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« Toutes les femmes, qu’elles soient voilées ou trans, peuvent jouer au foot »

Propos recueillis par Analie Simon
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Anaïs Garcia est à l’initiative du projet « Les Footeuses de M**** », une action qui permet aux femmes de pratiquer le football, qu’elles portent le voile, qu’elles soient trans ou SDF. Elle revient sur les nombreuses péripéties, mais également les réussites de cette aventure, qui s’écrit désormais sous la bannière de l’AS Toulouse-Mirail.

« Les Footeuses de M**** » a vu le jour il y a quatre ans. Pourquoi avoir décidé de monter ce projet ?Plusieurs filles ont avoué qu’elles n’ont pas pu apprendre à jouer au foot quand elles étaient petites. Pour ma part, mon père est un fan inconditionnel, mais il ne m’a jamais appris à jouer. Avec la Coupe du monde féminine en France, de plus en plus de femmes s’intéressent au foot. Je me suis dit qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre, alors pourquoi pas maintenant. Avec plusieurs personnes, nous avons réussi à trouver quelques terrains libres à certains créneaux, puis un coach a bien voulu nous apprendre. La mayonnaise a vite pris, et d’une dizaine, on est passé à une vingtaine, puis une trentaine aujourd’hui.

Nous avons dans l’équipe des femmes voilées, des anciennes sans-abris, des mères célibataires qui vivent au RSA, mais aussi des avocates et des universitaires.

Votre équipe a la particularité d’être composée de profils assez différents…Effectivement. Notre politique s’accentue principalement sur l’accessibilité. Toutes les femmes ou personnes transsexuelles peuvent intégrer l’équipe quels que soient leur niveau, leur condition physique, leur âge, leur pratique religieuse ou leur situation familiale. Nous avons dans l’équipe des femmes voilées, des anciennes sans-abris, des mères célibataires qui vivent au RSA, mais aussi des avocates et des universitaires. Quand nous nous entraînons dans le quartier du Mirail (un quartier populaire à l’ouest de Toulouse, NDLR), nous voyons des mamans jouer au foot avec leurs enfants et nous leur proposons d’intégrer notre équipe.

Discutez-vous entre vous des sujets de société qui touchent certaines joueuses, comme le port du voile ou la transidentité ?Certaines joueuses n’hésitent pas à en parler. La première personne trans qui a intégré l’équipe nous a fait passer des documents pour qu’on puisse comprendre et s’approprier le sujet. Chacune prend le temps d’apprendre, et aucune n’est partie, cela prouve que nous sommes tolérantes envers nous-mêmes.

Le quartier du Mirail a la réputation d’être communautariste, alors qu’avec notre équipe, nous voulons prouver qu’il ne doit pas y avoir de barrières dans le football.

Le fait d’avoir une telle mixité sociale au sein de votre équipe peut-il, selon vous, changer le regard des gens ?Tout à fait. Le fait d’avoir une équipe féminine dans le quartier est déjà un grand pas en avant. Ça fait bouger les mentalités, notamment auprès des plus jeunes. Le samedi matin lors de l’entraînement, beaucoup d’enfants viennent nous voir pour demander si leurs mamans peuvent venir jouer avec nous, même si elles portent le voile. Le quartier a la réputation d’être communautariste, alors qu’avec notre équipe, nous voulons prouver qu’il ne doit pas y avoir de barrières dans le football.

On nous a informé que tous les terrains municipaux étaient réservés en priorité aux clubs de foot de la FFF et que nous n’obtiendrions jamais de réservation sur un terrain municipal, quelles que soient la portée et l’importance sociale de notre projet.

Ce projet a pourtant connu quelques péripéties…Au départ, tout se passait bien. On se cotisait pour acheter du matériel, certains clubs nous ont approchées afin d’avoir une équipe féminine, ce qui leur offrait certains avantages. Mais leurs conditions ne nous convenaient pas. Notre but n’est pas de payer 150 euros de licence par saison, car beaucoup d’entre nous n’ont pas les moyens. Mais on s’est vite rendu compte que les clubs nous donnaient des créneaux et des terrains pourris que les garçons ne voulaient pas. Quand on s’entraînait le soir, on a dû négocier avec le gardien du stade pour qu’il nous laisse l’éclairage. On s’est rendu compte qu’il y avait un chantage pas possible. Le service des sports nous a indiqué qu’il fallait nous constituer en association pour pouvoir réserver un terrain municipal. Nous avons fondé l’association « Les Footeuses de M » et nous sommes retournées les voir. On nous a alors informées que tous les terrains municipaux étaient réservés en priorité aux clubs de foot de la FFF et que nous n’obtiendrions jamais de réservation sur un terrain municipal, quelles que soient la portée et l’importance sociale de notre projet.

Malgré ces nombreuses difficultés, comment avez-vous réussi à trouver une solution ?Notre but est de faire comprendre aux clubs qu’il ne doit pas y avoir de discrimination envers certaines personnes à cause de leur âge, de leur religion ou de leur identité sexuelle. C’est quelque chose qu’on voit assez fréquemment dans le football, et je pense que notre diversité fait la force de notre groupe. Il y a beaucoup de bienveillance. On veut se faire du bien et faire du bien aux autres. Ces points-là, l’AS Toulouse-Mirail et son président Jamal Benyahya l’ont parfaitement compris et nous ont accueillies à bras ouverts. Ils nous ont acheté du matériel et nous ont parfaitement intégrées.

Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de problématiques comme le port du voile ou la transidentité qui n’étaient pas mises en avant, et nous avons décidé de nous y intéresser.

Votre association « Les Footeuse de M**** » est un combat politique féministe improvisé. Pourquoi avoir choisi ce slogan ?On n’avait pas du tout envisagé que le projet allait prendre une telle ampleur. À la base, on voulait juste jouer au foot et s’amuser. Mais on a eu tellement de retours et d’encouragements, nous nous sommes battues auprès du service des sports de la mairie et des clubs. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de problématiques comme le port du voile ou la transidentité qui n’étaient pas mises en avant et nous avons décidé de nous y intéresser. Notre but est de casser les codes pour montrer que, même à 30 ans passés, on peut jouer au foot et s’amuser.

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Propos recueillis par Analie Simon

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