forcément accabler Samuel Umtiti – qui n’avait plus joué en match officiel depuis un mois –, la performance défensive globale française ne plaide pas pour son maintien en demi-finales. Car avec un enjeu supérieur et un adversaire beaucoup plus percutant, Didier Deschamps ne devrait pas prendre le risque d’aligner un quatuor absolument pas rodé.
Peu de passes vers l’avant, seulement 50% de duels gagnés
Même si la nouvelle recrue du FC Barcelone est satisfaite de sa prestation – « pour une première, c’est pas mal » –, on retiendra donc que son manque de temps de jeu et d’automatismes avec ses partenaires est un risque évident. Contre l’Islande, Didier Deschamps lui a demandé « de jouer simple » , ce qui est ressorti dans ses statistiques. 95% de passes réussies, mais seulement 23 sur 84 jouées vers l’avant (75% de réussite), quand Laurent Koscielny frôle la perfection dans ce registre avec 26 passes vers l’avant réussies sur 27. Plus inquiétant, Umtiti ne s’est pas montré intraitable avec seulement six duels remportés sur douze et deux tacles réussis sur quatre. De quoi se dire que sans avoir été mauvais ou catastrophique, le jeune défenseur n’a pas été monstrueux. Or, il aurait fallu qu’il le soit pour espérer s’imposer comme titulaire en vue du choc face à l’Allemagne.
Par Nicolas Jucha