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Tu sais que tu détestes la trêve internationale quand…
Pour deux semaines, c'est le sevrage. Pas de Ligue 1, pas de championnats étrangers, pas de Ligue des champions. Rien. C'est la trêve internationale. Et comme si ce n'était pas déjà insupportable en temps normal, on a le droit cette fois-ci à une flopée de matchs amicaux. Nul.
… la seule raison pour laquelle tu regardes les matchs, c’est pour t’assurer que les joueurs de ton club ne se blessent pas.
… d’ailleurs, cette blessure de Nabil Fekir contre le Portugal continue de hanter tes nuits.
… tu es coupé de la moitié de tes revenus pendant deux semaines. C’est beaucoup plus dur de parier sur Malaisie-Mongolie.
… pour toi, chaque chose doit rester à sa place, et c’est tout. Pendant la saison, ce sont les championnats et la Coupe d’Europe. Et l’été, ce sont les sélections. Point barre.
… tu n’es pas adhérent à la Fondation Abbé-Pierre et tu es également contre la trêve hivernale.
… voir des pays s’affronter, ça te rappelle les pires heures de l’histoire.
… quand il s’agit d’une chose internationale, tu préfères la zone à la trêve. Quel refrain extraordinaire de Roldan…
… tu n’as pas d’amis, donc tu n’aimes pas les matchs amicaux.
… tu es indépendantiste breton, corse, basque ou catalan. Alors forcément, tu boycottes ces matchs où on veut te forcer à soutenir une équipe qui nie ton combat quotidien.
… tu hais déjà ceux qui t’expliqueront que le Danemark sera un adversaire redoutable au Mondial. « Ben oui, tu comprends, ils en ont collé six au Panama hier soir, ils sont en train de monter en puissance. »
… sur « Mon Petit Gazon » , il y a écrit qu’il te reste 13 jours, 2 heures, 50 minutes et 23 secondes pour composer ton équipe pour la prochaine journée. C’est beaucoup trop long, et tu sais déjà que tu vas oublier et perdre le match.
… à deux mois et demi du début de la Coupe du monde, tu auras beaucoup de mal à vibrer pour des matchs sans enjeu.
… ton club ne joue pas, tu te retrouves seul avec toi-même. Et tu n’aimes pas ce que tu découvres.
… tu ne supportes pas les « ola » du Stade de France. Ça te donne des idées vraiment sombres.
… tu as appris avec effroi qu’en une dizaine de jours, plus de cent matchs entre sélections auraient lieu aux quatre coins du globe. Tu as pensé à l’empreinte carbone de cette trêve internationale, puis à un bébé ours polaire, et tu as versé une larme.
… tu es pour le retour de Benzema en Bleu et tu ne regardes même plus les listes de Deschamps.
… tu te demandes quel cerveau malade a demandé au Liechtenstein d’aller affronter Gibraltar. Une telle affiche a sa place à Intervilles, pas dans le football.
… pareil pour ces pauvres Sud-Coréens qui doivent se déplacer jusqu’en Irlande du Nord. Ça n’a aucun sens. Aucun.
… selon toute vraisemblance, le type qui a programmé cet Irak-Syrie mardi prochain n’est pas une belle personne. Et toi, tu n’aimes pas le mauvais goût.
… tu trouves vraiment insensé de devoir attendre deux semaines pour connaître le dénouement de la Ligue des champions, de la Ligue Europa et de la course au podium en Ligue 1. Même le suspense en Ligue 2 te tient en haleine.
… tu entends déjà les mecs qui vont dire : « Cet Allemagne-Espagne va permettre de jauger les forces en présence en vue de la Coupe du monde. » Et tu as envie de les cogner.
… d’ailleurs, c’est pareil pour les mecs qui vont s’exciter devant l’Angleterre qui fouette les Pays-Bas et l’Italie. Alors qu’on sait tous comment ça va finir.
… tu es italien et tu es très mal à l’aise avec ce nouveau rôle de sparring-partner.
… tu ne l’avoueras à personne, mais la candeur de Christian Jeanpierre cumulée à la dépression d’Arsène Wenger te manque terriblement.
… tu es abonné à Canal + et tu ne reçois plus TF1. Tant pis pour les matchs de l’équipe de France.
… tu vas revivre cette coupure pub après les hymnes nationaux. Société de consommation de merde.
… tu préfères le cancre Paga à Fred Calenge et sa dégaine de premier de la classe.
… tu sais qu’il y a des gens qui n’aiment pas le foot et qui regardent seulement le match des Bleus. Ceux qui ne peuvent s’empêcher de commenter le match en parlant de « ces starlettes surpayées qui tombent au moindre contact. Je préfère le rugby, moi » . Bah casse-toi.
… dans la cour d’école, tu ne tenais pas compte de ce mec qui disait : « Pouce ! Pouce ! »
… ton seul vecteur d’intégration au travail, c’est parler de la Ligue 1 à la machine à café. Ça pue le burn-out.
Par Kevin Charnay et Alexandre Doskov