- Scène de ménage
Tu sais que tu fais chier ta femme avec le foot quand…
Ta vie se résume souvent à choisir entre ta meuf et du football. Évidemment, c’est presque toujours le foot qui gagne, aussi sale soit-il. Parfois, tu tentes de mélanger les deux. Mais ça ne marche jamais. Non, c’est sûr, à choisir, elle préfère tes ex à ce sport à la con.
…elle attend avec impatience le week-end pour avoir un moment avec toi. Sauf que le week-end, tu es pris du vendredi au dimanche soir. Les matins, à la limite.
…les sorties conjointes pour marquer des points type ciné ou resto ne se font que le lundi. « Le jeudi, c’est l’Europa League. Le vendredi, il y a Istres-Angers » , tentes-tu. Ben quoi ?
…tu reconnais que voyager, c’est cool. Mais l’intérêt d’une grande ville est avant tout son ou ses stades de foot. Et bien sûr que si c’est culturel.
…en préparation de votre petit séjour londonien, elle se permet de consulter ton historique : www.arsenal.com, www.chelseafc.com,www.tottenhamhotspurs.com, www.whufc.com, www.qpr.co.uk, www.fulhamfc.com, www.cpfc.co.uk. Et ouais, même Crystal Palace.
…les lendemains de victoire, tu te balades toute la journée avec le maillot de tes petits préférés.
…tu crois bien faire en lui racontant ce match fou d’il y a une dizaine d’années, auquel tu as assisté bien sûr, même si tu as mystérieusement perdu le ticket. « Un des plus beaux souvenirs de ma vie, chérie. » Juste ce qu’il ne fallait pas dire.
…quand tu n’occupes pas ton temps libre avec les matchs à la télé ou en streaming, tu te tapes une petite partie de Football Manager. On est en 2022 et tu es en finale de Ligue des champions avec Hanovre 96.
…tu lui parles de tout en métaphores footballistiques. A propos de ton pote célibataire : « Il drague bien et tout, mais il pèche dans la finition. » Ça marche avec les copains, pas avec elle.
…tu lui reproches ses sautes d’humeur. Mais tu t’es vu, toi, un soir de défaite ?
…tu te sers de l’argument d’un match du dimanche dans un coin paumé pour esquiver le sacro-saint repas de famille chez beau-papa et belle-maman.
…tu utilises d’ailleurs le même argument pour repousser sans cesse le week-end à Barcelone que tu lui as promis. Il y a deux ans et demi que tu tiens, enfoiré.
…tu lui as plu avec tes beaux discours universalistes, mais ton comportement lors de France-Espagne t’a fait perdre toute crédibilité. « Tous des sous-races, ces Espingouins. » D’ailleurs, Barcelone, ça attendra encore un peu.
…l’été arrive. Est-ce que tu te montres plus disponible ? « T’es folle, c’est la période pour jouer avec les potes au city-stade. Se balader au bord du lac, t’as de ces idées… » , t’empresses-tu de lui répondre à sa proposition de pique-nique champêtre.
…elle te fait plaisir en venant te voir tâter de la baballe mais repart avec cette image de toi dépourvue de virilité après que tu t’es roulé sur le terrain comme Valbuena ou Nenê. « C’est donc ça mon mec? » , ressasse-t-elle depuis.
…tu lui radotes que t’adorerais l’emmener au stade. Juste une fois, pour qu’elle connaisse cet endroit qui t’est si cher.
…tu finis par l’emmener. Elle trouve le terrain « tout petit » , elle demande pourquoi personne ne commente et elle assure ne pas avoir vu le seul but du match.
…tu l’emmènes en virage au Vélodrome. « Tu vas voir l’ambiance, c’est génial » as-tu osé… Elle a kiffé se faire vomir dessus par une poubelle qui s’est imbibé de 51 au Fair-Play, le troquet du boulevard Michelet.
…tu l’emmènes au Parc pour PSG-Barça. « Non mais t’as quand même pas osé balancer 500 € ? A la limite, il y aurait eu Victoria Beckham sur le terrain. MAIS MÊME PAS !! » Ses mots doux résonnent encore en toi.
…tu l’emmènes en virage au stade Gerland. « Tu vas voir l’ambiance, c’est génial » , as-tu osé… Elle a kiffé se faire enfumer les tympans par l’autre givré du virage Nord qui fait plus de bruit avec ses simples cordes vocales que trois kapos munis de mégaphones.
…tu rappelles constamment à vos connaissances communes que votre date de rencontre correspond à celle de la victoire des Bleus contre le Brésil en 98. Depuis, elle regrette d’avoir avancé votre premier rencard pour ne pas te voir un vendredi 13. Putain de superstition.
…tu mets des tacles la nuit sous la couette après t’être fait humilier en duel à l’entrainement.
…tu viens saloper le carrelage avec ta paire de Copa dégueulasse quand tu vides ton sac. Derrière, c’est elle qui te vide le sien et ça sent encore plus mauvais pour ta pomme…
…tu remplis les interstices entre les lattes du parquet avec tes billes en caoutchouc noir de ton Urban foot.
…tu gueules « Je t’aime toi ! » après un but crucial de ton joueur dans une partie qui l’est non moins. Ta gonz’ y croit une demi-seconde, puis baisse la tête.
…tu la vires au moment où elle commence à te caresser. « Arrête putain, il y a Brest-Paris qui va commencer ! » Finalement, tu regrettes d’avoir préféré la calvitie de Bruno Grougi à celle du bas du ventre de ta compagne…
…tu te sers mieux de tes pieds que de ta langue.
…tu emploies la langue française façon Ribéry avec des expressions comme « J’en ai gros à la patate » , « C’est le gâteau sur la cerise » ou « J’suis quelqu’un de pas très chalant »
Tu t’es cassé en douce du mariage de sa frangine pour aller mater le XI d’Europe au PMU du coin.
Par Arnaud Clément et Léo Ruiz