- Ligue 2
- 26e journée
- SM Caen/Stade Lavallois
Tu sais que tu supportes le Stade Malherbe quand…
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Xavier Gravelaine n'est pas l'homme de 17 clubs, à tes yeux, mais un buteur émérite du Stade Malherbe. Il n'y a pas de doute, tu es un supporter du Stade Malherbe. Théoriquement, tu devrais te reconnaître dans les lignes qui suivent.
tu ne supportes plus la moindre blague faisant référence à un ascenseur. Et pourtant, tu penses à ton club à chaque fois que tu montes dans l’ascenseur. Quand tu descends aussi.
tu as longtemps vu en Julien Toudic le nouveau Jean-Pierre Papin, et qualifiais chacune de ses reprises de volée de papinade. D’ailleurs, tu y crois encore un peu au fond de toi.
tu réponds systématiquement « Deroin » , quand on te dit merci.
ta plus grande émotion sportive de ces 20 dernières années est une finale de Coupe de la Ligue perdue.
tu as compris que le jeune Raphaël Guerreiro, 18 ans, qui a intégré l’équipe première en début de saison, n’est qu’un reboot de celui qui portait déjà le maillot du SMC il y a 15 ans. Oui, comme dans PES.
tu n’achètes d’ailleurs PES que les années où Caen est en Ligue 1.
tu crois qu’avec Kennet Andersson et Amara Simba, c’est sûr, on va tout défoncer, et qu’il faut viser l’Europe.
tu vantes le romantisme de ton club, qui doit être le seul de France à porter le nom d’un poète. Par contre, tu n’as jamais lu le moindre ver de François de Malherbe. Tu ne savais même pas qu’il s’appelait François.
tu te gares à côté de la prison pour marcher jusqu’au stade, histoire d’être sûr de ne pas te faire tirer ta caisse. Sauf en cas d’évasion, mais ce serait vraiment pas de bol.
tu as finalement choisi de déplacer ta bagnole à côté du Zénith, même si le risque de se ramasser un PV n’est pas négligeable non plus.
tu sais que la plus grande désillusion française en Coupe d’Europe, ce ne sont pas les poteaux carrés en 76, mais l’arbitrage corrompu de Saragosse-Caen en coupe UEFA 92, qui a coûté la qualification au SMC.
tu as déjà croisé Gouffran dans le tram A, direction le campus 2, Savidan dans la rue Écuyère, entre deux bars, et Watier au Mc Do.
tu remarques fièrement que le maillot du SMC ressemble quand même beaucoup à celui du Barça. Alors que bon, il ressemble surtout à celui de Châteauroux.
tu n’as pas rigolé en entendant l’Argentin Juan Eduardo Eluchans déclarer qu’il était ravi de venir en Normandie « parce qu’il y a la mer et le fromage » . Et alors ? Quoi de plus normal ?
une Miss France t’a déjà servi un p’tit four au cocktail d’après-match, le jour où ton frangin a réussi à t’avoir des places en loge. D’ailleurs, la Miss France, à l’époque, elle n’était pas encore Miss, et elle sortait avec Benoît Costil. Dont tu pensais qu’il ne confirmerait jamais. Tu t’es bien planté, mais Costil encore plus que toi.
tu ne supportes plus les jeux de mots avec le nom de ton club. Surtout « À Caen la victoire ? »
tu es le seul à te rappeler que le Stade Malherbe a déjà battu le Bayern Munich 4-1. En match d’inauguration du stade Michel d’Ornano.
tu es convaincu que le Stade Malherbe dispose de l’un des meilleurs centres de formation du pays. Même s’il a sorti un Gouffran et un Gallas pour deux Zubar, un Grandin, un Mendy et un Née.
à chaque mercato depuis deux ans, tu entends parler d’un éventuel prêt de Rodelin, le Lillois. Tu vas finir par croire qu’il n’existe pas, ce mec-là.
tu dis qu’un club qui arrive à vendre Vincent Planté 2 millions et qui laisse partir Costil et Elana pour peau de balle est forcément génial.
tu as déjà fait un montage sur YouTube compilant les meilleurs images de Caen-Saragosse 92 et de Caen-Lens 92, avec Gloria Gaynor et Queen en fond sonore.
tu as commencé à t’intéresser à OrelSan le jour où tu l’as vu porter un maillot du SMC dans l’un de ses clips.
tu parcours avec attention les infos transfert dans l’Ouest et que tu les crois quand ils qualifient le recrutement d’Alex Di Rocco de « véritable aubaine » et Seyni N’Diaye d’ « oiseau rare en attaque » .
personne ne te croit quand tu racontes que Julien Valéro a un jour marqué au Stade vélodrome. Même pas lui. Il a subi un traumatisme quelques minutes plus tard et a oublié son but. True story.
tu parles de « véritable épopée » pour qualifier le parcours européen du Stade Malherbe en 92, qui se limite à un match aller-retour.
le nom de Mohammadou Idrissou provoque chez toi une crise de fou rire.
le nom de Kennet Andersson te provoque des bouffées d’angoisse.
tu ressens toujours un petit pincement de fierté quand tu entends parler du Stade Malherbe comme d’une équipe joueuse. Tout en sachant que cette réputation est depuis longtemps usurpée.
tu te plains que les matchs de Ligue 2 soient le vendredi, mais quand tu dis à tes potes que non, non, ça ne te dérange pas, et ça te laisse tes samedis de libre.
