- Footraque
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Tu sais que tu prépares un tournoi de foot quand…
Avant de connaître la joie de s'envoyer une merguez et un coca entre deux matchs de poule, avant de pouvoir se consoler d'une défaite en faisant remarquer à tes coéquipiers que, dans l'équipe d'en face, il n'y avait que des mecs qui auraient pu devenir pros, il faut bien souvent passer par des galères en tous genres. Tu sais que tu prépares un tournoi de foot quand...
… t’as toujours un pote qui peut.
… puis finalement qui ne peut pas.
… puis qui finit par se pointer le matin même sans avoir prévenu personne.
… tu passes des heures à élaborer des tactiques et des schémas de jeu : « Là, je pars sur le côté, tu la mets en profondeur, et je te la fous dans l’axe. » Imparable.
… pour qu’au premier match, la moitié de ton équipe te dise : « Je joue quel poste moi déjà ? »
… tu cherches pendant des jours et des jours le gars qui acceptera de jouer gardien.
… et qu’importe qu’il soit nul, nain ou manchot, tu veux juste t’éviter le supplice de « tourner aux cages » .
… tu as forcément une feuille qui traîne sur ton bureau : celle avec ton effectif, les postes, et les amis qui ne « sont pas encore sûrs de pouvoir venir » .
… tu perds 50% de tes joueurs quand tu annonces que le rendez-vous est fixé à huit heures du mat’ et à trente bornes de chez vous.
… et tu sais que les 50% qui restent se pointeront à moitié bourrés après une nuit de deux heures : « T’inquiète, ça va le faire. » Toi, tu t’es reposé tranquillement devant le programme de divertissement de TF1.
… d’ailleurs, juste avant le premier match du tournoi, tes potes restent loin des considérations tactiques : « Soirée de malade ! On a fini par un strip poker avec Justine et Anaïs… »
… après avoir envoyé 300 textos, 40 relances par mail, avoir fait trois fois le tour de la ville pour passer chez tes potes, tu as enfin réussi à réunir la somme nécessaire à l’inscription.
… tu as soigneusement décrotté tes « stabis » et préparé ton maillot Manchester United floqué « Beckham » . Ou « Andy Cole » si tu es un puriste. Ou « Scholes » si tu es ce pote pas top techniquement, mais qui compense en courant sept kilomètres.
… finalement, tu devras jouer en chasuble jaune.
… à peine arrivé sur le site, tu regardes les autres équipes s’échauffer. Et tu remarques que ce grand mec en maillot « Équipe de France » peut faire très mal.
… tu t’étais promis d’aller courir tous les soirs la semaine précédant le tournoi et d’arrêter la clope. Résultat : 500 mètres et cinq paquets de Marlboro Gold. Bon ratio.
… il t’est arrivé de rêver à la victoire finale : toi, sur le podium, soulevant une énorme coupe dorée devant une foule déchaînée.
… tu as imaginé un lieu magnifique, des terrains verts, un premier match facilement gagné, une finale où tu marques le but décisif à la dernière minute. Pas de bol, le synthé dégueulasse coincé entre deux usines ne t’accueillera que jusqu’à la fin du premier tour.
… tu as demandé à certains membres de ton entourage (famille, amis, nana si tu as de la chance) de t’accompagner. Pour assister à ton moment de gloire.
… tout en sachant qu’ils vont repartir au bout d’une heure car « ça met trop de temps à commencer » .
… tu passes des jours entiers à regarder les équipes de ta poule et à les ranger dans les catégories « fort » , « moyen » , « mauvais »
… ton sac est blindé : Volvic aromatisée (pour le sucre), barres de céréales (pour la fringale), bière réchauffée (pour la troisième mi-temps).
… dans le bus ou la voiture qui te conduit au stade, tu as le regard noir, une capuche enfoncée sur ta tête et des écouteurs dans les oreilles. Le son que tu écoutes :
… évidemment.
… tu as essayé d’organiser des entraînements toute la semaine pour « répéter les gammes » . Vous étiez trois.
… tu as mangé des pâtes. Toute la semaine. Et même le matin du tournoi.
… tu as le droit aux excuses les plus bidons de ton pote en retard :
… « Désolé, ma voiture n’a pas démarré. »
… « Désolé je ne retrouvais pas mes crampons. »
… « Désolé, Sarah avait la gastro. »
… l’un de tes coéquipiers a la fâcheuse tendance à toujours oublier un élément essentiel : ses crampons, son maillot, son short… Même parfois son niveau.
… tu sais que le mec qui joue en jean est le plus pourri du tournoi.
… tu as perdu ton meilleur joueur sur réquisition de sa copine : un cinéma, ou la rupture.
… tu as regardé Les yeux dans les Bleus. Pour te donner du courage.
… et aussi pour puiser l’inspiration de ton discours d’avant-match : « Bernard, t’es pas Zizou ! Alors joue simple. »
… en tant que capitaine, tu as déjà pensé ton geste fair-play : laisser ton pote un peu nul soulever la Cope.
… ce tournoi, c’est TA Coupe du monde. Point barre.
Par Gabriel Cnudde et Raphael Gaftarnik