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Trophée des champions : la grande mascarade
Après un report et plusieurs options envisagées, le Trophée des champions 2023, opposant le PSG à Toulouse, aura finalement lieu le 3 janvier prochain… au Parc des Princes. De quoi ajouter une grosse dose d’iniquité à un rendez-vous manquant déjà d’intérêt sur le papier.
D’ordinaire, c’est un rendez-vous à la saveur particulière pour tous ceux qui attendent avec impatience le retour de la Ligue 1. Le Trophée des champions est traditionnellement placé en lever de rideau du championnat, le week-end précédant la première journée de la saison. Pour les équipes qui le disputent, à savoir le champion de France en titre et le dernier vainqueur de la Coupe de France, il représente un ultime test grandeur nature, ainsi que l’opportunité d’inscrire une petite ligne supplémentaire au palmarès. Pour la Ligue, qui a pris l’habitude de délocaliser l’événement à l’étranger ces dernières années, il s’agit d’une occasion de promouvoir le football français à l’étranger tout en encaissant, si possible, un joli chèque au passage. En 2023, cependant, rien ne s’est passé comme prévu. Initialement prévue à Bangkok le 5 août, la rencontre entre le PSG et Toulouse a dû être reportée, car l’organisateur thaïlandais, le groupe Fresh Air Festival, avait fait défection en raison de l’état de santé de la fille du roi Rama X. L’affiche a été décalée au 3 janvier, juste après les fêtes de fin d’année. Restait à savoir où elle allait se tenir. Qatar, Arabie saoudite, Kinshasa en République démocratique du Congo… Plusieurs options ont été évoquées dans la presse, sans que l’une d’entre elles ne semble se détacher sérieusement. Vendredi dernier, enfin, la LFP a officialisé la nouvelle. Le duel entre Parisiens et Toulousains aura lieu au Parc des Princes. Sur la pelouse des premiers cités, donc.
Le principe de neutralité bafoué
Depuis sa première édition, en 1955, le Trophée des champions – jadis appelé Challenge des champions – a connu une existence décousue. Il a parfois disparu du calendrier pendant de longues périodes (de 1974 à 1984, puis de 1987 à 1994). Un principe paraissait malgré tout quasiment immuable : sauf à de rares exceptions, cette rencontre a toujours été disputée sur terrain neutre. Cela était d’autant plus d’actualité depuis 2009, année à partir de laquelle la Ligue a décidé de donner une dimension internationale à cette échéance, bourlinguant du Canada jusqu’en Israël, en passant par le Maghreb et la Chine. En 2020, la crise sanitaire avait réduit à néant toute volonté d’escapade loin de l’Hexagone. Mais même dans ce contexte, la neutralité avait été respectée, le PSG dominant l’OM (2-1) au stade Bollaert-Delelis de Lens. Bien sûr, il ne faut pas se bercer d’illusions. Que le match ait lieu au coin de la rue ou à l’autre bout de la planète, Toulouse n’aurait, de toute façon, pas eu les faveurs des pronostics contre Paris. Organiser cette opposition au Parc, là même où les partenaires de Kylian Mbappé sont injouables depuis mi-septembre et leur revers face à Nice (2-3) revient toutefois à réduire à peau de chagrin le peu de suspense qui l’entourait encore. Dès lors, quitte à bafouer le principe de neutralité, pourquoi ne pas avoir donné suite à la proposition toulousaine d’accueillir l’événement au Stadium, comme cela avait été révélé fin mai par L’Équipe ?
💬 "𝐉𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐟𝐞̀𝐫𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐞𝐫 𝐚̀ 𝐏𝐚𝐫𝐢𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐧𝐨𝐬 𝐟𝐚𝐧𝐬, 𝐪𝐮𝐞 𝐭𝐫𝐨𝐩 𝐥𝐨𝐢𝐧 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐞𝐮𝐱."
Découvrez la conférence de presse de notre coach @Carlesmnovell avant #TFCFCL ⤵️https://t.co/bmxLDNUpCZ pic.twitter.com/tEz9UR1Sla
— Toulouse FC (@ToulouseFC) December 2, 2023
Aux premières lueurs du mois de janvier, le champion de France en titre cherchera donc à décrocher, dans son jardin, un douzième Trophée des champions, face à un adversaire invité à pareille fête pour la deuxième fois de son histoire seulement. Sur les réseaux sociaux, de nombreux supporters violets n’ont pas tardé à s’émouvoir de cette iniquité sportive flagrante. Ils auront la possibilité d’occuper un virage entier du Parc des Princes, dont la billetterie comprendra des zones réservées aux fans des deux clubs ? La belle affaire ! Interrogé sur le sujet avant la réception de Lorient, Carles Martinez Novell a quant à lui défendu une position mesurée. « Honnêtement, j’aurais préféré jouer dans un autre stade qu’au Parc des Princes, ça aurait été plus neutre, a avoué l’entraîneur toulousain. Mais je suis surtout ravi de jouer en France, parce que je pense qu’on aura plus de supporters de Toulouse ici. » Le technicien catalan souligne un point important : les deux équipes n’auront pas de long déplacement à assumer, avec les contraintes que cela implique (heures de vol, décalage horaire, climat) au début d’un mois très chargé, entre championnat et Coupe de France. C’est, il est vrai, une bonne nouvelle pour beaucoup de monde. Il y avait quand même bien mieux à faire. Pour préserver l’équité sportive. Et, par conséquent, l’intérêt de ce Trophée des champions.
Par Raphaël Brosse