Tu sais que Wesley Sneijder te rend dingue quand…

… pour toi, il y a le numéro 10. Et il y a les autres.

… toi aussi, tu te l’es tatoué sur l’avant-bras.

… quand tu vois Kevin-Prince Boateng avec le numéro 10, t’as l’impression de voir un punk à chien au volant d’une Aston Martin.

… pour toi, c’était sûr que Mesut Özil allait faire n’importe quoi avec le 11 à Arsenal. On ne rigole pas avec la magie du 10.

… qui dit numéro 10 dit héros. Et qui dit héros dit derby…

… tu sais qu’un très grand numéro 10 n’a pas besoin de connaître ses coéquipiers pour les faire briller. T’en connais beaucoup, des numéros 10 qui ont fait gagner un derby 4-0 sans s’être jamais entraîné avec ses coéquipiers ?
… tu sais que Sneijder s’était déjà mis Istanbul dans la poche lors du derby l’an passé. But de la victoire, et ouais !

… et là, il aurait pu marquer d’une reprise de volée du milieu de terrain (oui, pour toi, à ce moment précis, quand c’est Sneijder qui tire, c’est bien du milieu de terrain).

… tu étais chauve à 23 ans. Et alors ?

… si Michel était plus élancé, si Diego était bien plus rapide, si Juan Roman est plus vertical, Sneijder mise tout sur le toucher de balle et la vision du jeu. Petit, costaud, lent et génial.

… une vision du jeu qui avait déjà vu, en janvier 2010, que l’arbitre Rocchi était dangereux pour le football italien.

… tu sais qu’au fond, Rafael van der Vaart est devenu célèbre grâce à sa femme, alors que Sneijder a fait connaître Yolanthe Cabau au monde entier.

… tu respectes un homme qui refuse Manchester United tous les étés. Parce que Milan. Parce que Istanbul. Parce que la vie, quoi.

… toi aussi, si Yolanthe Cabau et Javier Zanetti te l’avaient demandé, tu te serais converti au catholicisme.

… tu aimes le whisky.

… dans ta famille aussi, les noms des hommes se finissent tous par « -ey » . Wesley, Rodney, Jeffrey… Tu trouves ça nul, mais tu continues quand même la tradition.

… toi aussi, à l’école, tu aimais faire des premiers trimestres de malade, convaincre toute la classe et tous tes profs que tu pouvais être trop fort, et ensuite te reposer sur tes acquis le reste de l’année, jusqu’aux exams.

… ta devise, c’est « si je veux, quand je veux, je peux… »

… s’il le voulait, Sneijder pourrait devenir « le dernier grand joueur gros de l’histoire » .

… entre-temps, il est devenu le dernier grand joueur des neiges. Peu importent les conditions, la météo, l’arbitre ou l’adversaire, tant que l’enjeu est énorme, Sneijder répond présent. N’est-ce pas, Antonio Conte ?

… tu sais bien que l’année 2010 de Sneijder fait partie des plus grandes performances individuelles de tous les temps. Serie A, Coupe d’Italie, Ligue des champions, Supercoupe d’Italie, Coupe du monde des clubs, finale de Coupe du monde et titre de co-meilleur buteur du Mondial. En jouant milieu de terrain. Avec l’Inter et les Pays-Bas.

… d’ailleurs, pour toi, le Ballon d’or 2010 n’est pas argentin.

… tu te demandes si Leo Messi pourrait survivre dans la folie d’Istanbul.

… tu te demandes si Leo Messi aurait eu le courage d’aller prendre le numéro 10 de Felipe Melo. … tu te demandes en quoi Leo Messi mérite de porter le numéro 10 alors que c’est un ailier droit de formation. Pour toi, tu nais 10, tu ne le deviens pas.

… Clarence Seedorf ? Un grand joueur. Mais à 19 ans, Sneijder lui avait déjà pris sa place dans l’entrejeu des Orange.

… et un seul match lui avait suffi pour convaincre tout le pays : novembre 2003, barrage retour des qualifs pour l’Euro 2004 contre l’Écosse. Sneijder ouvre la marque et distribue trois passes décisives. À 19 piges. Victoire 6-0.

… face à Cristiano Ronaldo au Stade de France, Raphaël Varane a donné l’impression d’être une fusion entre Alessandro Nesta et Jaap Stam. Contre Sneijder, c’était plutôt un truc entre Rami et Mexès.

… tu apprécies Cristiano Ronaldo, sa confiance naturelle, sa frappe de balle, son style. Mais tu sais pertinemment qu’il ne sait pas brosser un ballon convenablement.

… en revanche, tu sais que Sneijder sait brosser tous les ballons du monde, même avec le pied gauche, même avec l’extérieur. La banana pass, qui d’autre sait la faire ?

… pour toi, Cristiano est un joueur technologique et Messi est un joueur bionique. Alors que Wesley est un puriste. Chacun son truc, après tout.

… un puriste dans tous les sens. Lucarnes, whisky, femmes, bouffe. Mais surtout lucarnes.

… grand joueur, donc grands matchs, et donc grandes compétitions, forcément.

… tu as souri quand tu as vu Robben faire le super héros cet été au Brésil. Mais comme prévu, il s’est arrêté de jouer en huitièmes, au moment où Sneijder a décidé de commencer sa saison.

… tu as souri amèrement quand tu as vu Van Gaal enlever le brassard de capitaine des Pays-Bas à Wesley pour le mettre sur le petit bras lâche de Robin van Persie. Résultat : des branlées en poule, et zéro jeu en phase finale.

… non, tu n’as pas oublié que Wesley a manqué son pénalty contre l’Argentine de Sergio Romero. Mais tu sais pertinemment que ses coéquipiers n’auraient jamais été capables de battre cette Allemagne en finale. Alors, pour se faire humilier contre le rival voisin…

… pour toi, ce raté n’est rien d’autre qu’une certaine forme de vision du jeu, en fait.

… tu n’as pas oublié non plus que Wesley est le seul homme ayant réussi à faire passer Arjen Robben et Robin van Persie pour des gros nuls. C’était à l’Euro 2012.

… tu es petit et costaud.

… pour toi, l’égo est une qualité chez les footballeurs du XXIe siècle. D’ailleurs, pour toi, ce n’est rien d’autre que « la recherche perpétuelle de son meilleur soi » . Ça ne peut être que positif.

… Arjen Robben et Robin van Persie ? Deux corps de lâche sans mental.

… même si ça t’arrive parfois de parler de Ballon d’or, tu refuses d’admettre que tu vis dans le passé. Même quatre ans après.

… car pour toi, Sneijder pourrait le gagner en 2015, s’il le voulait.

… mais de toute façon, pour toi, le Ballon d’or ne veut plus rien dire. Pour toujours.

… sauf si l’ancien système de votes était rétabli, parce que ça voudrait dire qu’en 2010…