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« Toutes les équipes de la Copa América ont essayé de proposer du jeu »
Il a joué avec Maradona, perdu une finale de Coupe du monde, connu la Bombonera, la Beaujoire, mais aussi le Roudourou… Nestor Fabbri, devenu aujourd’hui agent de joueurs en Argentine, est un homme de grand écart, qui se farcit la Copa América et l’Euro, une compétition animée par un Payet qu’il a connu très jeune du temps où il jouait au FC Nantes.
Quelle compétition est la plus plaisante à suivre selon vous. La Copa América ou l’Euro ?La Copa América. Les matchs de l’Euro sont très monotones, j’espère que les équipes vont s’animer avec les matchs à élimination directe. Ce n’est pas de la faute des joueurs si, dans l’ensemble, l’Euro n’est pas très spectaculaire. La majorité des joueurs manquent de fraîcheur. On sent qu’ils ont 70 matchs dans les pattes. Les joueurs semblent usés. À l’avenir, il va falloir trouver des solutions, notamment au niveau du calendrier, pour que l’Euro redevienne attractif.
La Copa América est plus relevée que l’Euro ?Il n’y a pas une grande différence de niveau entre ces deux grandes compétitions. En Europe, le football est moins dynamique. Généralement, les scénarios des matchs se ressemblent tous : une équipe a la possession de la balle, et son adversaire l’attend pour mieux contre-attaquer. Au contraire, les équipes participant à la Copa América essaient toutes de proposer du jeu, d’avoir l’initiative.
Le Chili a mis 7 buts au Mexique en quarts de finale de la Copa América. Vous pensez que c’est une situation qui pourrait se produire à l’Euro ?Non. L’Allemagne en a mis 7 au Brésil lors de la dernière Coupe du monde, mais c’est quelque chose d’exceptionnel, même si l’Argentine a mis six buts au Paraguay lors de la dernière édition de la Copa. En Amérique, ce genre de catastrophes arrive, car les équipes qui prennent un but essaient de réagir en se découvrant en défense. Elles perdent la boussole à vouloir remonter au score et au final, elles quittent la compétition avec une valise. En Europe, ce genre de choses n’arrive pas. Le football européen est plus cynique. Regardez l’Albanie ou l’Islande : personne ne leur a mis de raclée.
Beaucoup de spécialistes affirmait que le Mexique était un candidat potentiel au titre…Personnellement, je n’ai jamais pensé qu’ils pourraient aller au bout. En tant qu’Argentin, j’aurais préféré que ce soit le Mexique qui passe plutôt que le Chili. Le football mexicain n’a toujours pas appris à gérer un match. Ils pratiquent un joli football, mais c’est trop candide : ils ne savent pas revenir au score. Ils doivent encore faire des progrès pour que les adversaires aient peur d’eux.
Quelle équipe vous plaît le plus entre toutes celles que vous avez vues à l’Euro ou en Copa América ?L’Argentine est plaisante à regarder, et je dois dire que le Chili est une équipe qui force le respect. Ils ont des bons joueurs et ça fait des années qu’ils jouent bien. À l’Euro, la France, l’Allemagne et l’Espagne sont les équipes qui m’ont le plus convaincu pour le moment.
Est-ce que la France est à nouveau une puissance mondiale selon vous ?Oui. Elle a retrouvé un certain équilibre. Les Bleus disposent aussi d’une très belle génération avec Griezmann, Giroud ou Payet, que j’ai connu à Nantes alors qu’il n’avait que 16 ans.
Vous pensiez à l’époque qu’il deviendrait l’actuel héros du football français ?Oui. À l’époque, Nantes était dans une mauvaise passe, et Toulalan et lui étaient les seuls capables de faire des choses intéressantes. Payet a fait une bonne saison à West Ham, et désormais, je pense qu’il est prêt à jouer pour une grande équipe. À ses débuts, c’était un ailier qui faisait des allers-retours sur le terrain et il lui arrivait parfois de livrer des prestations insipides. Depuis qu’il s’est éloigné de la ligne, il est devenu plus joueur, plus complet. Avec lui, la France est candidate au titre.
Comme l’Espagne ou l’Allemagne ?Ce sont deux équipes qui ne sont pas dans la plénitude de leur forme (entretien réalisé avant le match Allemagne-Slovaquie, ndlr). Si l’Euro s’était joué à un autre moment de la saison, je pense que la France n’aurait eu aucune chance de le remporter. Les Espagnols et les Allemands ont l’air fatigués, et la France peut en profiter.
L’Argentine est dans l’obligation de gagner la finale contre le Chili ?Avec les joueurs qu’on a, on devrait toujours être obligés de gagner. Ces dernières années, on a raté des titres sur des détails. Les grandes équipes font attention aux détails, d’ailleurs ce sont toujours celles qui y accordent le plus d’importance qui remportent des titres. Évidemment, il faut aussi avoir la chance de son côté. Mais ça, c’est autre chose.
Vous avez joué avec Maradona et aujourd’hui, vous êtes l’un des plus grands fans de Messi. Vous en avez vu d’autres de leur niveau ?Ils sont différents, mais les deux ont marqué l’histoire du football argentin. Une chose est sûre : il faut se réjouir que notre football ait pu accoucher des deux meilleurs joueurs de l’histoire du football en l’espace de 40 ans.
Propos recueillis par Aquiles Furlone