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Ultras – Hooligans : tous dans le même sac ?

Par Christophe Gleizes et Raphael Gaftarnik
Ultras – Hooligans : tous dans le même sac ?

Ce soir, il y aura deux matchs à Anderlecht. En marge du déplacement du PSG à Bruxelles, plusieurs hooligans du club de la capitale ont annoncé leur envie d'en découdre avec leurs homologues belges. En souvenir de 1992, et pour l'amour de la baston. Une attitude qui dérange certains ultras refusant tout amalgame.

« Si les mecs ont envie de se taper, il n’y a pas grand-chose à faire, ils iront à la fight. » Philippe Perreira, ancien membre du Kop Boulogne annonce la couleur. Le match de poule entre le PSG et Anderlecht de ce mercredi est placé sous le signe de l’affrontement. Pas tellement sur le terrain, où l’opposition semble déséquilibrée, mais en dehors de l’enceinte, là ou les supporters les plus virulents des deux clubs risquent de se croiser. Plusieurs échauffourées ont déjà eu lieu hier soir entre les deux camps. Elles ont conduit à l’arrestation de 70 supporters parisiens, dont certains étaient équipés de gants renforcés et de couteaux de boucher.

Une rivalité ancienne

L’animosité entre les deux factions remonte aux années 80. À l’occasion d’un France-Belgique, nos voisins du Nord avaient essuyé les coups d’un groupe de supporters tricolores. Le conflit s’est ensuite déplacé vers les clubs des deux capitales, avec pour point d’orgue le match de Coupe de l’UEFA du 24 novembre 1992. Ce jour-là, les Belges avait défié les Parisiens en bas de la tribune Auteuil. Résultat : de nombreux blessés et une violence que racontait Fred, hooligan à la retraite, dans les colonnes de L’Express en 2003 : « Tuer quelqu’un ? Se faire tuer ? On n’y pense pas. Mais c’est vrai que, le soir de PSG-Anderlecht, on avait éclaté un mec sur une voiture. On s’est demandé après si on ne l’avait pas tué. »

Ce lundi, d’anciens membres de la tribune Boulogne ont dévoilé dans les colonnes du Parisien leur envie d’en découdre, en souvenir du bon vieux temps. Expulsés du Parc à la suite du plan Leproux, et évoluant toujours à la marge des déplacements officiels, les bannis rallieront Bruxelles par leurs propres moyens et assisteront au match en dehors du cadre prévu par le PSG. Un comportement qui pénalise d’autres franges de supporters, en particulier les ultras, qui subissent de plein fouet la politique de nettoyage des tribunes menée par le PSG. Également interdits de stade, ils ont décidé de manifester leur mécontentement par des actions plus ciblées (boycott) tout en continuant à suivre leur club lors des déplacements. Cette attitude « hors système » pousse les pouvoirs publics à considérer les deux parties comme semblables, alors même que les intéressés s’en défendent : « Le modèle ultra est inspiré du modèle italien : le tout réside dans l’animation des tribunes, les drapeaux, tout ce qui est coloré dans le stade, ce qui n’emtraîne pas forcément la violence. Le hool, en revanche, il n’en a rien à branler des drapeaux, il est davantage calqué sur le modèle anglais. Il aime le foot, mais est davantage là pour se battre et défendre son territoire » , explique Philippe Pereirra, avant d’ajouter : « Dans les deux cas, tu retrouves des codes de respect et de tradition propres à chaque club. Le problème, c’est que pour le PSG, il n’y a qu’une seule et même définition du supporter. Ils nous mettent tous dans le même moule. »

Tolérance zéro

Cette uniformisation conduit trop souvent à l’amalgame, comme l’explique Ted*, un membre éminent du collectif PSG Fans, qui regroupe différentes associations ultras. Ce dernier souligne pourtant des différences de motivation évidentes : « Les ultras se déplacent tout simplement pour suivre le club. On s’organise toujours pour ramener des banderoles, des tifos, avoir des mégaphones. Ensuite, on profite de la ville, et évidemment, quand un groupe bouge, il peut y avoir des problèmes. Mais ce n’est pas le but de nos déplacements. » Si certains débordements sont inévitables, l’idée n’est selon lui pas de défier les autorités : « Dès l’instant où tu regroupes 300 personnes, y aura peut-être un violent, un voleur, un drogué. Mais nous, l’esprit qui nous anime, c’est la passion de supporter, de passer des moments entre potes. D’ailleurs, notre position a toujours été la même. Si quelques-uns font des conneries, ils ont toujours assumé leurs actes et fait face à la justice, du moins lorsque celle-ci est impartiale. »

