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Trêve de plaisanteries !
Entre un agenda déjà chargé et les contraintes provoquées par la crise sanitaire, la trêve internationale de ce mois de septembre est enquiquinante pour tout le monde. Au cœur du problème cette fois-ci : l'absence des internationaux sud-américains ce week-end dans certains championnats domestiques. Il n'est plus question de désigner des coupables, ils sont trop nombreux, mais il serait grand temps que tous les acteurs se posent autour d'une table pour trouver des solutions à ces problématiques récurrentes.
C’est une perspective que l’on attendait depuis une dizaine de jours : les championnats nationaux sont bientôt de retour. Historiquement, la trêve internationale du mois de septembre a rarement passionné les foules, encore moins quand celle-ci interrompt les débuts passionnants de nos feuilletons préférés. En France, cette pause forcée n’a fait que renforcer l’impatience de retrouver la Ligue 1, entre l’ennui devant les matchs des Bleus et l’excitation provoquée par les quatre premières journées de la ligue des talents. C’est pourtant un drôle de week-end qui s’annonce dans les principaux championnats européens, alors que cinq rencontres comptant pour les qualifications au Mondial 2022 se disputeront dans la nuit de jeudi à vendredi (Paraguay-Venezuela, Uruguay-Équateur, Colombie-Chili, Argentine-Bolivie, Brésil-Pérou).
Le grand bazar
Un problème pour les championnats domestiques européens et les clubs qui, rappelons-le, payent ces joueurs qui ne pourront potentiellement pas être alignés en raison d’un agenda infernal. La cinquième journée de Ligue 1 devrait ainsi se jouer sans Lionel Messi, Konrad de la Fuente, Keylor Navas, Guillermo Maripán, Miguel Trauco, Ángel Di María, Gerson, Leandro Paredes, Lucas Paquetá, Neymar et Bruno Guimarães, entre autres, pour la simple raison que ces derniers ne sont pas des machines. Et ça, ce n’est pas normal.
? Il va y avoir quelques absents le jour de la rentrée sur #PrimeVideoLigue1… #Ligue1UberEats pic.twitter.com/XM7lneb71d
— Prime Video Sport France (@PVSportFR) September 8, 2021
Un bazar que l’on retrouve également en Espagne, où la Liga a été contrainte de reporter FC Séville-Barcelone et Villarreal-Alavés, et surtout en Angleterre, où les restrictions sanitaires plus dures risquent de chambouler le week-end de Premier League. Le micmac est même immense outre-Manche. Les clubs anglais, qui avaient décidé de retenir leurs internationaux sud-américains pour leur éviter une période d’isolement de dix jours à leur retour au pays, pourraient voir certaines fédérations faire jouer la période de « blocage automatique » de cinq jours, ce qui priverait les joueurs concernés (Alisson, Fabinho, Firmino, Raphinha, Gabriel Jesus, etc.) de match ce week-end. Pendant que les déserteurs argentins pourraient eux être sanctionnés (Lo Celso et Romero par Tottenham, par exemple), et devront surtout patienter dix jours en Croatie avant de rallier l’Angleterre. Là aussi, ce n’est pas normal.
Les nombrilismes du foot
Il n’est pas question de rejeter la faute sur les sélections sud-américaines, ou de faire de l’Europe le nombril de la planète foot. Il faut d’ailleurs rappeler que cette situation est la conséquence de la suspension des qualifications dans la zone CONMEBOL en mars dernier après… le refus des clubs européens de libérer leurs joueurs en pleine pandémie de Covid-19. Un problème qui a poussé la FIFA à autoriser la confédération à ajouter une date dans le calendrier initial en septembre. Et ce n’est pas terminé, puisque le même scénario doit se répéter le mois prochain (dernières rencontres le jeudi 14 octobre) et du 24 janvier au 2 février (désolé pour les huitièmes de finale de Coupe de France). Au milieu de ces histoires, le credo des clubs, des instances et des sélections est le même : chacun sa route, chacun son chemin, chacun ses emmerdes. Il serait pourtant temps de se poser autour d’une table et de réfléchir à des solutions qui arrangeraient ceux que l’on oublie sans cesse : les joueurs, principales victimes (avec le public) de la gourmandise des dirigeants du ballon rond et de cette cadence insupportable.
En ce sens, il est possible de mettre de côté l’idée loufoque d’une Coupe de monde tous les deux ans pour extraire une piste intéressante émise par Arsène Wenger la semaine dernière pour éviter que le foot ne suive l’exemple du rugby : « La grande idée, au départ, est de regrouper les matchs de qualification sur deux fenêtres internationales, en octobre et mars, pour une plus grande visibilité du calendrier, une plus grande simplicité pour les clubs, et moins de problèmes à résoudre pour les sélections. » À creuser. En attendant d’autres bonnes idées (ou des mauvaises), les seuls à pouvoir stopper la folie des uns et des autres, ce sont les joueurs. En novembre dernier, Toni Kroos s’était plaint qu’ils ne soient « que des marionnettes dans toutes ces nouvelles choses inventées par la FIFA et l’UEFA. Personne ne nous consulte. » Vrai, très vrai, même s’il faut aussi ajouter que personne ne les empêche de prendre la parole pour déplorer le grand n’importe quoi du calendrier.
Par Clément Gavard