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Trophée des champions : de l’enjeu après les polémiques
Alors que le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco se disputent le 48e Trophée des champions ce dimanche à Doha (Qatar) dans l’indifférence quasi générale des suiveurs du football français, ce choc pourrait bien se révéler plus important qu’il n’en a l’air pour le club de la capitale, comme pour celui de la Principauté.
Soyons honnêtes, quoi qu’il se passe ce dimanche après-midi (17h30 heure française) sur la pelouse du stade 974 de Doha, le Trophée des champions 2024 restera dans les mémoires – s’il y reste – comme l’épilogue d’une longue série de polémiques. D’abord car le vainqueur du trophée 2024 sera couronné en 2025, quelques jours à peine après s’être embrassés sous le gui et pensant clore pour de bon la défunte année. Ensuite, car cette nouvelle cuvée souffre d’un certain manque de légitimité : si le PSG a réussi le doublé coupe championnat la saison dernière, Monaco ne doit sa présence au Qatar qu’à son statut de dauphin en Ligue 1. Enfin et surtout, le lieu choisi pour organiser la rencontre : bien que la France ait pris l’habitude ces dernières années de délocaliser sa petite sauterie à l’étranger – réchauffement clima-quoi ? –, le choix porté cette année sur l’émirat ne manque pas de faire grincer des dents, entre accusations de conflit d’intérêts pour Nasser al-Khelaïfi et scepticisme autour de la toute-puissance du Qatar sur le football français. Malgré cet étrange contexte, la rencontre entre deux poids lourds de l’Hexagone revêt plusieurs enjeux sportifs de taille, côté azuréen presque autant que côté francilien.
Au PSG, éviter le camouflet
Habitués à s’y envoler chaque mois de janvier, les Parisiens profitent d’ordinaire du séjour qatari pour se décrasser après les fêtes sous le soleil du Moyen-Orient. Mais cette année, c’est afin d’ajouter une ligne à leur palmarès que les joueurs de la capitale ont pris leurs quartiers à leur arrivée sur le tarmac de Doha. Le Trophée des champions 2024 sera la première rencontre officielle disputée « à domicile » par le club parisien, qui bat pavillon qatari depuis 2011 et son rachat par QSI. Présent lors du premier entraînement de l’équipe à sa sortie de l’avion, le président al-Khelaïfi aura très probablement pris le soin d’ajouter à ses vœux un rappel de l’importance d’une telle rencontre pour le board parisien, ainsi que les conséquences désastreuses en matière d’image d’un éventuel camouflet face à Monaco.
📍 Banyan Tree Doha
Les Parisiens sont arrivés à leur hôtel, à Doha ! 🏨#PSGVisitQatarTour2025 🇶🇦 pic.twitter.com/lzSm0T6AT1
— Paris Saint-Germain (@PSG_inside) January 2, 2025
Ce serait moins grave, en revanche, pour l’armoire du Parc des Princes, déjà garnie par 10 des 11 derniers Trophées des champions, que les partenaires de Marquinhos semblent avoir désormais de la peine à fêter dignement. Pourtant, tout l’enjeu est là pour Paris, et son entraîneur Luis Enrique le sait bien. Avec une hégémonie devenue banale contrastera nécessairement la volée de bois vert en cas de défaite, comme ce fut le cas avec Mauricio Pochettino pour l’un des rares TDC laissés en route par le PSG face à Lille en août 2021 à Tel-Aviv, après laquelle certains n’avaient pas manqué d’épingler l’entraîneur argentin. Mais si le PSG commence à avoir l’habitude d’encaisser la critique, c’est justement pour combattre ses vieux démons européens que ce premier choc de l’année se révèle être un test important en vue de la tenue de ses objectifs 2025. Loin d’être assuré de poursuivre l’aventure en Ligue des champions, Paris va devoir être prêt – et vite – car Manchester City (le 22 janvier) et Stuttgart (le 29 janvier) se profilent déjà à l’horizon pour continuer de rêver de la coupe aux grandes oreilles. Avant cela, offrir le Trophée des champions en guise d’apéritif à l’émir Tamim ben Hamad Al Thani sur ses terres pourrait permettre à Paris de lancer son année sereinement.
Épousseter l’armoire à trophées sur le Rocher
Pour Monaco comme pour tous les adversaires successifs du PSG lors du Trophée des champions, la donne est simple : profiter d’une éventuelle défaillance des champions de France après les vacances pour tenter de compléter une collection de titres qui a du mal à s’agrandir ces derniers temps sur la Côte d’Azur. Le dernier titre monégasque remonte déjà à huit ans en arrière avec le sacre de champion 2017, et on doute fort que le trophée Gamper décroché par l’ASM cet été face au Barça ne suffise au bonheur des supporters rouge et blanc, pas plus qu’à celui de Dimitri Rybolovlev, qui ne compte plus les sous injectés depuis sa reprise du club en 2011. Un sacre serait donc le bienvenu en Principauté, d’autant plus que Monaco a déjà affronté deux fois – pour autant de défaites – les Parisiens lors de ce même Trophée, en 2017 et 2018. Une dynamique à inverser dès ce dimanche, et on se dit qu’il y a un coup à jouer pour les Monégasques tant le PSG semble parfois prenable cette saison : c’était pourtant déjà le cas lors de leur rencontre avancée en Ligue 1 le 18 décembre dernier (2-4), lors de laquelle Monaco avait naïvement chuté à Louis-II.
Naïfs, les joueurs monégasques le sont d’ailleurs souvent cette saison face aux « gros » du championnat, en témoignent les quatre petits points récoltés face au top 6 de Ligue 1 (1 victoire, 1 nul et 3 défaites). Cette année, Adi Hütter va devoir insuffler davantage de caractère à son équipe lors des gros matchs, car les rendez-vous européens (Aston Villa et Inter Milan) approchent pour Monaco, pas non plus assuré de voir le mois de février en C1. Dans cette optique, chiper le trophée au PSG ce dimanche apparaît pour l’ASM comme l’occasion idéale de préparer sereinement les chocs continentaux à venir… et d’étoffer un peu plus sa propre collection de bibelots.
Par François Goyet