- Billet d'humeur
Tu sais qu’il est temps d’arrêter le football quand… par Vikash Dhorasoo
« J'ai claqué beaucoup d'argent dans l'alcool, les filles et les voitures de sport - le reste, je l'ai gaspillé. » À l'entendre, George Best n'a pas eu trop de mal à couper avec le foot et son milieu. Pour d'autres en revanche…
« Est-ce que l’on peut faire mieux, est-ce qu’il faut continuer si l’on passe seulement son avenir à recopier les premières heures, est-ce que l’entraînement de demain justifie de se coucher tôt ce soir. Lorsque l’on a tout gagné, il faut encore jouer, continuer de grandir, essayer de s’amuser, mais après la déprime de la victoire comme un baby blues…1968 était un sommet et à 22 ans, c’était triste… » Vincent Duluc dans son livre sur George Best, décidément, Le 5e Beatles.
Oui, le foot, c’est fantastique, c’est fantastique à l’excès. Un jour, on gagne. Parfois trop tôt car dès lors, c’est déjà fini. Quel choix ? Tout arrêter ou regagner. Regagner et encore regagner pour prolonger le rêve. Devenir une machine inc(l)assable. Continuer à jouer au foot par peur du vide, peur de l’ennui, peur de retomber dans l’anonymat. Pour signer un dernier contrat juteux finalement.
Parce que arrêter le foot, c’est dur, très dur. S’y préparer pas facile. Admettre que c’est la fin et ensuite faire le deuil du plus beau métier du monde, impossible ! Alors on rêve les yeux fermés, les yeux ouverts et puis, un jour, on se réveille. C’est vraiment fini et cette montée d’adrénaline, faudra aller la chercher ailleurs. Ou alors perdre la mémoire…
Ou plus simplement arrêter. Et tu le sais quand…
– tu t’appelles Robert Pirès… et que pour ne pas redevenir un homme normal, tu t’exiles en Inde pour participer à une « League » fermée réservée aux ex-futurs retraités du football.
– tu t’appelles Boumsong, Lizarazu, Dugarry… et que pour faire croire que tu joues encore au football, tu arpentes les plateaux TV pour parler foot. On t’appelle consultant, spécialiste, expert. Si tu t’appelles Éric Roy ou Marc Libbra, on ne t’appelle pas expert. Si tu t’appelles Larqué ou Courbis, on t’appelle aigri.
– tu t’appelles Xavi, Lahm, Cruijff, Platini… et que tu es le plus fort, que tu as tout gagné et que tu te demandes bien ce que tu pourrais faire de mieux, à part regagner tout comme avant. Ah oui, peut-être toucher la lune. Ou alors devenir président de l’UEFA. Puis de la FIFA.
– tu t’appelles Nasri… et que tu veux aller en EDF, car gagner la Premier League tous les ans, ça commence à être relou. Mais comme Deschamps ne veut pas de toi et que tu es fier et con, alors tu annonces ta retraite internationale…
– tu t’appelles Thiago Silva… et que t’es capitaine de la Seleção, mais que t’as pas les couilles d’aller tirer ton penalty. Cojones garçon… N’est pas Neymar qui veut. Ouille, ça pique ça, un pays qui t’en veut. Traître à la nation. Ben, ils ont qu’à y aller eux. Oui, mais tu es payé très cher pour ça, non ? Résister au stress, à la pression, c’est le minimum. Et maintenant, tu te blesses un peu facilement. Ça pue le stage en HP ce truc !
– tu t’appelles Louis Saha ou Ludovic Giuly… et qu’à chaque fois que tu es sélectionné, tu te blesses juste avant. Cojones garçons ! C’est le début de l’arnaque !
– tu t’appelles Alain Roche… et qu’un jour on te voit sur L’Équipe 21, puis sur i>Télé et puis, et puis… Faut choisir gars. J’espère au moins que tu es payé pour faire ça, le tour des plateaux télé. Au moins qu’ils te remboursent les notes de frais.
– tu t’appelles Valbuena… et que parce que, parce que, parce que finalement, parce qu’on ne sait pas pourquoi tu es le meilleur, et que finalement tu pars en Russie, alors tu pleures, tu pleures parce que tu quittes l’OM. Ou parce que tu es dégoûté. C’est le monde dans lequel on vit, mec ! Pas assez vendu de maillots cette année.
– tu t’appelles Gourcuff… et que finalement c’est déjà fini. Difficile d’être une star du football. Trop beau ! Trop intelligent ! Trop éduqué ! Trop louuuuuurrrrrddddd ! Finalement, tu auras joué un an en fait. Un match par-ci par-là. Un but parfois. Faudrait penser à voir le psy. On le préconise en fin de carrière, mais ça aurait été bien aussi au début. Et même pendant.
– tu t’appelles Eusébio, Zico, Samuel Eto’o, Lionel Messi, Cristiano Ronaldo… et que tu as tout gagné. Mais un jour, tu as perdu, car en fait, tu n’as toujours pas tout gagné et que c’est dur de s’en remettre. Tu es certainement ami avec Lionel Jospin et tu devrais assumer pleinement la responsabilité de ton échec et en tirer les conclusions en te retirant de la vie footballistique…
– tu t’appelles Maradona… et que tu peux gifler un journaliste parce qu’être Maradona, ça te donne le droit d’être gros, con et mauvais entraîneur.
– tu t’appelles Marcel Desailly… et que le râteau, le sombrero, le petit pont café crème que tu prends à 36 balais ne t’envoie pas à la retraite. Tu tentes une dernière Coupe du monde. « Baccalauréat ou pas bac, je serai président » , puis le Qatar pour y croire encore et prendre un peu de pognon aussi, car t’en as certainement pas assez…
– tu t’appelles lui, lui et lui, et lui aussi tiens et encore plus lui et l’autre aussi là-bas… et que le foot, c’est trop trop trop fort !!!
– tu ne t’appelles pas Guivarch… car toi, tu as préféré aller vendre des piscines pour un pote et au lieu d’être un héros, peu de gens se souviendront que tu as été l’avant-centre de la France championne du monde. Et 1 et 2 et 3-0. T’as tout mis de côté et c’est peut-être toi qui t’en sors le mieux.
– tu t’appelles Vikash Dhorasoo… et qu’un jour tu as remplacé ZZ au stade de France pour sa 100e et dernière sélection en France. Ce jour-là, tu as craqué, pression trop forte. Alors tu as erré en Allemagne, puis au Parc des Princes et même à Livourne. T’as même tenté Grenoble. Quelle lose ! Faut accepter gars. « This is the end ! »
– tu t’appelles Vikash Dhorasoo… et après ta carrière tu as fait le consultant, le spécialiste, mais pas l’expert pour 100%foot, juste pour faire croire à ta mère que passer à la télé même à minuit, c’était encore jouer au foot. Et surtout pour lui éviter pendant un moment de regarder tes matchs en VHS. Histoire aussi que ton entourage fasse le deuil de ta carrière…
Par Vikash Dhorasoo