- Coupe du monde 2014
- Fiction
Trente ans après, ils reviennent sur leur Coupe du monde 2014
Que retiendra-t-on de la Coupe du monde 2014 au Brésil ? Il y a le palmarès et les résultats qu'on consultera sur une page wikipédia pour se rafraîchir la mémoire. Et puis il y a ces moments qui marquent et sont appelés à rester dans l'imaginaire collectif. Embarquez dans notre DeLorean, direction 2044, les principaux intéressés témoignent.
Karim Benzema et les prémices de l’arbitrage vidéo
Alors que la FIFA vient de valider l’idée d’un détecteur de mensonge instantané qui permettra de savoir immédiatement si un joueur ment quand il assure ne pas avoir plongé pour obtenir un penalty, le vice-président du Real, Karim Benzema, évoque avec nostalgie le but qu’il a marqué contre le Honduras avec la complicité d’un gardien infortuné. « À l’époque, je n’ai pas tout de suite compris qu’il s’agissait d’un moment historique, explique le meilleur buteur de l’Euro 2016 et Ballon d’Or cette même année. Pour moi, c’était juste le but qui nous permettait de mener 2-0. Je me souviens qu’il y a eu comme un temps de latence. Personne ne savait si l’arbitre l’avait validé ou pas. À l’époque, nous étions au début de l’arbitrage vidéo. La offside technologie n’existait pas encore par exemple. Quand je parle de cette époque avec mes joueurs au Real, les mecs me traitent de dinosaure. Eh oui, j’ai connu une époque où le ballon pouvait entrer d’un mètre sans que l’arbitre ne s’en rende compte. Une autre époque. »
Luis Suárez et sa morsure
Prison de Montevideo été 2044, Luis Suárez termine de purger une peine de cinq ans de prison pour avoir mordu un policier qui avait eu le tort de lui signaler qu’il roulait à contresens et sans permis dans les rues de la capitale uruguayenne. À 57 ans, l’ancien triple vainqueur de la Ligue des champions avec le FC Barcelone commence à trouver le temps long. Heureusement, il peut compter sur un ami de longue date : Giorgio Chiellini. « Giorgio a fait le déplacement le mois dernier depuis l’Italie. Beaucoup d’amis se sont détournés de moi, mais pas lui. Vous n’allez pas le croire, mais on a discuté pour la première fois de cette histoire de morsure. En quatre ans à Monaco, on ne l’avait jamais évoquée. Je lui ai avoué pourquoi je l’avais mordu. Il a compris et m’a dit de ne pas me torturer pour ça. Mais je préfère que cela reste entre nous. Entre hommes. Entre amis pour la vie. »
Neymar et les « six minutes » de Belo Horizonte
23e, 24e, 26e, 29e. Le 8 juillet 2014 au stade do Mineirão, le Brésil coule en six minutes face à l’Allemagne. Six minutes pour quatre gifles qui reste un trauma national toujours pas cautérisé. Trente ans après, la Seleção regarde toujours de loin cette sixième étoile. Pire encore, elle traîne sa misère à la dernière place des qualifications de la zone Amsud-Concacaf après une nouvelle défaite face au Salvador. « On n’a pas tout de suite compris que ce 7-1 marquait le déclin de notre football, on parlait encore d’un accident alors qu’il s’agissait juste du début de la fin, analyse le député Neymar Junior, qui demande une nouvelle fois que les dirigeants de la CBF soient traduits devant la justice. On a expliqué la défaite par un trop plein d’émotion par rapport à ma blessure. Non, c’était juste le football qui venait nous prévenir qu’on devait changer, nous réformer en profondeur. On n’a pas voulu écouter. On en paye les conséquences. On a raté 2022, 2030, 2038 et on peut déjà faire une croix sur 2046. Si des pays comme l’Allemagne et l’Italie nous ont dépassés au palmarès, c’est entièrement de notre faute. On aurait dû le comprendre ce jour-là. »
Tim Krul et le secret de Louis van Gaal
A priori, Monsieur Krul a tout du parfait retraité néerlandais installé en Dordogne : une ferme 100% éco-responsable, trois vélos fonctionnant à l’énergie solaire et une production foie gras garantie sans gavage. Mais ce que ses voisins et amis ignorent, c’est que cet homme discret a écrit trente ans plus tôt l’une des pages les plus insolites de l’histoire de la Coupe du monde. « Même si j’ai gagné deux Premier League avec Newcastle, je sais que mon nom restera toujours associé à cette séance de tirs au but face au Costa Rica. À l’époque, c’était révolutionnaire, personne n’avait encore un gardien spécifique pour les pénos. On a dit que j’étais un spécialiste de l’exercice. N’importe quoi. J’avais dû en arrêter deux ou trois à tout casser. Van Gaal voulait surtout créer le doute chez les Costariciens. Et je vais vous faire une confidence. Au départ, il avait même pensé mettre un joueur dans les cages. La veille, Robben a enfilé les gants pour une série. Il a même arrêté le tir de Sneijder. Wesley a prétexté qu’Arjen n’était pas sur la ligne et qu’il fallait retirer. Les deux ont commencé à s’engueuler et Wesley a menacé de ne pas jouer le lendemain. Du coup, le coach a préféré renoncer à l’idée. Arjen est venu à la ferme il n’y a pas longtemps et il m’a dit : « Tim, je suis persuadé que si van Gaal m’avait laissé dans les buts, j’aurais fait aussi bien que toi. » J’ai laissé parler. C’est Arjen, vous savez. »
Par Alexandre Pedro