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Ulreich suffit-il au Bayern ?
Orphelin de Manuel Neuer, blessé depuis le mois de septembre, le Bayern Munich accorde une entière confiance à Sven Ulreich, son portier remplaçant. Qui alterne quelques erreurs largement évitables et beaucoup d'exploits hautement appréciables.
C’était le 18 septembre dernier. À cette date, Carlo Ancelotti était encore l’entraîneur du Bayern Munich, et son équipe allait plutôt bien. Malheureusement pour elle, Manuel Neuer, qui avait déjà manqué la fin de la saison précédente à cause d’une fracture au pied gauche, officialisait son abandon de poste pour de longs mois en raison d’une rechute. Et voilà le champion d’Allemagne qui s’effondrait en larmes, inquiet au regard de ses ambitions débordantes. Normal, vu la qualité de son dernier rempart tout juste nommé nouveau capitaine du club. Trois mois plus tard, les Bavarois ne savent plus s’ils doivent rire ou pleurer.
Titulaire au Bayern, sérieusement ?
La situation est la suivante : pas franchement déboussolés par l’indisponibilité de Neuer (dont le retour est espéré en février), les dirigeants du Bayern ont opté pour la solution interne. À savoir donner les clés des cages à Sven Ulreich (tout en offrant un nouveau contrat à l’ex-retraité Tom Starke). Un gardien arrivé en 2015 en provenance du VfB Stuttgart (220 matchs en huit saisons professionnelles) pour succéder à la doublure Pepe Reina et qui n’avait disputé que treize rencontres toutes compétitions confondues (pour quinze buts mangés) avant de découvrir son tout nouveau costume de titulaire dans l’une des plus grosses teams de la planète. De quoi effrayer les fans.
Surtout que le bonhomme n’a pas vraiment impressionné sur la durée par le passé. « Franchement, moi qui ai joué avec lui à Stuttgart entre 2012 et 2013, je peux dire qu’il n’a jamais fait partie des meilleurs à son poste en Allemagne » , plante Johan Audel, qui se marre en présentant le portier comme son « meilleur ennemi » , ce dernier lui ayant rompu les ligaments du genou à l’entraînement après un plongeon maladroit et inutile. « Il avait de grosses défaillances dans son jeu au pied. Il ne respirait pas le talent et tu te disais qu’il était loin de pouvoir jouer dans un grand club. Je suis donc un peu sceptique de le voir là. »
Une boulette et des miracles
Les supporters également. Du moins au début. Car malgré toute sa bonne volonté, Ulreich peine d’abord à faire oublier le robot Manuel. Face à Wolfsbourg, le 22 septembre, celui qui a coûté 3,5 millions d’euros touche le fond en prouvant qu’il ne vaut pas davantage. Sa bévue coûte deux points aux siens, qui menaient encore 2-0 à l’heure de jeu.
« Ce n’est pas un gardien habitué à faire des bourdes » , soutient pourtant Audel. Thomas Müller, lui, défend corps et âme son partenaire après la partie et expulse les doutes devant la presse : « Toute l’équipe est derrière lui. Vous le verriez à l’entraînement… Il n’y a vraiment pas de quoi être inquiet. » Des paroles censées, puisque Ulreich lui donne bientôt raison sur le terrain.
Depuis quelques semaines, le grand ami de Paolo Guerrero relève en effet la barre. Mieux : il brille. Grace à sa spécialité : les penaltys. Déjà énorme contre le Borussia Dortmund lors de la Supercoupe d’Allemagne début août (deux tirs au but stoppés sur six pour un succès 5-4), Ulreich a récidivé en seizièmes de finale de la Coupe d’Allemagne contre le RB Leipzig (qualification arrachée après le dernier tir au but de Tino Werner arrêté par Monsieur). Puis en championnat contre Hanovre. Et enfin à… Stuttgart – en Bundesliga, toujours -, à la dernière minute alors que le Bayern ne menait que d’un pion. « Sven Ulreich vaut de l’or pour nous » , a immédiatement applaudi Jupp Heynckes en conférence de presse à la suite de ce sauvetage. « Il a toujours été super bon dans cet exercice, témoigne Audel. En 2013, nous avons atteint la finale de la Coupe d’Allemagne en grande partie grâce à lui et ses parades lors des tirs au but. Il avait d’ailleurs été élu meilleur joueur du club par les supporters cette saison-là. »
Our match-winners! @esmuellert_: Weak foot #Ulreich: Reactions #MiaSanMia #VfBFCB pic.twitter.com/6KJnY1hPFp
— FC Bayern English (@FCBayernEN) 16 décembre 2017
La sueur des sommets
« Évidemment, ça fait plaisir d’arrêter un penalty et d’assurer trois points à son équipe, a, de son côté, kiffé le principal intéressé face aux médias. J’avais un bon pressentiment aujourd’hui sur ce penalty et je suis heureux de pouvoir aider l’équipe comme cela. Ça fait plaisir de pouvoir revenir et de montrer ce que l’on a appris. Ces dernières années, ici, n’ont pas été faciles. Mais je me réjouis de pouvoir aider le Bayern Munich. » Pour en arriver là, Ulreich n’a eu d’autres choix que de transpirer. Une habitude chez lui selon Audel : « C’est vraiment un gros bosseur. Et quand tu vois le sérieux qu’il met dans tout ce qu’il fait, tu te dis que ça peut compenser ses lacunes. Le travail peut amener partout, hein. La preuve : il a vachement progressé. Notamment dans son jeu au pied (55% de passes réussies en Bundesliga avec Stuttgart contre 74,5% avec Munich, même si le style de jeu des équipes respectives peut constituer une autre explication à cette évolution). Ses relances aujourd’hui sont à peu près propres. S’il est là, ce n’est de toute façon pas pour rien. Il est quand même le remplaçant du meilleur gardien du monde. »
Un avis partagé par ses supérieurs, qui n’ont pas hésité à cracher sur les rumeurs de transfert évoquant une arrivée de Bernd Leno cet hiver – « de l’intox complète » pour Hasan Salihamidžić, directeur sportif « très satisfait de ses gardiens actuels » . Après tout, une C1 peut aussi se jouer sur une séance de péno.
Par Florian Cadu
Propos de JA recueillis par FC