- Serie A
- 14e journée
- Catania/Milan AC
Tu sais que ton équipe est en crise quand…
Aujourd'hui, Catane, dernier de Serie A, affronte le Milan AC, 13e. Deux équipes en crise. Or, ces deux formations ne sont pas les seules, en Europe, à traverser une période de crise. Une période facile à repérer, car certains signes ne trompent pas.
– Tu t’intéresses de plus en plus aux résultats de l’équipe réserve, de la Primavera, des poussins, de l’équipe féminine. Enfin tout ce qui appartient à ton équipe.
– Tu commences à faire des tableaux prévisionnels. « Alors, un déplacement à Paris, 0 point, la réception de Sochaux, 3 points, déplacement à Lyon, 1 point… » . Ça te rassure un peu.
– Tu scrutes chaque statut Twitter des joueurs de ton équipe. Et tu interprètes ce que cela peut vouloir dire. « Quoi ? Il a écrit qu’il avait mangé des pâtes à la carbonara ce soir ? Ça veut dire qu’il va signer à la Roma ! » .
– Tu attends avec impatience les banderoles de protestation qui vont fleurir dans les gradins. Et, naïvement, tu te dis qu’elles vont peut-être créer un électrochoc chez les joueurs.
– Au début de la saison, tu regardais le nombre de points qui te séparaient de la première place. Ensuite, le nombre de points qui te séparaient de la zone Ligue des champions. Maintenant, tu regardes le nombre de points qui te séparent de la zone de relégation.
– Les défaites ne te font même plus mal. Elles te font presque rire, parfois.
– Et les victoires sont si rares que tu oublies presque comment les savourer.
– Tu en viens à espérer que ton équipe perde pour que l’entraîneur, que tu considères être le responsable de tous les maux, se fasse virer.
– Tu te rends de plus en plus régulièrement sur le forum de ton club, pour te convaincre que tous les autres supporters sont aussi déçus que toi.
– Ton président assure après chaque match que « le coach n’est pas en danger » .
– Ah bon, bah pourquoi, on l’a aperçu au restaurant avec un autre coach, alors ?
– Tu n’es pas à l’abri de voir un groupe de quelques ultras pas contents qui attendent à la sortie du stade pour « rappeler aux joueurs leurs responsabilités » . Et éventuellement leur placer une ou deux petites menaces.
– Tu critiques constamment les choix de l’entraîneur. Si l’équipe perd, c’est parce qu’il n’a pas fait jouer un tel. Ou parce qu’il a fait jouer machin et que machin a été nul.
– Tes défenseurs marquent plus souvent que tes attaquants.
– Tu te trouves un club de substitution en attendant des jours meilleurs. De préférence en deuxième ou troisième divisions.
– Tu n’as plus qu’une seule date en tête : le prochain mercato. Même si ton président sait comment te refroidir : « L’équipe est déjà compétitive. Le problème, c’est dans la tête » .
– Tu commences à regarder sur YouTube des matchs des saisons précédentes. Celle où ton équipe jouait bien, marquait des buts et gagnait des matchs. Et tu te dis que tu as été sacrément con de ne pas en profiter.
– Tu considères que la plupart des défaites sont dues à des décisions arbitrales. D’ailleurs, tu es persuadé qu’il y a un complot contre ton équipe.
– Tu as vraiment l’impression qu’aucune équipe ne joue moins bien que la tienne. Même quand tu joues contre un relégable.
– Ton infirmerie est pleine. Comme si tes mecs faisaient exprès de se blesser en même temps.
– Du coup, tu vois des joueurs dont tu n’as jamais entendu parler sur le banc de touche.
– On commence à annoncer tout et n’importe qui sur ton banc de touche. Malheureusement, c’est toujours « pour la saison prochaine » . Du coup, tu sais que tu vas galérer jusqu’au mois de mai.
– Tu justifies cette mauvaise passe par les moyens financiers de ton club. « Ah, eux ils ont dépensé 130 millions d’euros cet été, et nous 15. Forcément, ce n’est pas la même histoire » .
– Un projet de jeu ? C’est quoi ?
– Tu apprends le sens exact du mot « détail » quand tu perds 1-0 sur un tir dévié qui finit en poteau rentrant alors que, trois minutes plus tôt, un tir dévié de ton attaquant avait fait poteau, avait roulé sur la ligne, et s’était retrouvé dans les gants du gardien.
– D’ailleurs, tu essaies de t’auto-convaincre que tous ces mauvais résultats ne sont dus qu’au fait que « en ce moment, tout va vraiment dans le mauvais sens » .
– Tu jettes quand même un œil à la dernière fois où ton club a été relégué. Et tu regardes combien de points ils avaient à la même époque de l’année. Comme ça, juste pour voir.
– Tu adores les acteurs, chanteurs et hommes politiques qui, tout à coup, donnent leur avis sur ton club. Cassez-vous, sérieusement.
Par Eric Maggiori