Entre des débordements inhérents à tout mouvement de foule et la fight organisée, la ligne peut toutefois paraître mince. Face à ces détails qui forgent une distinction capitale pour les supporters, les autorités ne s’embarrassent pas vraiment. Elles ont frappé fort en appliquant une politique de tolérance zéro. Qu’importe les différences, tous dans le même sac. Une situation que déplorent Ted et les ultras, victimes du comportement des plus violents et du battage médiatique induit : « Personnellement, je ne me rendrai pas à Anderlecht à cause du contexte qui a été amplifié par les médias. Les forces de l’ordre risquent d’avoir un comportement négatif à notre égard et de ne pas faire la différence en cas de problème avec une frange violente. » Philippe Perreira rajoute : « Le problème de la fight, c’est que les polices belges et françaises savent plus ou moins qui a passé la frontière ou pas. Ils vont alors coller des interdictions administratives de stade parfois arbitrairement, parfois à raison, pour le seul prétexte que certains supporters ont passé la frontière. »

S’il ne veut pas prendre de risques en se rendant en Belgique, Ted estime cependant que les actes de hooliganisme relèvent dans leur grande majorité de la sphère du fantasme : « On parle beaucoup de bastons de supporters, mais je n’en ai pas vu ou entendu parler depuis au moins 3 ans. Il y a eu un accrochage dans un bar de Porto, mais ça n’a rien à voir avec de la violence organisée, il n’y a même pas eu d’interpellations. Je ne dis pas que le hooliganisme n’existe pas, mais je n’en ai pas été témoin directement et je pense que cela reste marginal. » Un constat plus au moins partagé par Philippe Perreira, qui tente davantage de minimiser les faits : « De mon point de vue, il n’y a aujourd’hui pas tant de violence que cela. Le PSG a toujours été sous le feu des projecteurs, au moindre travers les médias nous tombent dessus, alors que des fights, il y en a dans toutes les villes de France et d’Europe. Et puis de toute façon, comment tu veux empêcher une baston à 200km du stade ? Le plus souvent, ce n’est qu’un détail, les supporters se mettent sur la gueule dans des coins retirés, cela ne dérange pas vraiment l’ordre public. »

Rancœurs et système D

Cet ordre public, le PSG et les autorités se sont promis depuis quelques années de le protéger, à coups de mesures restrictives et d’interdictions considérées comme arbitraires. Une tactique manifestement efficace au Parc, où la morosité gagne du terrain, mais qui a fait de la direction du club une cible commune pour ultras et hooligans de tout bord. Remonté, Philippe Perreira livre le fond de sa pensée : « Je trouve les moyens mis en place au mieux risibles, au pire choquants. Les supporters du PSG vont déjà être escortés comme des malades, on est vraiment obligés de dépêcher un hélicoptère ? Le fait est que le PSG a besoin de soigner son image pour ses clients, de montrer qu’ils sont particulièrement impliqués dans la lutte contre le hooliganisme, quitte à en faire trop et à pénaliser d’autres franges de supporters assidus. » Reprenant son souffle, l’ancien porte-parole du Kop of Boulogne poursuit : « Si les dirigeants du PSG veulent vraiment éviter la violence, ils devraient simplement autoriser la vente de billets aux supporters qui se déplacent à l’extérieur, autrement dit majoritairement les ultras. Ce serait beaucoup plus logique de mettre tout le monde dans le même parcage. En ne le faisant pas, le risque, c’est que les belges se fassent une nouvelle fois démonter et qu’ils se vengent ensuite sur des supporters parisiens esseulés, venus tranquillement voir le match. » « Le refus de nous donner accès au parcage pose des soucis » , confirme Ted, avant de compléter : « Ceux qui veulent se rendre sur place sont obligés d’acheter leurs places sur internet ou même sur le lieu de la rencontre et donc, de se mélanger avec les locaux. Nous permettre d’accéder au parcage permettrait d’éviter ce genre de problèmes. »

En attendant, les supporters les plus fidèles se débrouillent pour vivre leur passion au plus près, en usant de ruses diverses et de système D. « Il y a une très belle solidarité en Europe entre ultras, explique Philippe Perreira.Des amis m’ont raconté que beaucoup de supporters belges ont fait le nécessaire pour que les supporters parisiens puissent avoir des places pour le match. Ils sont venus à Paris leur remettre les billets en main propre. Ces billets ne seront pas forcément à leur noms, mais ils iront voir le match. Cela avait déjà été le cas lors du déplacement à Porto. » Si la solidarité entre supporters progresse, certaines rancœurs demeurent. Reste à espérer que la boucherie se limite ce soir au terrain.

* le nom a été changé suite à une demande d’anonymat

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