- Barrage L1/L2
- Troyes-Lorient (2-1)
Troyes fait la moitié du chemin
Troyes prend une option sur la Ligue 1 au terme d'un match franchement ennuyant, alors que Lorient peut encore y croire avec ce but à l'extérieur. Raphaël Mezrahi peut brûler des cierges pour Benjamin Nivet, messie du soir.
Troyes 2-1 Lorient
Buts : Darbion (37e) et Nivet (88e) pour Troyes // Waris (82e) pour Lorient
On connaît le refrain. Un barrage, c’est tétanisant. Au jeu des guiboles qui tremblent, rien d’étonnant finalement à ce qu’un match de la peur se termine sur une courte victoire. Pauvre techniquement, la rencontre aller de ce soir a un temps dessiné les contours d’une équipe de Troyes séduisante, avant que Lorient ne se permette d’y croire en marquant dans les dix dernières minutes. C’est peut-être ça, « l’expérience » Ligue 1 : savoir marquer même quand on va moins bien. Mais quand Benjamin Nivet sort un tel match en face, comment résister…
Le divin chauve
Au coup d’envoi lancé par Rudy Buquet, les deux équipes entament un classique et tactique « round d’observation » . Un terme technique inventé pour décrire une rencontre peu excitante, voire chiante, qui correspond peu au prou à l’ensemble de la première période. Ce qui fait long l’échange d’amabilités. Très long. Lorient pose le pied sur le ballon autour des 60%, mais sans pour autant parvenir à se procurer la moindre occasion franche. Côté Troyes, on cherche surtout à ne pas prendre un but préjudiciable pour le retour. Les joueurs de l’Aube ont beau avoir la meilleure défense à domicile cette saison en Ligue 2, c’est un élément offensif qui se détache : Benjamin Nivet.
Le seul joueur de deuxième division à être meilleur qu’Andrés Iniesta confirme du haut de ses 40 ans qu’il convient de lire son âge comme on le fait pour les vieux arbres : sous l’écorce extérieure, le bonhomme est en pleine forme. Le divin chauve distribue, organise le jeu, impressionne Sarkozy et Barouin dans les tribunes… C’est d’ailleurs lui qui lance Niane en profondeur, pas assez rapide devant Lecomte (17e). Puis c’est lui encore qui reprend du plat du pied un centre venu de la gauche dans la surface lorientaise, que Benjamin Lecomte repousse. Symbole de l’engagement supérieur des Troyens, Darbion suit bien l’action et conclut du plat du pied (37e). À défaut d’avoir été technique, la première période s’est jouée à l’envie. Et à ce petit jeu-là, c’est Troyes qui mérite la Ligue 1.
Monsieur Plus
Après la pluie vient le beau temps, encore un diction non applicable au football… Alors que l’on espérait une seconde mi-temps plus envolée que la première, le match repart sur le même rythme. Darbion, décidément en jambes, balance un trait sur Benjamin Lecomte pour lancer les hostilités, avant que Ciani ne lui réponde pour la plus grosse occasion lorientaise du match. Sur un bon coup franc, l’ancien Bordelais claque une tête surpuissante détournée par Samassa au-dessus des cages, décisif pour le coup (52e). On s’ennuie franchement, alors l’homme de terrain de beIN s’amuse à compter le nombre de « Benjamin » sur le pré. Il y en a trois. Quelques instants plus tard, le réalisateur attarde sa caméra sur une image terrible, un cauchemar de supporter : une toile d’araignée dans un filet. Elle brille, elle est lisse, possède peu de mailles. Elle a sûrement été tissée la veille.
À vrai dire, on aimerait bien qu’un joueur vienne taper la lucarne pour nettoyer tout ça, mais Lorient ne sait pas quoi faire du ballon qu’il monopolise. Les dix dernières minutes approchent, et le dénouement aussi. Et alors que Troyes continue de subir, Lautoa récupère un ballon dans les pieds de Nivet. Une transmission plus tard pour Moukandjo, et Waris récupère un ballon qu’il glisse dans le petit filet de Samassa pour l’égalisation (82e). Les Bretons croient sauver les meubles, et marquer un but qui pourrait valoir très cher au match retour. Mais cinq minutes plus tard, Benjamin Nivet récupère le ballon à l’entrée de la surface et envoie une frappe tout droit dans les filets de Benjamin Lecomte, impuissant (87e). Les vieux ont décidément la cote, les crânes chauves encore plus. La dernière fois que l’accession en Ligue 1 s’était jouée sur un barrage, Benjamin Nivet avait 20 ans. Comme quoi, le temps passe vite.
Par Théo Denmat