Comment avez-vous réagi en apprenant que le match avait été fixé au dimanche 10 mai à 14h ?
Nous avons été assommés. On ne l’avait absolument pas vu venir. On pensait que le match pouvait avoir lieu le vendredi 8 à 20h30, mais pas le dimanche après-midi, pour la simple et bonne raison que les gens qui décident de cela sont censés connaître un petit peu le football. Quitter un stade dans lequel les Girondins ont passé 77 ans, ça ne se fait pas en catimini. Et pourtant, ils en ont décidé ainsi.
Les Girondins avaient fait la demande auprès de la Ligue de jouer le samedi à 20h ?
Les Ultramarines avaient fait la demande aux Girondins, qui eux-mêmes s’étaient bougés, par l’intermédiaire de David Lafarge (le chef de la sécurité du FCGB). Après, ce qu’il se passe entre le club et la Ligue, je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que modifier l’horaire à quinze jours de la rencontre n’est pas acceptable. Le club a déjà vendu quasiment toutes les places, des gens ne peuvent plus venir…
David Lafarge s’était occupé d’obtenir les autorisations pour que les festivités aient lieu le samedi soir, c’est bien cela ?
Tout à fait. Il nous a aidés pour la réalisation des tifos, il était aussi abattu que nous. Il s’est chargé de tout le travail de consensus avec les autorités. Ce qui nous rend furieux, c’est que c’est un diktat de l’argent sur la passion et le football en général. Imaginez qu’aujourd’hui, on se soucie plus des gens qui vont regarder le match devant leur télé que des gens qui avaient, pour certains, prévu de parcourir des centaines de kilomètres pour ce match qui leur tenait particulièrement à cœur. Nous sommes passionnés, et donc bénévoles, et nous étions en train d’organiser une journée qui allait être la meilleure des publicités pour le football, pour le sport, et pour notre club. Tout cela est réduit à néant, parce que quatre énarques ont décidé que ce match allait avoir lieu un dimanche à 14h, parce que la télévision était intéressée !
Après le match, nous avions prévu des buvettes, un concert, avec l’autorisation de rester dans le virage jusqu’à 1h du matin. On ne va pas remplacer ça par un goûter.
Quel était le programme des festivités que vous aviez prévues ?
Cela devait débuter dès le matin, et se poursuivre jusque tard dans la soirée. Aujourd’hui, tout ce que l’on a demandé, négocié, tombe à l’eau. Nous devions occuper la place de la République, pour la transformer en « village Girondins de Bordeaux » , avec une scène, un écran géant diffusant les moments historiques de Lescure, la présence d’ancien joueurs… Il devait ensuite y avoir un cortège de plusieurs milliers de personnes se dirigeant vers le stade. Tout cela, ça ne se fait pas entre 5h et 10h du matin. C’est totalement impossible. On avait prévu plusieurs tifos dans le stade. Avec la luminosité qu’il y a à 14h, le rendu ne sera pas du tout le même. Après le match, nous avions prévu des buvettes, un concert, avec l’autorisation de rester dans le virage jusqu’à 1h du matin. On ne va pas remplacer ça par un goûter.
Vous en voulez plus à la LFP ou au diffuseur ?
À la LFP. Les diffuseurs ont le droit d’être aux fraises, ils sont un peu détachés. La Ligue de football professionnel a négocié son sport avec des mecs qui s’occupent de faire des grilles de programmes télé. Pour le peuple du football, c’est une trahison. Et en plus, elle est incapable de faire la part des choses et de dire : « Écoutez, là c’est le dernier match dans un stade, c’est un événement important, il serait opportun qu’il se dispute à un horaire raisonnable » . C’est la LFP, c’est leur métier, ils sont payés par le football, et ils sont incapables de comprendre ça. À partir de là, qu’est-ce que vous voulez faire ? Le football est devenu un jouet. On a beau jeu de critiquer les Qataris sur l’organisation de la Coupe du monde. Aujourd’hui, la France prend ce chemin-là, celui de l’argent-roi, dans lequel la morale et la passion n’auront plus leur place. On ne décolère pas, nous sommes furieux. Nous allons mener un combat pour que ce match n’ait pas lieu un dimanche à 14h, et nous ne lâcherons pas l’affaire. Il est hors de question qu’on se laisse mener par le bout du nez par des gens qui détruisent notre sport ! Nous sommes des milliers à avoir pris la nouvelle comme un coup de massue. Notre stade, avec ses 77 ans d’histoire, mérite une sortie dans la lumière.
Quelles actions allez-vous mener pour changer l’horaire du match ?
Je vous dis tout cela à chaud, parce qu’on n’avait pas du tout anticipé ça. On appelle déjà tous les supporters girondins à manifester leur mécontentement, à harceler la LFP au téléphone et sur les réseaux sociaux. Nous nous rassemblerons également de 18h à 19h, place Johnston (devant le stade Chaban-Delmas, ndlr), avant le match contre Metz. Nous espérons être le plus nombreux possible, pour montrer que pour quelque chose d’aussi important, il y a forcément une adaptation possible. C’est un événement exceptionnel. Et compte tenu de cette exception, nous demandons aux décideurs de se raviser.
Vous vous sentez soutenus par le club ?
Le FCGB est largement derrière nous sur la base d’un changement d’horaire, y compris le vendredi (qui sera férié), ce qui permettrait d’être télévisé.
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