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Trophées UNFP : blagues à part
Entre deux journées d'une saison passionnante, l'UNFP a dévoilé ce mardi les nommés pour ses fameux trophées de fin d'année. Avec, comme à chaque fois, des absurdités (Neymar qui prétend au titre de meilleur joueur de l'exercice 2020-2021) qui confirment que la majorité des joueurs ne regardent pas la Ligue 1.
C’est toujours la même ritournelle quand il s’agit de se pencher sur les récompenses individuelles dans le foot, sport collectif le plus égoïste au monde. Peu importe le règlement ou l’identité des votants, il y a des contents, des mécontents, et d’autres qui s’efforcent de répéter que ces prix sont au ballon rond ce que sont les Oscars ou les César au cinéma : un prétexte pour entretenir cette culture de l’entre-soi avec des cérémonies généralement insupportables et pompeuses. Cette année, les trophées UNFP, la traditionnelle grande kermesse de fin d’année du football français, n’aura pas droit à sa messe gênante en raison de la crise sanitaire (ouf !), mais cela n’a pas empêché l’annonce des nommés dans les diverses catégories de confirmer une chose : les joueurs ne regardent pas la Ligue 1.
Point faible ? Trop forts.?? Nᴇʏᴍᴀʀ JR ?? Mᴇᴍᴘʜɪs Dᴇᴘᴀʏ ?? Kʏʟɪᴀɴ Mʙᴀᴘᴘᴇ?? Wɪssᴀᴍ Bᴇɴ Yᴇᴅᴅᴇʀ?? Bᴜʀᴀᴋ YɪʟᴍᴀᴢQui remportera le Trophée UNFP du Meilleur Joueur de @Ligue1UberEats ? ??#TropheesUNFP pic.twitter.com/xfY2WlAlus
— UNFP (@UNFP) May 11, 2021
Le rond de serviette de Neymar
Un point de règlement pour commencer, et sauver les instances, complices, mais pas coupables des aberrations que l’on trouve parmi les listes de noms dévoilés chaque année. « Ce sont les footballeurs professionnels qui élisent, division par division, les meilleurs d’entre eux. Cela vaut également pour les féminines, les entraîneurs et les arbitres, peut-on lire sur le site dédié. Les bulletins de vote sont distribués dans les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 par les délégués UNFP, qui se chargent de nous les retourner dûment remplis. » Ce sont donc les joueurs de Lille, Lyon, Dijon, Angers et autres pensionnaires de l’élite qui ont choisi d’inviter Neymar à la table des cinq meilleurs joueurs de notre championnat cette saison. Ce même Brésilien qui pèse seize matchs (!!!), huit buts (dont quatre penaltys), cinq passes décisives et deux cartons rouges pour une influence très limitée sur la saison du Paris Saint-Germain en Ligue 1. Aussi fort et talentueux soit-il, le numéro 10 parisien aura moins marqué l’exercice 2020-2021 que Kevin Volland, Benjamin André, José Fonte, Jonathan Clauss, Farid Boulaya ou encore Renaud Ripart. Mais ces noms pèsent finalement peu de choses à côté de celui de Neymar, probablement très impressionnant quand on le croise sur un terrain et bénéficiant d’un statut de superstar qui lui garantit son rond de serviette dans la catégorie reine chaque année. Dommage.
Aux oubliettes !
Les joueurs ne regardent pas le championnat dans lequel ils évoluent, c’est comme ça. Au fond, qui sommes-nous pour le leur reprocher ? Comme un boucher a le droit d’acheter sa viande dans la boutique d’à côté, les artistes de la Ligue des talents ont le droit de préférer la Premier League, la Liga, la Serie A, ou même de ne pas aimer consommer du foot à la télé. « Pour voter, on se base sur les matchs allers-retours en championnat, on se dit : « Houla celui-là, il a été bon » » , admettait James Fanchone à So Foot en 2014. La preuve que ce débat n’a rien de nouveau. Que faire alors pour éviter de trouver des anomalies comme Benjamin Lecomte, gardien avec le pire pourcentage d’arrêts de L1 (60,4%), dans les cinq nommés pour être le meilleur à son poste ? Il y a cette envie de passer à côté, de les oublier pour se concentrer uniquement sur tout le reste, c’est-à-dire sur ce qui ne consiste pas à glorifier une personne au sein d’un collectif. Il y a également cette idée très classique d’ouvrir les votes aux journalistes, dont le métier consiste à bouffer du foot au quotidien, mais qui, paradoxalement, font aussi partie de ceux qui entretiennent le story-telling autour d’un joueur comme Neymar. Reste que permettre aux journalistes, aux supporters, aux dirigeants ou aux extraterrestres de voter ne changera probablement pas grand-chose au bout du compte : il y aura des contents, des mécontents, et d’autres qui s’efforceront de répéter que ces prix ne valent rien. Ils auront raison.
Par Clément Gavard