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Tu sais que tu n’as pas envie d’entrer sur la pelouse quand…
Le football ne fait pas toujours de cadeau. Ses supporters encore moins. D’ailleurs, parfois, tu n’as pas forcément envie de tâter la pelouse. Et oui, tu as peur. Pour plusieurs raisons. Que tu sois professionnel ou amateur, il y a clairement des fois où quand tu es sur le banc, tu aimerais y rester. Et elles sont nombreuses, en plus…
… quand tu reviens jouer sur la pelouse du club au sein duquel tu as évolué plusieurs années. Tu sais, celui que tu avais juré de ne jamais quitter, quoi qu’il arrive…
… et même si t’es sur le banc depuis le début, les supporters pensent déjà à toi. Enfin à ta mère, surtout !
… tu espères qu’au moment de ton entrée, elle ne regardera pas la télé, d’ailleurs.
… quand c’est la 93e minute et que ton entraîneur te dit « Allez, joue comme tu sais le faire ! »
… quand juste avant le match, dans le tunnel, t’as traité d’ « enculé » le défenseur central de l’équipe adverse qui fait 1m95. Soit 20 cm de plus que toi !
… et toi, comme un con, tu vas pas tarder à entrer en tant qu’avant-centre.
… quand t’as vraiment envie d’aller chier…
… quand tu entres à la 85e, alors que ton équipe est menée 4-0. « Fais-toi plaisir » qu’il te dit ton coach.
… quand t’as vu tes potes se faire humilier toute la première période !
… et te connaissant, tu sais très bien que tu vas prendre au moins un petit pont. L’humiliation suprême.
… quand tu joues en plein milieu d’un quartier et que tu remplaces un mec qui vient de se prendre une pile dans la gueule.
… quand t’es abrité au chaud sous une couette, pépère, et qu’il neige sur le terrain. Qu’il neige beaucoup, même !
… quand ça se chauffe depuis le début du match sur le terrain, et que la baston est là, toute proche.
… et dans ce quartier, il n’y pas de stadiers, ni de pompiers, et encore moins de policiers pour séparer.
… quand tu joues dans un vieux bled, au fin fond du Cantal, et que tu es le seul Noir sur le terrain. Dans le village aussi, d’ailleurs !
… quand tu t’apprêtes à passer le niveau 89 de Candy Crush sur lequel tu bloques depuis 4 semaines. Les priorités, bordel !
… quand t’as appris que toutes les mères de tes potes sur le terrain étaient des péripatéticiennes. Enfin, d’après la trentaine de mecs chauds sur le bord de la pelouse.
… quand t’as pris une grosse charge la veille et que tu te demandes si tu ne vas pas faire une rupture d’anévrisme sur le terrain. Ou une crise cardiaque. Ou un AVC. Enfin, t’as peur de mourir, quoi !
… quand l’ex de ta meuf joue dans l’équipe d’en face !
… le poing américain dans sa chaussette est d’ailleurs très mal dissimulé.
… quand il y a plusieurs blessés dans ton équipe et que ton entraîneur te dit : « Bon, ben, il n’y a plus que toi. Fonce et joue simple, hein ! » Elle est là, la mise en confiance.
… quand tu as déjà vu trois de tes potes se faire défoncer par le mec qui est censé te charger.
… d’ailleurs, celui que tu remplaces vient de sortir du terrain à l’instant. Enfin, il a été projeté au-dessus de la barrière, plus exactement.
… quand t’as oublié tes chaussures à la maison, et que ton coach t’as gentiment prêté ses kipsta. Taille 48, bien sûr.
… quand t’es en train de fumer ta clope. Ou ton joint.
… quand tu n’étais pas au courant que l’équipe d’en face était composée de personnes apparemment très énervées. Les racailles des rectangles verts.
… quand ta meuf est venue te voir avec des copines à elle. Eh ouais, tu ne supportes pas la pression.
… quand t’as oublié tes protège-tibias, alors que les mecs d’en face, eux, n’ont pas oublié leurs vissés.
… quand tu t’es endormi sur le banc, tout simplement.
… quand tu t’apprêtes à manger ton grec-frites, sauce samouraï, supplément fromage, sans oignons. Bah ouais, depuis le temps que tu joues pas, t’as la dalle, forcément.
… quand tes pieds sont gelés par le froid. Déjà que tu ne vois pas comment tu pourrais marcher, alors encore moins jouer au foot.
… quand l’autre remplaçant qui est sur le banc avec toi est un sacré déconneur. Sa blague sur la mère de Toto est vraiment folle, d’ailleurs.
… quand, le soir même, t’as une grosse soirée. Ce serait con de se blesser maintenant, hein. Le foot c’est bien rigolo, mais ta vraie passion, c’est la drague alcoolisée.
… quand tu sais que les douches des vestiaires ne marchent pas en ce moment. On ne joue pas tous à San Siro, malheureusement !
… quand tu n’acceptes pas ton statut de remplaçant ! Tu n’es pas un joker de luxe, un point c’est tout. Carlos Tévez est d’accord avec toi, d’ailleurs.
Par Gaspard Manet