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Trophée des champions : la LFP et le mirage international

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes

Si les rumeurs se confirment, le Trophée des champions ne pourra se tenir comme prévu à Bangkok. Une nouvelle périartérite guère glorieuse, dans les vaines tentatives de la LFP de vendre sa Ligue 1 à l’international.

Trophée des champions : la LFP et le mirage international

Si l’annonce n’est pas encore officielle, l’affaire se présente mal : le Trophée des champions, qui oppose le vainqueur de la Coupe de France à celui de la Ligue 1 et qui est prévu à Bangkok en Thaïlande le 5 août prochain, ne pourra y avoir lieu selon l’ensemble des médias. La faute à l’organisateur local, le groupe Fresh Air Festival, qui jetterait l’éponge sans fournir de véritable raison. Et au-delà de la déconvenue pour le prestige du foot français ou de la petite claque sur l’orgueil national, ce sont quelques millions d’euros qui s’envolent en fumée. Le beau projet de conquête du marché asiatique en prend également un sérieux coup, alors que le match de gala revenait de ce côté du globe après les éditions de Pékin en 2014 puis de Shenzhen en 2018 et 2019. Auparavant, cette tête de gondole n’avait cessé de voyager partout où la LFP imaginait l’influence française possible : Canada, Tunisie, Maroc, États-Unis, Gabon, Israël…

Cette année, l’enjeu s’avérait de taille au regard du fantasme sur le marché asiatique qui alimente les rêves de grandeur des dirigeants de la Ligue. Mais le discours vaniteux de cette dernière se dégonfle, donc, comme une baudruche. Pourtant, le communiqué officiel lors de la présentation du nouveau point de chute ciblait « l’ambition de créer un temps fort autour du football français en Asie du Sud-Est, où l’on estime à 400 millions le nombre de fans de football, et de remplir le célèbre stade national Rajamangala ». Le climat, lui, se félicite de cette nouvelle qui économise un peu d’empreinte carbone. Car il faut dire qu’en 2023, ce type de longs voyages à vocation exclusivement commerciale passe mal sur le plan écologique, tandis que le ballon rond découvre ses obligations en la matière.

Une philosophie dangereuse

Ce mirage international ne date pas d’hier. Déjà, en 2014, Frédéric Thiriez (alors président de la LFP) tenait ces propos dans les colonnes du Monde : « Ce que nous voulons en exportant le Trophée des champions, c’est faire connaître le football français à l’étranger avec des retombées à plus long terme, en matière de notoriété d’abord, puis en revalorisation de droits télé internationaux. » Le foot français continue effectivement de pâtir d’un sérieux retard en ce domaine, avec 80 millions d’euros contre par exemple 2,1 milliards en Angleterre. La valeur de la Ligue 1 n’a donc pas bougé d’un iota, malgré la locomotive du PSG et de ses stars. Mais les clubs français ne performant pas sur la scène européenne et la cinquième place au classement UEFA ne tenant plus qu’à un fil devant les Pays-Bas, il ne suffit pas de décaler les horaires (au grand mécontentement des supporters) pour séduire le client de l’empire du Milieu ou pour créer de l’appétence si le produit ne progresse pas en valeur propre. D’ailleurs, aucun Trophée des champions ne pourra longtemps camoufler l’échec de cette stratégie, et il serait peut-être productif de penser un football dans un seul pays avant de vouloir se lancer dans le grand bain international.

Or, les choix de développement de la LFP rendent indispensables – économiquement parlant – ce fameux horizon international (sans parler de clubs qui n’ont cessé d’accroître leur dépendance financière envers les droits télé). La Ligue a notamment cédé 13 % dans le capital de sa société commerciale au fonds luxembourgeois CVC Capital Partners 1, soit 1,5 milliard d’euros miraculeux et bienvenus après la crise du coronavirus et de Mediapro. Avec en retour la promesse de monter en gamme sur les droits télé, soit les doubler sur huit ans (1,8 milliard d’euros). Une utopie, envisageable seulement avec une explosion des chiffres hors des frontières. Sauf que même à domicile, la situation illustre la faiblesse de ce que vaut réellement la Ligue 1. Débarqué en sauveur, Amazon n’a payé que le juste prix en laissant à Canal le sentiment de passer pour le dindon de la farce. Le prochain appel d’offres risque encore de réserver son lot de déceptions, le groupe français étant beaucoup moins motivé qu’à l’accoutumée, puisqu’il a appris à vivre sans l’affiche du dimanche soir. Le géant américain, pour sa part, ne va sûrement pas faire dans la charité. Le report, voire l’annulation du Trophée des champions devient dès lors un des signes tangibles des faiblesses de la Ligue 1 pour rayonner et donc se financer. À quand un changement de paradigme ?

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