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Tribunes au bord de la crise de nerf : la faute à qui ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Tribunes au bord de la crise de nerf : la faute à qui ?

Cet Olympico constitue le sixième incident grave, depuis le début de la saison. Avec, en ligne de mire, des tribunes françaises qui semblent au bord de la crise de nerfs et renvoient souvent une image décevante voire inquiétante. Mais quelles sont les solutions pour sortir de cette spirale, tant les causes de cette répétition de débordements de violence semblent échapper à tout le monde ?

L’image est terrible. Dimitri Payet recevant, en pleine tête, une bouteille d’eau. Tout le monde se souvient de ce qu’il avait déjà subi, à Nice. Sa réaction, en balançant en retour l’objet du délit. L’invasion du terrain. Le match arrêté. Beaucoup conservent encore en mémoire ses paroles fortes, après le Classico, à l’encontre de certains fans phocéens. Le voici de nouveau au cœur de la tempête, et au cœur du problème. Car, de fait, il ne s’agit plus de ce qui constituait la grande angoisse du football, autrement dit la violence entre supporters. Ces tensions qui sont en train de devenir l’un des phénomènes marquants de cette saison, au point de conditionner le déroulé des rencontres phares du dimanche soir et alors que la L1 n’a jamais été aussi séduisante, concernent en effet rarement des affrontements entre fanatiques.

Les jets d’objets, les fumis, les envahissements de terrain… Cette escalade, trop familière, propose une nouvelle configuration avec un jeu à trois : les tribunes où l’on peine à trouver des interlocuteurs maîtrisant la situation dans leurs propres gradins, les clubs qui ne savent plus sur quel pied danser pour s’en sortir sans dégât et les autorités aussi apathiques que dépassées. Au milieu ? Des joueurs directement pris pour cible, au-delà du chambrage.

Violence sous-jacente

Comment ne pas se sentir désarmé, en observant cette addition de comportements ? Pourtant, en particulier durant le confinement, le mouvement ultras et les supporters avaient offert un visage plutôt responsable dans leurs prises de position (en rendant, notamment, hommage au personnel soignant). De même, depuis de nombreuses années, les combats contre la répression ou les législations spécifiques avaient fait grandir le mouvement ultra français. Le travail au sein de l’instance nationale du supportérisme établi par le ministère des Sports, avec les divers acteurs impliqués autour de la table, avait également permis des progrès plutôt encourageants.

Or, ce qui est observé depuis cette reprise tant attendue après la longue pandémie révèle un monde sous tension permanente où n’importe quel quidam peut devenir l’archétype du mauvais supporter. Poussées de fièvre, attitudes déconcertantes, pétages de plomb… Cette réalité épouse la situation d’une société française qui, depuis les gilets jaunes, a (re)découvert la violence politique et sociale. Une violence qui continue de couver, comme l’attaque de la manifestation féministe de ce samedi par un groupe d’extrême droite l’a encore montré.

Les uns envoient des bouteilles, les autres se renvoient la balle

Le stade voit lui aussi émerger des formes de confrontation inhabituelles, du moins dans leur ampleur. À l’instar de cette France d’après-Covid crispée, déprimée, électrique. Le foot a toujours surligné les problèmes du monde qui l’entouraient, voilà bien le symptôme numéro un. Réclamer des interdictions de stade à vie (si tant est que cela soit constitutionnel), des retraits de points ou des fermetures de virages ? Durcir encore davantage l’appareil judiciaire, déjà très lourd avec les supporters ? Rien de moins sûr, au regard de la nature et de la configuration de ce qu’il se passe depuis septembre, que cela puisse avoir le moindre impact.

Finalement, la vraie réponse ne devrait-elle pas être désormais individuelle et pénale (surtout pour un fait tel que l’agression sur Dimitri Payet, qui porte atteinte à son intégrité physique) ? Et que dire de l’incroyable mollesse ou absence des intervenants institutionnels, symbolisés par une LFP d’un silence assourdissant quand elle ne publie pas un timide communiqué de presse ? Quid des clubs qui tirent la couverture à eux, quitte à sombrer dans le ridicule, ou des pouvoirs publics incapables de reprendre les choses en main et de gérer les situations de crise ? Les résultats sont là : pendant que certains envoient des bouteilles, d’autres se renvoient la balle…

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Par Nicolas Kssis-Martov

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