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Trezeguet, Pirès, Ljungberg : c’est quoi, cette Indian Super League ?
Sur le fil info des transferts, se dissimulent de drôles d'anomalies depuis quelques jours : des clubs indiens seraient en train d'enrôler des préretraités voire même des retraités de longue date du calibre de David Trezeguet, Robert Pirès ou encore Freddy Ljunberg. Non mais qu'est-ce que c'est que ce binz ?
Sur les réseaux sociaux, le râle plaintif des fans de Trezeguet – ils sont nombreux – a été spectaculaire et unanime lorsqu’ils ont appris que leur idole avait décidé de poursuivre (achever ?) sa carrière en Inde, sous les couleurs de l’obscur FC Pune City. Ceux qui espéraient le voir encore un peu roder dans les surfaces de but du championnat argentin voire français (soyons fous) ont effectivement de quoi être déçus.
FC Pune City also announce its marquee player… and it is David Trezeguet, the French striker. #HeroISL pic.twitter.com/pHS1LqLbQ4
— Indian Super League (@IndSuperLeague) July 30, 2014
Mais nom d’une pipe, qu’est-ce que peut bien aller foutre le héros de la finale de l’Euro 2000 dans un pays qui ne bite quasi rien au football ? Car soyons clairs, l’Inde et le ballon rond, ça fait deux. Le sport national, c’est le cricket. Une discipline aussi envahissante et peu propice à laisser de la place que le hockey sur glace pour les Québécois. Seul l’historique hockey sur gazon parvient à se faire une place. Il y a bien un championnat professionnel local de foot fondé en 2007 et baptisé la I-League, mais il peine à trouver son public. La saison passée, l’affluence au stade tournait en moyenne autour de 5 600 spectateurs. Une misère dans un pays continent qui compte 1,2 milliard d’habitants. Il faut dire que cette I-League n’a rien de bien excitant, avec des équipes composées de locaux globalement malhabiles balle au pied (la sélection nationale indienne est actuellement 151e du classement FIFA et 27e de la zone Asie) et complétées par d’obscurs mercenaires étrangers : des seconds couteaux nigérians, des fonds de tiroir venus du Brésil… L’affaire ne prend pas, en tout cas pas pour l’instant.
Un championnat similaire annulé en 2012
C’est là qu’on en arrive à l’Indian Super League (ISL). Plutôt que de miser sur le long terme en mettant le paquet sur la formation des jeunes talents locaux, il a été décidé de créer un nouveau championnat bling bling en parallèle à la I-League. L’idée n’est pas nouvelle : en 2012 déjà, devait être organisé dans l’État du Bengale Occidental (au nord-est du pays, là où le football est le plus populaire) un mini-championnat baptisé Premier League Soccer. Six franchises devaient s’affronter, avec la participation de stars vieillissantes. Quelques-unes avaient donné leur accord : Robert Pirès, Fabio Cannavaro, Hernán Crespo, Robbie Fowler, Fernando Morientes, Jay Jay Okocha, Juan Pablo Sorín… Des contrats compris entre 500 000 et plus de 800 000 dollars (entre 370 000 et 600 000 euros) par tête avaient été promis par les promoteurs du projet, pour seulement une poignée de matchs. La compétition avait finalement été annulée car elle s’était avérée assez peu viable financièrement. Un échec qui n’a pas empêché d’autres promoteurs de remettre le couvert pour mettre sur pied cette fameuse Indian Super League. Fondée en octobre dernier, elle doit voir s’affronter huit franchises, qui sont cette fois réparties à travers tout le pays. Le principe est simple : un championnat classique avec des équipes qui s’affrontent deux fois, puis les quatre premiers retenus pour des play-offs, avec demi-finales et grande finale.
Atlético de Kolkata, Delhi Dynamos…
Les franchises créées de toutes pièces pour l’occasion fleurent bon le mélange des genres entre culture européenne et culture américaine : Atlético de Kolkata (ou Calcutta en VF), Delhi Dynamos, Bangalore Titans, Kerala Blasters… Elles sont financées par divers fonds : certaines par des businessmen locaux, d’autres par des stars de Bollywood ou encore des fameux joueurs de cricket retraités, qui flairent un juteux marché pour faire fructifier leur fortune. Deux franchises ont même été fondées pour partie avec le soutien de clubs européens : l’Atlético de Kolkata par l’Atlético Madrid (d’où le nom) et le FC Pune City par la Fiorentina. Le règlement est assez contraignant : chaque effectif doit être composé d’un joueur star (désigné sous le nom de « marquee player » ), de sept autres joueurs étrangers et de quatorze joueurs indiens pour faire le nombre, dont quatre doivent être issus de la ville où est implantée la franchise. S’agissant des joueurs stars, trois ont déjà été officialisés : les anciens internationaux espagnols Luis García et Joan Capdevila, respectivement à l’Atlético de Kolkata et à North East United FC, ainsi que David Trezeguet au FC Pune City. Rappelons que cette dernière franchise a un partenariat avec la Fiorentina. L’ensemble du staff est d’ailleurs italien et quatre obscurs joueurs transalpins ont déjà été engagés pour épauler l’ancien serial buteur de la Juventus.
Pirès ok mais sans équipe fixe
Robert Pirès, pas échaudé par l’expérience avortée de la Premier League Soccer en 2012, aurait décidé d’accepter de nouveau le challenge, malgré ses 40 ans bien tassés et bien qu’il n’ait plus foulé une pelouse en compétition depuis trois ans. Les promoteurs de l’ISL ont annoncé sa venue il y a quelques jours mais on ignore toujours pour l’instant dans quelle franchise il évoluera.
Please extend a huge welcome to Robert Pirès (@piresrobert7) as he joins the Hero Indian Super League. #HeroISL pic.twitter.com/gkbCGmPzBn
— Indian Super League (@IndSuperLeague) July 28, 2014
Idem concernant son ancien partenaire des Gunners Freddy Ljungberg, officialisé comme futur joueur de l’ISL mais toujours sans équipe fixe. Certaines franchises en sont d’ailleurs encore au stade embryonnaire. Ainsi, la ville de Goa est censée accueillir une équipe mais elle n’a pas encore de nom ni de stade où jouer ! Les responsables de cette Ligue fermée hors du commun restent pourtant confiants sur la réussite d’un projet censé ouvrir l’Inde au football. La couverture médiatique de l’événement doit être assurée par la chaîne sport de Star TV, grand groupe télévisuel asiatique dont le siège est basé à Hong Kong. Honda assure le sponsoring principal de l’ISL via sa filiale Hero Motocorp, géant du deux-roues motorisés sur le continent. Les salaires des joueurs stars enrôlés n’ont pas été divulgués mais ils doivent s’approcher de ceux proposés par la défunte Premier League Soccer. Parmi les joueurs annoncés partants pour l’aventure, figurent également David James, 44 ans ce 1er août, ou encore Borja. D’autres retraités ou préretraités devraient être annoncés dans les jours à venir. Ruud Gullit, dont la carrière d’entraîneur est au point mort, doit aussi être sur le banc de l’équipe de Mumbai City FC (Bombay en VF). En principe, les premiers matchs doivent se jouer en octobre prochain, avec une finale en décembre. En principe.
Par Régis Delanoë