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Trapp-Areola, la cohabitation de velours
Bis repetita au PSG, un an après le début de la collocation agitée entre Sirigu et Trapp. Avec, cette fois, l'Allemand dans le rôle de la proie, traquée par le nouvel arrivant aux dents longues, Alphonse Areola. Une doublette qui fait pour l'instant preuve de bienveillance, en attendant le choix du nouveau roi, Unai Emery.
« Avec moi, on part de zéro. Chacun aura sa chance. » Unai Emery est formel, il a attrapé le PSG comme un paquet de cartes pour les rebattre, et faire voler en éclats les certitudes nées de l’ère Laurent Blanc. Car le Cévenol se voyait régulièrement reprocher sa rigidité, ses choix figés, son incapacité à remettre en question ses principes. Il l’avait entre autres montré la saison dernière avec sa gestion du poste de gardien, en bloquant Kevin Trapp à la place de numéro 1 sitôt ce dernier arrivé dans la capitale, en ne laissant que les miettes à Sirigu, et encore moins à Douchez. Avantages de la manœuvre, montrer la confiance qu’il accordait à Trapp malgré ses loupés, et donc entretenir une dynamique positive autour de lui.
Inconvénients, ne pas faire jouer la concurrence comme prévu, et créer une ambiance délétère entre les deux gardiens. L’Italien n’avait d’ailleurs pas hésité à s’en plaindre dans L’Équipe, en mai dernier, en faisant le bilan de sa saison : « Quand je rentre de vacances et que je rejoins le groupe, je sais que le club a voulu me mettre dehors. On ne m’a jamais mis dans les conditions réelles de concurrence avec Kevin Trapp. » Kevin Trapp, de son côté, refusait d’alimenter la polémique depuis le début de son aventure parisienne, se contentant de distiller des « Il y a toujours une ambiance particulière, parce que c’est un poste particulier » ici et là. Sauf qu’un an plus tard, c’est à son tour d’être à la place du numéro 1 chahuté, et qui ne sait pas à quelle sauce il va être mangé.
Le mystère de Paris
Depuis le retour au bercail d’Alphonse Areola et la nomination d’Unai Emery, Kevin Trapp est dans le flou. Des médias prêtent au nouveau coach parisien l’intention d’inverser la hiérarchie et de faire passer Areola titulaire, mais Emery n’a pour l’instant livré aucun détail, en s’en tenant à un discours convenu et prévisible : « L’équipe est meilleure quand il y a deux joueurs compétitifs qui se battent. Qui va jouer ? La saison est très longue. C’est possible qu’un gardien se blesse. Je veux deux bons gardiens, après on fera en fonction des événements qui vont venir. » Tout semble donc à refaire pour Trapp, qui a choisi une stratégie différente de celle de Sirigu l’été dernier. Car c’est de notoriété publique, Salva avait accueilli Trapp en tirant une gueule de six mètres de long, et avait imposé des relations tendues dès les stages de pré-saison.
Et même si Sirigu était resté professionnel, en n’effectuant aucune sortie médiatique tapageuse et en répondant présent sur le terrain à chaque match qu’il a eu à jouer, sa mauvaise humeur en interne avait rendu la cohabitation compliquée. Trapp a donc opté pour la politique de la bonne volonté, en se montrant complice avec Areola. Encouragements, rires, joie apparente, les entraînements des deux gardiens parisiens sont devenus une vitrine pour afficher leur union, épaulés par le jeune Rémy Descamps, 20 ans, passé pro en mai et qui joue le rôle de troisième gardien. Car Nicolas Douchez, dont la situation était totalement bloquée, a mis les voiles vers l’échelon inférieur pour aller défendre les cages de Lens la saison prochaine. Ce dossier est donc réglé, reste celui, beaucoup plus épineux, de Salvatore Sirigu.
L’encombrant amant italien
Encore en vacances post-Euro, l’Italien n’était pas en Autriche avec ses coéquipiers pour le premier stage de la saison. S’il est désormais établi qu’il ne terminera pas ses deux dernières années de contrat, Sirigu est en train de devenir un boulet pour le PSG, qui ne trouve personne à qui le vendre. Le cocktail « volonté de jouer la Coupe d’Europe + ambition de jouer numéro1 + prétentions salariales » de Sirigu crée un sac de nœuds inextricable, et son retour dans le groupe s’annonce houleux. Mais en attendant, Trapp et Areola continuent d’afficher leur sourire le plus hollywoodien. « On a hâte de commencer ! En tout cas, ça fait plaisir de rentrer à la maison, après avoir été prêté trois saisons. Je suis très heureux de retrouver mes coéquipiers » , balançait Areola, prouvant qu’après plusieurs années à suivre le chemin que le PSG avait tracé pour lui, il se sentait enfin prêt à s’imposer dans la capitale.
De son côté, Trapp faisait fondre les cœurs avant la finale de l’Euro en se montrant à la fois « corpo » et pas rancunier : « Comme vous nous avez éliminés, je croise les doigts pour vous. Je pense que ce serait top de gagner cette coupe dans votre pays. Je pense que vous allez gagner 3-0 avec un triplé de Blaise. » L’Euro, pas une réussite pour Trapp, non retenu alors qu’il avait joué des matchs de préparation, tandis qu’Areola arrivait dans la réserve des Bleus après avoir été pressenti en gardien numéro 3. Dans le même temps, Sirigu se craquait sur le seul match qu’il jouait face à l’Éire. Mercredi dernier, Trapp et Areola ont joué une mi-temps chacun face à West Bromwich. Match nul donc, mais Trapp a au moins gagné une bataille : après le départ de Douchez, il a demandé à récupérer le numéro 1 sur son maillot.
Par Alexandre Doskov