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Tri-Two-One : voilà l’Algérie !
Ce soir, vers 22 heures, observez bien l'état du périph parisien et vous saurez si l'Algérie a réussi ou non son entrée à la CAN contre l'Afrique du Sud…
On aimerait parler directement de la « finale avant la lettre » de ce vendredi qui vient, à 17 heures, entre l’Algérie et le Ghana. Mais il faut d’abord parler de l’Afrique du Sud… C’est un pays situé à l’extrémité australe du continent africain. Sa capitale administrative est Pretoria, sa capitale législative Le Cap et sa capitale judiciaire Bloemfontein. La monnaie s’appelle le rand, la densité démographique est de 42 ha/km2, le code téléphonique est +27. Les Bafana Bafana se sont qualifiés en finissant premiers, invaincus, devant le Congo, le Nigeria et le Soudan. Le sommet le plus haut s’appelle le Mafadi, qui culmine à 3450 mètres, et 2898 km de côtes bordent ce beau pays. Conclusion : méfiance. D’autant plus que l’Afrique du Sud jouera en jaune et l’Algérie en blanc. Voilà pour la fiche technique… Passons maintenant au marteau-piqueur, puisqu’il faut bien dégommer le statut de favori qui pèse sur les épaules des joueurs algériens. Historiquement, la CAN ne s’offre pas toujours aux favoris, loin s’en faut. Et cette édition 2015 n’échappe pas à la règle, surtout depuis qu’Ebola a contraint la CAF à désigner la Guinée équatoriale à la place du Maroc. Or, s’il est bien une sélection qui a pâti de ce changement, c’est bien l’Algérie.
La proximité frontalière propice à une invasion (pacifique) des supporters des Verts avait plutôt consolidé leur position de favoris à la fin des qualifs. Aller gagner au Maroc, sur le terrain de son meilleur ennemi (pas au top, de surcroît), aiguisait les motivations. Du coup, d’Oran à Constantine, en passant par Alger, on soupçonne les autorités marocaines d’avoir saisi le prétexte d’Ebola pour ne pas avoir à assister au triomphe de son voisin sur son sol… Le choix de la Guinée équatoriale a donc modifié la donne pour la sélection algérienne, très largement composée de binationaux de France et donc pas tous pleinement habitués au climat chaud et humide équatorial. La qualité des terrains, qu’on disait supérieure au Maroc, risque aussi de gêner leur jeu plus technique. Il faudra faire aussi avec un arbitrage qui laisse souvent à désirer à la CAN et qui exigera de la part des Algériens de ne pas céder à leur nature parfois « nerveuse » (c’est de l’humour : voyez les sketchs hilarants de Fellag). Fébrilité ? En amical, face à la Tunisie (1-1), Cadamuro a chopé un rouge à la fin de la première mi-temps… Il y a enfin ce groupe de la mort qui comprend les redoutables Ghana et Sénégal, ainsi que l’Afrique du Sud, mais au profil a priori moins terrifiant. On verra ce soir si débuter par les Bafana Bafana a été bénéfique alors que plus tôt se sera déroulé le premier grand clash de cette CAN entre les Black Stars et les Lions de la Téranga. L’Algérie aura vraiment fort à faire avec ce Sénégal drivé par Giresse et qui figure très justement entre favori et outsider de cette CAN. Quant au Ghana, il n’est jamais aussi dangereux que dans les confrontations contre les grosses équipes (l’Algérie, en l’occurrence), plutôt que contre les « petites équipes » qui réveillent chez lui un coupable complexe de supériorité…
Pas d’enflammade !
Le statut de favori tient la route au vu des critères objectifs : le meilleur classement FIFA des équipes africaines (18e), un très bon parcours en Coupe du monde (superbe huitième face à l’Allemagne, futur vainqueur), qualifs de la CAN très réussies (Algérie première qualifiée, 5 victoires et une défaite), très bonne qualité de son jeu collectif et présence d’individualités qui font référence (Yacine Brahimi, meilleur joueur africain BBC, meilleur espoir CAF et déjà taulier du FC Porto). On peut ajouter la bonne transition à la tête des Verts entre Vahid Halilhodžić et Christian Gourcuff, très apprécié du fait de ses méthodes plus détendues (mais pas moins exigeantes) que celles de son prédécesseur bosnien. Les joueurs apprécient la qualité des entraînements de l’ex-Lorientais qui, selon Nasser Sandjak, consultant à Canal+ Sport, « a d’abord eu l’intelligence de rester dans le registre de ce qu’avait mis en place Vahid. Il a pris le temps d’observer avant d’imposer sa propre vision » . Dire que « le groupe vit bien » n’est pas exagéré, surtout comparé à une époque pas si lointaine où l’indiscipline, le moral en berne et les petites bisbilles avaient relégué la sélection au second rang continental. La délégation algérienne a bien conscience de la fragilité de son statut de favorite dans un pays où on rêve toujours trop haut dès que l’EN (l’équipe nationale) entre en lice d’un grand tournoi.
Ainsi, à leur arrivée en Guinée équatoriale, joueurs et staff technique ont été invités à ne pas communiquer d’entrée avec les nombreux médias venus à leur rencontre. Au sommet, le président de la Fédération nationale Mohamed Raouraoua a même fixé l’objectif raisonnable des demi-finales du tournoi, compte tenu des « conditions spéciales » de cette édition. Au nom des joueurs, Sofiane Feghouli a lui aussi tenu à relativiser la position de favori, à deux semaines de la compétition : « On sait qu’on a une belle génération, mais je ne pense pas que ce soit un statut approprié car il y a des équipes qui sont plus expérimentées que nous sur le continent. Après, être outsider ou favori, cela nous importe peu. On est sûrs de nos forces et on va tout faire pour aller le plus loin possible. On a confiance en nous. » La force de l’Algérie réside d’abord et surtout sur ses certitudes explicitées par Christian Gourcuff : « J’ai toujours insisté sur la nécessité d’imposer notre jeu dans chaque rencontre. Nous n’allons pas déroger à la règle en Guinée équatoriale. » Voilà les Verts parés pour l’aventure. Pour la compo probable de ce soir, selon le quotidien El Watan : M’Bolhi, Mandi et Ghoulam sur les côtés avec la paire Medjani et Halliche (encore incertain hier) dans l’axe. Lacen et Bentaleb seront chargés de la récupération et Brahimi de l’animation du jeu. Feghouli et Mahrez sur les ailes épauleront Slimani, seul en pointe. Faîtes vos jeux !
PS : dans cet article, l’appellation « les Fennecs » a été volontairement omise. Les supporters algériens préfèrent dire El Khadra, « la Verte » (comme la Roja en Espagne).
Par Chérif Ghemmour