- Ligue des champions
- Groupe A
- J2
- Atlético Madrid/Juventus (1-0)
Turan décongèle l’Atlético
Au bout du bout de l'ennui, Arda Turan a délivré un Vicente-Calderón presque endormi. Entre guerre tactique et ennui ferme, l'Atlético de Madrid profite du petit but de son génie turc pour recoller à son adversaire du soir. La meilleure des mauvaises soirées en somme.
T. Arda (74′) pour Atlético Madrid
La tête de Turc est un phénomène à la mode à Madrid. Au Calderón, elle est même devenue une sacré qualité. Arda Turan, une nouvelle fois le meilleur Matelassier, a sorti, au bout de l’ennui, son Atlético d’un bien vilain piège en marquant sur la seule réelle opportunité des siens. Vilain, ce match l’a été pendant son intégralité. Les deux onze titulaires ne présageaient de toute façon rien d’excitant. Face au 3-5-2 de la Vieille Dame, Diego Simeone décidait une nouvelle fois de se passer d’Antoine Griezmann. En lui préférant le jeune Saúl, la terre du milieu était densifiée. Mais son Atlético en a oublié de jouer. Lors d’un premier acte chiant à mourir, Arda Turan s’est senti bien seul. En seconde, idem. Comme un grand, il a permis au vice-champion d’Europe de prendre trois points importantissimes dans la course à la qualification. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Malmö a tapé l’Olympiakos et met à égalité toutes les équipes du groupe. Comme quoi, même l’ennui est le meilleur ami de cet Atlético frileux, mais heureux.
La prudence ennuie
La Guardia Civil fait apprécier sa testostérone dès la sortie de la station Piramides. Comme lors de tout déplacement italien au Vicente-Calderón, elle monte la garde et scrute la foule qui se déverse vers l’antre des Colchoneros. Les quelques tifosi sont arrêtés et leur est expressément demandé de rentrer leur liquette dans le sac. Car les Matelassiers ne sont pas fans de tout ce qui arrive de la Botte – l’AS Roma mise à part. L’entrée des joueurs sur la pelouse se fait sous les huées, la chanson de la Ligue des champions est étouffée. Les « puta Platini, puta Platini » descendent des tribunes et accompagnent le début de rencontre. Ultra-tactique et ennuyeuse, elle ne s’emballe que lorsque le tableau d’affichage annonce l’ouverture du score de Ludogorets face au Real… Pour sortir de cette torpeur, Arda Turan gratifie l’audience de quelques sucreries, alors que Mandžukić la joue gladiateur et enlève sa protection nasale. Nada mas. La Juve, en supériorité numérique au milieu, attend patiemment son heure. Sans occasion à se mettre sous la dent, le Vicente-Calderón s’ennuie. Seule une frappe plein axe du Croate chauffe les gants du Buffon. Moyá, lui, peut jouer sans les mains : pas une seule frappe turinoise ne trouve le cadre. À trop être prudent, le Cholo ne se laisse plus qu’une mi-temps pour trouver la faille.
Super Arda
Quelques minutes, et toujours autant de chienlit, après le retour des vestiaires, le sprint d’Antoine Griezmann vers la guérite de l’Atlético se fait sous l’ovation d’un Caldéron impatient. En remplacement du jeune Saúl, le Français fait remonter le bloc madrilène de par sa présence. Toujours brouillons, toujours sans occasion, les Colchoneros se font plus pressants. Le cuir ne quitte qu’à de très rares instants la moitié de terrain italienne, les tribunes reprennent de leur chaleur. Elles poussent même un cri du cœur lorsque le ballon ricoche sur une main bianconeri. Pour rien. Comme après la tempête, le calme – pour ne pas dire l’ennui – gangrène de nouveau la rencontre. Inexplicablement, les Rojiblancos baissent en intensité et se replie dans leur camp. La Juve se contente de faire tourner la chique pendant que les locaux contestent chaque coup de sifflet de l’arbitre teuton. Même le Frente Atlético, à l’accoutumée plus bruyant, semble plonger dans un sommeil à la kryptonite. Le moment est alors choisi par Arda Turan pour se la jouer Clark Kent. Sur un centre brossé de Juanfran, le Turc reprend de l’intérieur et laisse pantois Buffon. Sans réaction, la Juventus est amorphe, sonnée. Tout comme Morata, fraîchement entré, est averti sous une bronca anti-madridista. Comme les agents de police espagnole, aucun Italien n’a pris son pied ce soir au Calderón.
Par Robin Delorme, au Vicente-Calderón