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Tu sais que tu es un fin connaisseur de la Ligue 2 quand…
La fin de la saison de Ligue 2 est dingue, folle, palpitante. Mais il y a encore quelques mois, comme chaque année, tu te foutais totalement de ce qu'il se passait dans l'antichambre de l'élite. Heureusement, dans la vie, le plus important est de faire illusion, et il suffit de peu de choses pour que tout le monde pense que tu suis la L2 de longue date. Tu sais que tu es un fin connaisseur de la Ligue 2 quand...
… tu as révisé l’orthographe du stade de Strasbourg pour ne plus te planter en écrivant « Meineau » à la place de « Meinau » .
… tu as appris à dire « John Bostock ? Le prodige que ces débiles de Tottenham n’ont pas fait jouer ? Ben oui, je le connais depuis un bout de temps » avec la même sérénité que Cahuzac qui jure qu’il n’a pas de compte en Suisse en plein milieu de l’Assemblée.
… tu ne sais faire qu’un seul geste, tu retournes ta veste.
… tu as adhéré à En Marche ! entre les deux tours de l’élection présidentielle.
… en deux semaines, tu as testé toute la carte de Domino’s pizza. Leur steak & cheese est une sacrée valeur sûre, et la spéciale merguez vaut aussi le détour.
… tu as découvert l’histoire de Bernard Joannin, le président du SC Amiens. Depuis, tu achètes uniquement tes vêtements chez Intersport.
… d’ailleurs, Amiens est devenu ta nouvelle ville favorite. Tu l’appelles « La petite Venise du Nord » , et tu fais croire à tout le monde que ça fait six mois que tu avais prévu leur saison dingue. L’élection d’Emmanuel Macron aussi.
… tu fais croire que la Ligue 1 et ses équipes qui terminent à 90 points te scandalisent. Cette Ligue 2 qui va couronner un champion à 65 points, tu y vois la preuve de défenses solides.
… tu ne sais pas qui sera barragiste, mais tu rêves d’un affrontement contre un SC Bastia qui jouera plus que jamais avec le couteau entre les dents.
… tu as tenté d’imaginer les différents scénarios pour la montée, en calculant les conséquences d’une victoire ou d’une défaite de chacun des six prétendants. Et tu as compris que c’était dix fois plus compliqué que de trouver le meilleur troisième lors du dernier Euro.
… tu as découvert le plaisir que c’était de ne pas t’emmerder à devoir zapper entre trois chaînes pour suivre une journée de championnat.
… tu répètes à qui veut l’entendre que le PSG aurait réglé ses problèmes de gardien depuis bien longtemps s’ils avaient fait confiance à Nicolas Douchez.
… ta nouvelle passion te coûte quand même tous tes vendredis soir. Et rater de l’alcool, des fêtes et des filles pour te taper des matchs un peu pourlingues, ça te pèse un peu. Mais il ne te reste qu’une semaine à tenir, et pouvoir faire le malin devant tout le monde est plus important que tout.
… tu ne peux pas citer un seul joueur de Strasbourg et tu as dû les regarder jouer vingt minutes, mais tu es formel : « Ils sont vraiment forts cette saison. Je peux te dire qu’ils vont en surprendre plus d’un en Ligue 1. »
… tu espères le retour des Sang & Or en Ligue 1 pour avoir droit à des Lens-Lille. Que tu suivras en supportant les Lensois, bien sûr.
… tu as dû réapprendre les paroles de la chanson Les corons. Et tu t’es rendu compte à quel point c’était l’enfer de savoir à la fin de quel couplet il fallait dire « Et je lui dois ce que je suis » , « Grâce à eux je sais qui je suis » ou « C’est avec eux que j’ai compris. »
… en voyant Sochaux, Auxerre ou Lens, ça te fait quand même sacrément bizarre de te dire que tu mates de la Ligue 2.
… en revanche, quand tu vois Clermont, Bourg-en-Bresse, Tours ou Orléans, tu as un peu l’impression d’être face à un panneau d’affichage SNCF.
… avec les Chamois niortais, les Crocodiles de Nîmes ou les Lionceaux de Sochaux, tu as découvert des équipes aux noms encore plus marrants qu’en NBA ou en NFL.
… tu ne connaissais pas Adama Niane il y a encore un mois. Et la première fois que tu as entendu parler de lui, tu étais persuadé qu’il s’agissait d’Amara Diané.
… tu es naze en bricolage, tu sais à peine resserrer un boulon, et tu as peur de changer une ampoule. En revanche, tu n’hésites jamais à monter sur le toit pour huiler ta girouette, qui fonctionne toujours à la perfection.
… tu te marres en voyant tout le monde applaudir le titre de champion de France de Monaco. Décomplexé, tu oses affirmer : « Moi, il y a quatre ans, je les ai vus triompher en Ligue 2 ! »
… comme tous les mythomanes pathologiques, tu finis presque par croire aux bêtises que tu racontes.
… tu apprécies Manuel Valls et Bruno Le Maire.
… tu fais croire que ton club préféré à Paris, c’est le Red Star. Mais ça fait tellement longtemps que tu ne t’es pas intéressé à eux que quand tu as voulu aller les voir, tu t’es rendu au stade Bauer.
… tu viens de découvrir que Benjamin Nivet jouait encore à quarante ans. Depuis, tu te pavanes en le comparant à Maldini alors que tu ne l’as pas vu jouer depuis dix piges.
… tu t’es refait tous les matchs de la Juve en Serie B. Et tu te dis que c’est pas demain la veille que tu verras Del Piero, Trezeguet et Buffon en Ligue 2.
… tu es un peu triste que Reims ne soit plus dans la course à la montée. Quitte à faire semblant d’aimer la Ligue 2, autant y aller franco et en faire des tonnes en t’épanchant sur « ce grand club iconique du football français qui a offert Kopa et qui mérite mieux que la deuxième division. »
… en regardant du côté des bancs de touche, tu as été surpris par la qualité des coachs. Michel Der Zakarian, Alain Casanova, Jean-Marc Furlan, Olivier Pantaloni… Tu n’as pas été trop dépaysé.
… dès la rentrée, tu abandonneras la Ligue 2 pour te remettre à mater les gros championnats. Et dans un an, si la fin de saison est à nouveau serrée, tu recommenceras ton petit manège.
Par Alexandre Doskov