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Trocadéro : les procès se poursuivent plus sereinement

Par Aymeric Le Gall
Trocadéro : les procès se poursuivent plus sereinement

Vendredi dernier, trois nouveaux ultras du PSG sont passés devant le Tribunal de grande instance de Paris, suite aux incidents du Trocadéro lors de la célébration du titre du PSG. On a assisté à l'audience, qui s'est déroulée dans un climat serein.

Vendredi 14 juin s’est tenue, au Tribunal de grande instance de Paris, la suite des procès des ultras soupçonnés d’être impliqués dans les violences du Trocadéro, lors de la désormais fameuse fête organisée par le PSG pour célébrer son premier titre de champion depuis près de 20 ans. Sur place, So Foot a pu constater que, contrairement au premier procès de neuf autres ultras le 5 juin dernier, l’ambiance était cette fois-ci beaucoup plus sereine. L’audience ayant été renvoyée à plus tard, les trois prévenus sont sortis libres du tribunal, sans mandat de dépôt ni contrôle judiciaire.

Dans la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris, le président de séance se permet un trait d’humour. Ne parvenant pas à mettre la main sur le dossier de l’un des trois accusés assis dans le box, il voit déjà les gros titres du Canard Enchaîné l’accusant de ne prêter que peu d’attention aux enquêtes sociales des prévenus. L’ambiance sereine qui règne en ce vendredi 14 juin dans la salle d’audience du TGI de Paris contraste fortement avec celle, pesante, qui enveloppait cette même salle une semaine plus tôt, lors du premier procès des ultras du PSG. Les trois jeunes hommes assis dans le box sont accusés d’avoir pris part aux violences commises contre les forces de l’ordre et les agents de sécurité lors d’une célébration du titre de champion de France du PSG qui vira à l’émeute.

Pendant l’audition, les trois supporters parisiens ont admis leur présence au Trocadéro lors des festivités. En revanche, un seul d’entre eux reconnaît les faits qui lui sont reprochés, à savoir un jet de projectile en direction des agents de sécurité. Tous ont un casier judiciaire, même si les faits qui leur sont reprochés datent d’il y a quelques années et s’ils ne sont pas très graves (par exemple, une condamnation pour possession de fumigènes dans une enceinte sportive). Un seul a été condamné pour vol, en 2006. En tout cas, ces antécédents judiciaires ne semblent pas être de nature à stigmatiser ces trois individus aux yeux de la justice. Une première victoire pour les avocats de la défense.

Une vidéo qui fait débat

L’avocat de l’un des prévenus prend alors la parole et demande l’autorisation du président pour diffuser une vidéo sur laquelle « on voit très clairement un steward jeter une barrière sur les supporters parisiens. » Cette vidéo n’était pas présente dans le montage effectué par les forces de police lors du premier procès des ultras. Or, selon Maître Mechin, l’avocat du supporter parisien, cette vidéo « de bonne qualité » montre « un moment clé » du début des échauffourées, « contradictoire avec les témoignages des policiers et des stewards » . Comme lors de l’audience du 5 juin, les accusés et leurs avocats remettent ainsi en cause la crédibilité des accusations puisque émanant, selon eux, de personnes impliquées dans le début des incidents. Avec cette vidéo, Maître Mechin entend prouver que les heurts entre les ultras, déployant une bâche « virage Auteuil » , et les stewards de la compagnie de sécurité privée présente ce jour-là, ont été déclenchés par ces derniers et non l’inverse.

Le président fait alors part de sa surprise de ne pas avoir été tenu informé de cette requête plus tôt. Les aléas de la comparution immédiate et la cadence infernale des procédures n’y sont pas étrangers. Alors que Maître Mechin est sur le point d’avoir gain de cause, l’ordinateur portable en main, prêt à diffuser la vidéo, une de ses consœurs évoque la nécessité de revoir toutes les images présentées à la cour par les policiers. Face à ces différentes requêtes, le président décide de renvoyer le procès à une date ultérieure ce qui pourrait signifier pour les accusés une incarcération en attendant la date du nouveau procès.

Des réquisitions clémentes

Le président prend ensuite connaissance des enquêtes sociales menées au sujet des trois personnes présentes dans le box. Bien insérés dans la société, professionnellement et familialement, ces jeunes gens sont loin de l’image de casseurs mise en avant dans les médias. Un constat unanimement partagé dans la salle, jusqu’au procureur lui-même qui qualifie les prévenus de personnes « relativement insérées et stables » . On est à des années-lumière de l’ambiance « extrêmement pesante et accusatoire » , selon les dires de Maître Mechin, du procès précédent. Vendredi, il n’a jamais été question de l’appartenance de ces trois hommes au mouvement ultra lié au Paris Saint-Germain.

Le procureur de la République prend ensuite la parole. Ses réquisitions sont à l’image de cette audience, tempérées. Il réclame simplement une interdiction de quitter le territoire d’Île-de-France jusqu’à la prochaine audience qui aura sans doute lieu d’ici quelques semaines. Les avocats trouvent ces réquisitions satisfaisantes « même si l’interdiction de quitter la région paraît excessive au vu du profil des accusés » , ajoute le troisième avocat de la défense. Des accusés qui n’ont d’ailleurs fait preuve d’aucune réticence à se rendre devant la justice pour répondre des actes qui leur sont reprochés, ce qui montre bien que les interpellations musclées précédentes n’étaient pas forcément nécessaires.

Un nouveau procès pour faire la lumière sur l’enchaînement des faits ?

Au terme de la plaidoirie des avocats et après avoir fait le tour de la situation des prévenus, le constat qui s’impose est que la gravité présumée du dossier perd finalement de sa consistance, au moins pour les trois personnes présentes devant le tribunal ce jour-là. Contrairement à la semaine précédente, les débats se sont déroulés dans une ambiance apaisée. « Le jour et la nuit » confirme Maître Mechin. Cela se vérifie à l’heure des conclusions du président. Les trois supporters sortent du tribunal libres, sans mandat de dépôt ni contrôle judiciaire, « une chose rare lors d’un procès en comparution immédiate » , poursuit Maître Mechin.

Lors du prochain procès, les avocats pourront diffuser les vidéos demandées. Elles permettront peut-être d’éclairer l’enchaînement des évènements du Trocadéro sous un jour nouveau. En tout cas, le déroulement de cette audience prouve qu’il est possible de traiter ce sujet sans précipitation et stigmatisation a priori des supporters. Les sanctions envers les individus reconnus coupables n’auront que plus de poids si elles interviennent après une procédure équilibrée.

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Par Aymeric Le Gall

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