tu répètes à qui veut l’entendre que Michel Drucker, OrelSan, Henri Sannier, Nicolas Batum, Olivier Barroux et Malika Ménard sont des grands fans du Stade Malherbe, parce que tu l’as lu sur Wikipédia. Bizarrement, tu ne parles jamais de Flavie Flament ou de Denis Brogniart.
tu portes fièrement ton maillot floqué Gravelaine ou Savidan, en moquant allègrement les couillons qui viennent au Stade Malherbe avec l’affreux maillot qu’on donnait aux supporters qui faisaient le déplacement au Stade de France pour la finale de la Coupe de la Ligue en 2005. Oui, il était hyper moche. Oui, ils sont encore nombreux à le porter en tribunes.
tu évoques avec méfiance les mauvaises expériences de ton club de cœur quand une autre équipe recrute un Yougo.
tu trouves quand même bizarre que beaucoup de gens à Caen supportent le PSG ou Marseille plutôt que le Stade Malherbe, alors qu’à Paris ou Marseille, tu vas bien galérer si tu cherches les supporters caennais.
tu as croisé Elliot Grandin en train de se déhancher sur la Tribu de Dana à l’Écho du Lac.
tu ne comprends pas pourquoi Nicolas Seube ou Cédric Hengbart n’ont jamais eu droit à une sélection en équipe de France. Surtout Nicolas Seube. Seube, ce héros.
tu es parti t’acheter un vin chaud sans te presser quand tu as vu Anthony Deroin se précipiter pour frapper un corner.
tu te rappelles quand Louhans-Cuiseaux et Wasquehal étaient en Ligue 2.
tu as chanté l’hymne de Jimmy Hébert en tribunes, et qu’il t’a servi un demi, deux ans plus tard, à la Casa.
tu espères secrètement que le stade Michel d’Ornano sera finalement choisi pour l’organisation 2016.
tu cites Aleksandr Mostovoï parmi les plus grands joueurs à avoir porté le maillot rouge & bleu. Alors qu’il n’a joué que 6 mois et 15 matchs pour Caen.
tu sais qu’il n’y a qu’un seul « Président » , et que ce n’est pas Laurent Blanc, mais Anthony « Titi » Deroin.
tu es convaincu que le Stade Malherbe est un club vraiment atypique et familial.
tu es convaincu que Yoan Gouffran va faire son trou en équipe de France et épater tout le monde. Il n’est pas trop tard pour la Coupe du monde au Brésil.
tu sais que le stade de Laval s’appelle Francis le Basser, celui d’Amiens le Stade de la Licorne, celui d’Istres le stade Parsemain (et qu’il est en réalité à Fos-sur-Mer).
tu t’énerves, en revanche, quand un journaliste de la télé confond le nom de ton club et le nom de ton stade.
tu es plus confiant avant un déplacement à Lyon qu’avant d’accueillir Valenciennes ou Nancy.
tu ne ris pas quand tu entends le nom de « Francis Llacer » . Tu repenses à une fameuse reprise de volée. Et tu te demandes pourquoi ça tombe toujours sur toi.
tu prends la défense des footballeurs quand tu entends un con parler de la perte de valeurs et de la disparition de l’amour du maillot chez les plus jeunes. Et tu cites en exemple Yoan Gouffran qui plante le but du titre pour Bordeaux à d’Ornano en 2009 et qui ne fête pas le titre avec ses partenaires pour aller réconforter ses anciens coéquipiers.
tu trouves que l’arbitrage est toujours très limite quand Malherbe joue Marseille.
tu ne peux plus acheter d’autres chips que les « Bret’s » . Et qu’à chaque fois, tu repenses à cette baston de paquets de chips sur la pelouse de d’Ornano. L’un des plus grands moments de l’histoire du club, à n’en pas douter.
tu es fier que l’hymne du club soit tiré du film Docteur Follamour. Par contre, tu ne connais pas les paroles. Et tu ne veux pas les entendre.
tu connais en revanche tous les noms des joueurs caennais qui ont endossé le maillot de l’équipe de France. Et ils sont, pfff, au moins trois
(Divert, Gravelaine, Savidan)
tu sais qu’il n’y a pas besoin d’être hyper talentueux pour être vénéré du kop caennais. Kor Sarr et Kandia Traoré sont là pour le prouver. Des héros, mon pote.
tu trouves révoltant que beIN Sport choisisse toujours l’AS Monaco comme fil rouge du multiplex Ligue 2. Et tu te dis que tu t’en fous, que l’an prochain, tu pourras mater tous les matchs, sur les canaux de la Ligue 1. Par contre, tu espères que dans deux ans, les choses auront évolué, quand tu seras de nouveau bon pour les matchs du vendredi soir.
tu évoques avec fébrilité les noms de Jesper Olsen et de Graham Rix.
tu es toujours surpris par le montant excessivement bas des indemnités de transfert perçues par le Stade Malherbe à chaque départ de l’une de ses pépites. El Arabi, ça valait bien 15 millions, non ?
aujourd’hui encore, tu es convaincu que Patrick Remy avait ourdi un plan pour couler le Stade Malherbe.
tu refuses de mettre un seul pied au Havre, parce que Le Havre, « c’est moche, ça pue et ça pollue » .
tu as finalement compris que ton club ne gagnerait jamais quoi que soit et qu’il était préférable d’avoir beaucoup d’humour pour continuer de hanter d’Ornano.
Griezmann, Pogba, Varane, Mbappé : les absents font parler
Par Julien Mahieu.
Remerciements à Florent Muset, Samuel Cochet, Renaud Baru, Landry Lefort, François Derrien, Arno Barbé et Simon Gosselin.
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