- International
- Barrages Coupe du monde 2014
- France/Ukraine (3-0)
Tu sais que tu as retourné ta veste quand…
La France, ce pays aux 60 millions de sélectionneurs, est surtout celui d'un paquet de gens indécis. Parce que retourner sa veste, c'est aussi être quelqu'un de nuancé et parce qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, voici trente façons d'évacuer la complexité qui sommeille en chacun de nous.
– Tu dis « on » à toutes les sauces, y compris pour parler de Noël Le Graët et de son gang.
– Enfant, tu portais ton bombers côté orange. Enfin, un jour sur deux.
– Quand tu disais que la France était « nulle à chier » ces dernières semaines, c’était avant tout pour provoquer sa révolte. Et bingo, ça a marché.
– Ta référence politique, c’est Eric Besson.
– Tu passes ton temps à détecter les « girouettes » pour te persuader que tu n’en es pas une.
– Le fond d’écran de ton smartphone, c’est Clément d’Antibes, toi et vos Buckler.
– Ton petit nom, c’est Pascal Praud.
– Tu estimes depuis moins de 24 heures que Valbuena n’est pas assez protégé par les arbitres.
– Tu feras la danse d’ouverture de ton mariage sur du Gloria Gaynor.
– Iarmolen-qui ?
– Avant d’adorer ces génies qui ont mis tout un pays dans leur poche en 90 minutes, tu détestais ces branleurs incapables de faire autre chose que de jouer les mains sur les hanches.
– Les célébrations de but de Pogba t’ont poussé à devenir fan de Kaaris.
– Tu ne t’étais plus maquillé depuis cette vieille soirée déguisée placée sous le thème de l’androgynie. Et comme tu étais en Bill Kaulitz de Tokio Hotel, autant dire que le bleu, le blanc et le rouge ne faisaient pas partie des priorités de tes paupières.
– À t’entendre, Ribéry méritait déjà le Ballon d’or en 2001 quand il jouait à l’US Boulogne Côte d’Opale.
– Tu as toujours su que l’Ukraine était une sacrée équipe de football mais désormais, tu sais qu’elle est plus précisément une sacrée équipe de football de merde.
– Tu es pour le communisme, pour le socialisme et pour le capitalisme.
– Tu as enfin compris que si Karim Benzema ne chante pas la Marseillaise, c’est juste parce qu’il est déjà dans son match.
– Cette veste est à ton goût.
– L’avis d’Éric Cantona t’importe peu. Toi, tu aimes celui des vrais connaisseurs, les Lizarazu et Dugarry, ceux qui ont déjà participé à un Mondial.
– À partir d’aujourd’hui, Sakho, c’est « Mamad » .
– À l’école primaire, tu crachais des mollards en l’air pour mieux les ravaler.
– À partir d’aujourd’hui, Debuchy, c’est « la bûche » .
– Dans le coq au vin, il y a maintenant autre chose que le vin que tu trouves délicieux.
– À partir d’aujourd’hui, Grenier, c’est… non, pas aujourd’hui.
– Participer à une guerre ? Pourquoi pas, mais seulement dans le camp des gagnants.
– Tu te découvres un amour pour les proverbes qui ne riment à rien comme « Qui aime bien, châtie bien » .
– Évra est un con. Évra est un chic type. Évra a une gueule de membre de la famille Simpson. Évra a un palmarès qui impose le respect. Évra abuse avec le timing de ses déclarations. Évra est un monsieur.
– À y réfléchir, les paroles de la Marseillaise ne sont pas plus violentes qu’un refrain de Tal.
– La France, tu l’aimes tellement que tu vas la quitter l’été prochain en te ruinant pour aller au Brésil et placer tes vacances familiales au second plan.
– Ton verre et toi, vous étiez à moitié pleins mardi soir.
Par Matthieu Pécot