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Trapp, l’arroseur arrosé
Depuis quelques semaines, Kevin Trapp s'enfonce de plus en plus dans son fauteuil de numéro deux derrière Alphonse Areola. Un fauteuil dans lequel il avait poussé Salvatore Sirigu l'année dernière.
« Nous sommes très satisfaits d’Alphonse Areola, car il a dominé la surface, notamment dans ses prises de balle. Bâle a fait beaucoup de centres au deuxième poteau et il était important qu’il les prenne. Si, sur un match, il prend un but sur un tir lointain, ce n’est pas une erreur. Je suis très content de lui. » Les mots d’Unai Emery mardi soir après la victoire in extremis du PSG en Ligue des champions ont dû rassurer le portier français, auteur d’une légère erreur de placement et d’appréciation de la trajectoire. D’ailleurs, cela aurait pu coûter cher aux Parisiens, si Thomas Meunier n’avait pas sorti une grosse reprise en fin de match pour le but de la victoire. Mais si Areola peut se réjouir de la confiance de son coach, son concurrent Kevin Trapp doit y voir un signe clair. Il n’y a plus de doutes, l’Allemand est bien numéro deux dans la hiérarchie. Un comble.
« Il n’y a pas de règle »
Le 8 juillet 2015, le jour de ses vingt-cinq ans, Kevin Trapp s’engage avec le PSG pour un contrat de cinq ans. Venu de l’Eintracht Francfort où il sort de trois grosses saisons, son rôle est de concurrencer Salvatore Sirigu, bien installé à Paris et à qui on reproche de ne pas être décisif dans les moments très importants. En quarts de finale de Ligue des champions, quoi. Finalement, entre deux boulettes ici et là, le beau gosse allemand devient le titulaire indiscutable et réalise une saison plutôt très correcte sous le maillot du PSG. Tout de même un coup dur pour Salvatore Sirigu, obligé de se contenter des coupes nationales, alors qu’il ne semblait pas spécialement inférieur à Trapp. Du coup, le gardien italien, sentant que le vent ne tournerait plus en sa faveur, surtout avec le retour d’Alphonse Areola, est allé voir ailleurs cet été, du côté du FC Séville.
Avec l’arrivée d’Unai Emery, Kevin Trapp change donc de concurrent en la personne d’Alphonse Aerola. Au début de la saison, l’Allemand est conforté dans son rôle de numéro un, puisqu’il dispute les quatre premiers matchs de Ligue 1. Et puis à la mi-septembre, c’est la rupture. En deux temps. D’abord, Alphonse Areola dispute le match contre Arsenal le 13 en Ligue des champions. On pense alors juste à une alternance championnat/C1 comme Marc-André ter Stegen et Claudio Bravo au Barça. Et puis trois jours plus tard, le Français est reconduit pour la raclée 6-0 contre Caen. « Je déciderai en fonction de la performance et de la confiance. Trapp a commencé, et là j’ai fait jouer Areola. Mais j’ai confiance dans ces deux gardiens. Il n’y a pas de règle » , explique Unai Emery, pour qui il n’y aurait pas vraiment de hiérarchie bien définie.
Un rôle de doublure
Balivernes. Depuis, Alphonse Areola n’a pas pas bougé une seule fois du onze de départ du coach espagnol. Une preuve supplémentaire que l’ancien technicien du FC Séville, décrit comme un grand adepte du turn-over à son arrivée à Paris, ne veut, ne peut ou n’ose pas mettre en application ce principe pour l’instant. Pourtant, la raison de cette « mise à l’écart » de Kevin Trapp est difficile à expliquer. Les contre-performances du PSG lors de ses deux dernières titularisations ne peuvent pas lui être imputées (défaite 3-1 à Monaco, nul 1-1 contre Saint-Étienne), n’ayant rien à se reprocher sur les buts encaissés. Aujourd’hui, il semble cantonné au rôle de doublure et c’est loin d’être le rôle pour lequel il a signé en 2015, sachant qu’il souhaitait s’intégrer durablement dans un top club européen, afin de convaincre Joachim Löw en sélection.
Si bien que, selon France Football et Le Parisien, Kevin Trapp réfléchirait à un départ, pourquoi pas dès cet hiver. Ce qui semble tout de même peu probable. En tout cas, outre-Rhin, l’ancien de Francfort a toujours une très belle cote et on ne serait pas contre un retour au pays, au RB Leipzig ou à Wolfsburg. « Trapp était devenu le titulaire au poste au PSG et il avait réussi en Ligue des champions. Il avait réalisé une bonne première année. Et là vient un nouvel entraîneur avec ses idées. Et d’un seul coup, tout change, c’est honteux. Moi, j’avais connu une première saison relativement difficile (à Valence sous Emery, ndlr). Et avec cet entraîneur qui ne comptait pas sur moi, j’ai voulu vite changer de club » , a commenté récemment Timo Hildebrand. S’il suivait ce conseil à peine déguisé, Kevin Trapp partirait par la petite porte. Comme son prédécesseur. L’arroseur arrosé.
Par Kevin Charnay