- Foot amateur
- Tu sais que
Tu sais que tu es un bénévole du foot quand…
Indispensable au fonctionnement de l'AS et du FC de quartier, il est la cheville ouvrière du football, sauf qu'il ne vit que de notes de frais et de sourires de parents. On le vante dans les discours ministériels, chaque pro a une anecdote à conter sur celui qui a changé sa vie, les pontes de la Fédé le donnent en exemple et on fait tout pour ne pas le perdre dans les districts. Il a donc tellement à nous apprendre sur le ballon rond, sur le foot de ceux qui vouent leur vie à gagner le match du dimanche matin, que tu sais que tu es bénévole dans le foot quand...
… tu connais un pro, tu n’as pas son portable, mais il t’appelle par ton prénom quand il te croise, toujours par hasard.
… tu trouves que Waze est la plus belle invention de l’humanité.
… tu as toujours un thermos dans ton sac.
… tu sais que le brevet fédéral ne permet pas d’être rémunéré, mais que l’assiette forfaitaire, oui.
… tu connais toutes les grandes fêtes religieuses et sais très bien qui ne sera pas là le jour de l’Aïd ou de Kippour.
… tu vas au Parc des Princes, mais c’est pour accompagner tes U12 invités par la ville de Paris.
… tu mets des photos de l’AG du district sur ton Insta. Personne ne like.
… tu reçois Foot Mag en pdf dans ta boîte mail.
… tu te frottes toujours les mains l’une contre l’autre. Partout. Tout le temps. Même quand tu n’as pas froid.
… tu sais faire la différence entre une licence FFF, FSGT, UFOLEP, FSCF ou WTF.
… tu fais douze lessives le dimanche après-midi.
… les vendredis et samedis soir, tu dis souvent : « Bon, je dois y aller, demain je me lève, j’ai match. » Sauf que tu n’as plus de crampons depuis longtemps.
… ta voiture sent la chasuble.
… tu mates les matchs de ton district sur Youtube.
… tu as déjà dit : « Allez, tous à la douche ! » après une réunion au bureau.
… tu n’es pas un emploi aidé.
… mais tu n’as plus de boulot.
… tu as été contacté par Tatane.
… tu as monté une équipe vétéran pour te rassurer : oui, tu es encore footballeur.
… tu n’as jamais voulu chiffrer le coût de ta passion pour le foot, mais tu sais qu’on te doit beaucoup.
… tu as refusé d’être sur la liste municipale de ton village, mais tu ferais un excellent adjoint aux sports.
… tu as déjà reçu une médaille du ministère, de la Direction départementale jeunesse et sport, du sous-préfet, voire du comité 69 de la FSGT.
… tu n’as plus de meuf.
… tes SMS sont composés quasi exclusivement d’adresses de stade.
… tu connais les combines pour passer le tour de lessive.
… tu commandes du vin chaud au restaurant.
… tu as beaucoup voyagé dans pas mal de bleds paumés d’Allemagne et de Belgique pour des tournois internationaux toujours remportés par un club italien.
… tu n’as pas transpiré entre la première et la troisième mi-temps.
… tu es le premier arrivé et le dernier parti. Comme Cristiano Ronaldo, en fait.
… tu votes plus souvent pour ton président de district que pour le bon fonctionnement de la République française.
… tu répètes souvent : « Je me casse, débrouillez-vous sans moi ! »
… tu as des amis hors du foot parce qu’ils sont bénévoles dans les autres sections de ton club.
… tu mets une parka floquée pour aller faire ton marché.
… tu penses que dire « la trésorière » , c’est de l’écriture inclusive.
… dire bonjour 400 fois dans une même journée ne te fait plus peur.
… tu connais toutes les stations services de ton département. Toutes les « petites routes » , aussi.
… tu n’encaisses toujours pas que les arbitres soient mieux defrayés que toi en première div’.
… tu es la première personne que ta famille appelle pour vérifier si tu seras présent à l’anniversaire de ton vieil oncle dans six mois.
… tu as trop de fierté pour porter un autre jogging que celui de ton club.
… tu donnes des rendez-vous à 7h45 sur des parkings de grande surface « pour que tout le monde soit là à 8h » .
… tu sais utiliser le logiciel des licences de la FFF, et cela fait de toi un hacker potentiel.
… ton troisième message d’une conversation WhatsApp, c’est toujours : « T’es où bordel ? »
… l’entraîneur d’en face sent quand même très fort l’alcool.
… le seul diplôme que tu as pour entraîner tes pupilles, c’est du temps libre le mercredi après-midi.
… ton fils ne t’appelle pas « papa » . Tu préfères « coach » , même à la maison.
… tu as un avis sur les terrains stabilisés du coin, et tu sais d’où vient la terre utilisée pour ouvrir la pierre dans Le Cinquième Élément.
… tu détestes déjà le jeune con qui vient de débarquer avec son Brevet d’État.
… tu passes tes week-ends dans des vestiaires en pré-fabriqué.
… tu parles de U quelque chose, comme si tu bossais pour les services secrets ou une grande enseigne de distribution.
… pour toi, les sports d’hiver, c’est passer un tour de Gambardella sous la neige.
… tu déposes tes notes de frais dans une enveloppe de ton « vrai » boulot avec marqué « Philou » dessus.
… tu sais que c’est mal, mais tu fais boire du Pshhhiiit Orange à des enfants le week-end.
… ton samedi soir, c’est le dimanche matin.
… et ton dimanche matin, c’est celui qui manque à l’appel.
… tu prends des congés annuels pour suivre une formation de secouriste.
… tu avais prévu un week-end en amoureux au Touquet, et puis tu as reçu ce SMS de ton président : « Je suis en galère pour les U10, tu peux pas… »
… moins de treize, moins de quinze, moins de dix-sept… Mais pourquoi fait-il si froid dans ta vie ?
… le week-end, tu te lèves plus tôt que pendant la semaine.
… tu attends toujours le fameux statut du bénévole. Mais si, tu sais, celui avec des points retraite cumulés en fonction du nombre d’années à se les cailler le long d’une rambarde.
Par Nicolas Kssis-Martov, Farid Bensikhaled et Maude Corso